MEETING DU CFOP : « Le MPP gère mal le pays», dixit Zéphirin Diabré
C’est fait. Le Chef de file de l’Opposition politique burkinabè (CFOP) a, le 29 avril 2017, tenu son meeting, à la Maison du peuple de Ouagadougou. Devant des milliers de militants et sympathisants, le message du porte-parole de l’Opposition était clair : « Le pays va mal » et il faudra y remédier.
Le 29 avril dernier, ce fut à 15h, heure locale, que le Chef de file de l’Opposition politique (CFOP) appela au rassemblement à la Maison du Peuple de Ouagadougou. Dès 14h 30, l’édifice avec ses 2 000 places assises était « plein comme un œuf », pour paraphraser le comité d’organisation du meeting. Les militants qui n’ont pas pu avoir accès à la salle se comptaient par centaines. Malgré le soleil ardent en ces temps de canicule, ils avaient décidé de ne pas se laisser conter l’évènement. Tous attendaient impatiemment de découvrir le contenu de la « plate-forme de combat » de l’opposition et le message du Chef de file, Zéphirin Diabré. Certains militants de partis se distinguaient par leurs tee-shirts. L’ambiance dans la salle, rappelait celle qui prévalait en 2014, au temps fort des “meetings et contre meetings” du CFOP et de la majorité d’alors. Le cri d’alerte “Heyiii…” autre fois adressé au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et ses alliés, est maintenant aussi scandé par les militants du CDP, à l’endroit du MPP et ses alliés. On pouvait donc entendre de temps à autre, « Roch Marc Christian Kaboré Heyiii… », « Salifou Diallo Heyiiii… » ou encore « Simon Compaoré Heyiii… ». C’est dans une telle ambiance que les leaders des partis membres du CFOP ont fait leur entrée sous une ovation bien nourrie, autour de 15h 20. En effet, comme un seul homme, les milliers de personnes réunies se mirent debout pour les accueillir. Trois minutes plus tard, c’est Zéphirin Diabré qui est annoncé. Tonnerre d’applaudissements, cris et sons de vuvuzuela s’entremêlèrent pendant que l’homme avançait sur le podium, vêtu d’un boubou aux effigies du logo de son parti, l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Mais avant de rejoindre son siège, il fit sa “revue de troupes” en prenant soin de serrer la main de chacun des leaders des partis politiques et des élus nationaux et locaux installés face au podium, dans la loge des officiels. Et ce n’est pas tout. Accompagné des leaders des autres partis membres du CFOP, Zéphirin Diabré est allé également passer son bonsoir à ceux qui ont fait le déplacement de la Maison du peuple mais qui, malheureusement, n’ont pas pu y accéder, faute de places. Dans la cour de la Maison du peuple, le Chef de file de l’Opposition a donc pris un bain de foule avant de revenir dans la salle, 3 minutes plus tard. Il resta debout tout près de son siège placé un peu en avant des deux rangées de chaises où étaient assis les autres leaders de partis. Tout le monde se mit debout avec lui pour chanter l’hymne national. La cérémonie proprement dite pouvait alors commencer, et c’est Léonce Koné du CDP qui a été le premier à rejoindre le parloir pour commencer à dévoiler le contenu de la plate-forme de revendication de l’opposition (voir encadré). Il fit donc part des requêtes de l’opposition en ce qui concerne le volet gouvernance locale et juridique.
« Nos amis d’en face ont peur »
S’en sont suivies les interventions de Mamadou Kabré du PRIT/LANAYA, Adama Sosso de l’UPC, Marie Rose Sawadogo de l’ADF/RDA, Franck Sankara du PUC et Jean Hubert Bazié de l’ESPOIR. Une heure plus tard, soit à 17h, c’était au Chef de file de l’Opposition de prendre le micro pour délivrer son message au 1er meeting de l’opposition depuis que le MPP est au pouvoir, soit un peu plus d’une année après. Une année au cours de laquelle l’opposition, selon Zèph, a d’ailleurs donné de la voix à plusieurs reprises et de plusieurs manières. Le meeting, de son avis, est bel et bien opportun, car l’opposition est dans son rôle. Il a trouvé donc curieux que le MPP ait posé le débat sur l’opportunité de la tenue du meeting. « Nos amis d’en face ont peur. Sinon, qu’est-ce qu’il y a de particulier dans le Burkina d’aujourd’hui pour expliquer qu’une opposition politique ne puisse pas tenir un meeting alors que le MPP, lui, en tient déjà ? », s’est-il demandé avant de faire un clin d’œil aux OSC qui se sont également prononcées sur l’opportunité du meeting. “Il y a OSC et OSC”, a-t-il dit à ce propos. A l’entendre, il y en a qui sont sérieuses, mais les autres sont des “pseudos OSC” qui, après avoir navigué au sein de la Transition, ont atterri dans les bras du MPP. « L’annonce de notre meeting leur a donné l’occasion de sortir de leur sommeil et d’affirmer que tout va bien au Burkina », a fait remarquer le Chef de file de l’Opposition. Loin s’en faut, le MPP, selon le CFOP, “gère mal le pays”. “Nous sommes là parce que le MPP a trahi l’idéal pour lequel nous avons, en son temps, parcouru et re-parcouru les artères de Ouagadougou et des autres villes, ici, de la place de la Révolution à la place de la Révolution et là, d’un endroit au même endroit”, a martelé Zéphirin Diabré. La désillusion, a-t-il indiqué, est totale et le découragement sans pareil car, « le vrai changement pour lequel nos martyrs sont morts, a été oublié par le MPP ». Il a donc invité le MPP à voir les choses en face au lieu de s’adonner aux “injures” et à “l’hystérie”. Mais qu’à cela ne tienne, l’opposition, a poursuivi le CFOP, ne se laissera ni intimider, ni attendrir, ni divertir. “Ils n’auront jamais en face d’eux une opposition “bissongo” ou une opposition qui dort pendant qu’eux, leurs courtisans et leurs copains du monde des affaires, mettent le Burkina à genoux et se distribuent nos milliards”, foi de Zèph. D’ailleurs, selon lui, il faudra que d’ores et déjà, le MPP dise au peuple où sont passés les 18 000 milliards de F CFA annoncés à grand renfort de publicité. A la suite du président de l’AN, Salifou Diallo, Zèph dira que « Si le Premier ministre revient l’an prochain pour son discours sur l’état de la Nation et ne nous dit pas où sont rentrés les 18 000 milliards de F CFA de Paris, non seulement l’hémicycle sera étroit pour lui, mais la ville de Ouagadougou sera étroite pour tout son gouvernement ». Mais en attendant, de l’avis du CFOP, « Nous sommes en danger ». « Les terroristes sont en train de nous terroriser, la corruption est repartie de plus belle dans notre pays car les opérateurs économiques qui ont financé la campagne du MPP, sont en train de se faire rembourser sur le dos du peuple », a révélé le chef de file de l’opposition. Et d’ajouter que ce qui fait le plus mal, c’est le chômage des jeunes et la misère de nos femmes. « Aussi, pour lui, on nous a promis la gratuité des soins, on a eu deux comprimés de paracétamol et dans nos villes il y a des familles qui ne peuvent pas aligner deux repas par jour. « Et on ose nous dire que Burkina Faso is Back! Non, c’est la famine qui is back », s’est indigné le CFOP. Parlant de la réconciliation nationale, pour le CFOP, elle ne saurait avoir lieu en enjambant les cadavres des martyrs, mais doit être plutôt basée sur le tryptique vérité, justice et réconciliation. Pour le CFOP, il faudra donc savoir qui a fait quoi, quand et où ? Il s’agira, bien sûr, à entendre Zèph, « de tous les “qui”, tous les “quoi”, tous les “quand” et tous les “où” ».
« Les dirigeants du MPP parlent mal du CDP mais passent par des parents pour établir le contact avec Blaise Compaoré »
« Si nous sommes d’accord pour soulever le couvercle de la marmite, alors soyons d’accord pour aller au fond de la marmite », a-t-il soutenu. Car, l’on ne saurait « attraper des voleurs de grande taille et laisser les voleurs hommes courts, ni attraper les voleurs de teint clair et laisser les criminels de teint noir ». En outre, le CFOP a relevé que les dirigeants du MPP parlent mal du CDP mais passent par des émissaires, amis ou parents pour établir le contact avec Blaise Compaoré. « Quand on insulte un parti, on ne cherche pas à joindre son père fondateur », a estimé Zèph à ce propos. Et de conclure en insistant, que le gouvernement actuel a échoué. En tant que tel, il doit, selon le CFOP, être sanctionné. « Je prends l’engagement donc de soumettre à l’assemblée des chefs de partis politiques de l’opposition, l’idée d’une motion de censure contre le gouvernement Paul Kaba Thiéba », a promis Zèph. Tout en disant au revoir aux milliers de personnes qui ont pris part au meeting, le chef de file de l’opposition les a invités à garder ceci à l’esprit : « Aujourd’hui c’est la Maison du Peuple, demain ce sera ailleurs. Forcément, Forcément ! »
Adama SIGUE et Issa SIGUIRE
Des militants s’expriment
Saidou Ouédraogo, militant ADF-RDA
« Depuis l’accession du MPP au pouvoir, les jeunes rencontrent beaucoup de difficultés pour avoir un emploi »
« L’opposition est le lieu de l’expression plurielle de tout ce que nous voyons. L’opposition est une 2e voie où nous pouvons exprimer aisément les besoins et les préoccupations du peuple. Elle se sent bien dans l’opposition et va participer à l’opposition. L’ADF-RDA fera entendre sa voix. Elle sera le porte-parole de cette population. Nous constatons qu’après l’insurrection populaire, depuis l’accession du MPP au pouvoir, les jeunes rencontrent beaucoup de difficultés pour avoir un emploi. Au niveau de l’université, les étudiants sont dans la souffrance. Les amphithéâtres sont bondés d’étudiants et certains sont obligés de se lever à 3h du matin pour espérer avoir une place dans un amphithéâtre. La femme qui fait démarrer et faire progresser la société est oubliée. Nous constatons que l’électricité et l’eau potable posent problème au Burkinabè. Nous constatons que la pauvreté rime avec le quotidien des Burkinabè. Il est vrai que nous étions au niveau de la majorité, mais nous avons toujours porté notre voix par rapport à un certain nombre de points. A un moment donné, l’ADF-RDA avait quitté le gouvernement parce que nous n’étions pas d’accord avec un certain nombre de choses. Par rapport à la tentative de révision de l’article 37 de la Constitution burkinabè, l’histoire retient ce qui s’est passé. Nous assumons notre part de responsabilité. Pour nous, le passé c’est le passé. Le passé permet d’expliquer le présent et de prévoir le futur. »
Salif Gueswindé Belemlilga, militant UPC dans l’arrondissement 10 de Ouagadougou
« Il faut faire de la politique potable »
« La mobilisation est un succès. Ce que nous avons comme résultat, est au-delà des attentes. L’opposition politique, après une année d’observation, a jugé bon de définir des directives que le pouvoir doit suivre pour mener le Burkina Faso à des lendemains meilleurs. C’est en quelque sorte comme un tableau de bord que l’opposition a décrit et consigné dans un document. D’abord, la mise en place du gouvernement au lendemain des élections s’est faite dans un tâtonnement, dans un attentisme béant. Ce tâtonnement qui avait été dénoncé dès le départ, s’est poursuivi et le pouvoir en place a nié et même vilipendé l’opposition politique. Par rapport à nos activités avec le CDP, je dois dire qu’il faut qu’on rappelle à chaque Burkinabè que la politique n’est pas la guerre. Personne n’a amené personne dans l’opposition. C’est un concours de circonstances. Nous avons passé un concours où il y a des admis et des gens qui ont été recalés. On est arrivé à un moment de notre histoire politique où des gens tiennent un langage de bois. Il est temps qu’on quitte cette façon de faire la politique. Il faut faire de la politique potable. Notre message est que le MPP ait une oreille attentive aux critiques de l’opposition. Il faut que le MPP se départisse des mauvaises pratiques politiciennes. Cela sera à l’honneur du MPP et ira bien pour la gouvernance politique de notre pays. »
Alpha Yago, CDP
« Ce meeting était une occasion pour nous d’apprendre »
« Dans l’ensemble, tout s’est bien passé. Après une année d’exercice du nouveau pouvoir, il était temps de faire le point au niveau de l’opposition, d’examiner de manière minutieuse les insuffisances que nous avons pu observer. Quand on dit qu’on est la réponse à un certain nombre de problèmes, quand on prend un certain nombre d’engagements, il faut les tenir une fois au pouvoir. Tout acteur politique est amené, dans l’évolution de sa carrière, à être des deux côtés de la barrière. Nous avons été quelque temps dans l’opposition. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans la majorité, c’est la nature de toute démocratie. Pour ce qui nous concerne, c’est un apprentissage, c’est un exercice nouveau et nous trouvons que ce meeting était l’occasion pour nous d’apprendre auprès de ceux qui étaient dans l’opposition avant nous, notamment auprès du comité d’organisation qui a été mis en place, d’apprendre à nous connaître, d’échanger les méthodes de travail, de partager nos expériences. C’était l’occasion de rapprocher les points de vue pour être plus efficaces pour les prochaines activités de l’opposition politique. Un homme politique, pour être complet, doit connaître les deux aspects de la vie politique. Nous avons commencé par connaître le pouvoir, aujourd’hui nous sommes dans l’opposition, nous pensons que c’est le cours normal d’un homme politique. Il faut simplement avoir des convictions fermes, avoir une vision et se battre, avoir le courage de poursuivre le combat pour que nos idées puissent être majoritaires au sein de l’opinion et qu’on soit en phase avec les attentes et aspirations réelles du peuple. »
Victorien Tougma, président du Mouvement africain des peuples (MAP)
« Le chef de l’Etat doit avoir toute la lucidité de dire que ce n’est pas le moment de la politique, mais le moment d’unir tous les Burkinabè »
« Nous sommes heureux de constater que les Burkinabè, femmes, jeunes, ont compris qu’il ne faut pas se laisser intimider par un pouvoir qui est plus ou moins aux abois, qui ne comprend pas qu’en démocratie, il faut avoir une opposition. Avoir une opposition forte en démocratie est une chance pour un pouvoir. Le chef de l’Etat doit avoir toute la lucidité de dire que ce n’est pas le moment de la politique, mais le moment d’unir tous les Burkinabè pour aller vers quelque chose d’important. Ils ont géré le pouvoir avec Blaise Compaoré pendant qu’il était là. Maintenant qu’il est parti, il faut qu’ils aient la lucidité de dire comment ils corrigent toutes ces erreurs de sorte que l’avenir soit meilleur pour tous les Burkinabè. Mais cela ne peut se faire que dans le respect, dans l’écoute de l’opposition et même si ce processus est engagé, pourquoi pas le rassemblement de tout le monde pour aller à un Burkina meilleur ? »
L’Opposition politique invite le Président du Faso à engager une concertation avec les partis politiques
Au cours de son meeting tenu le 29 avril 2017 à la Maison du Peuple de Ouagadougou, l’Opposition politique a présenté sa plateforme de 200 points. Elle est structurée en 5 grands chapitres. Il s’agit de la gouvernance politique et juridique, de la gouvernance administrative et locale, de la gouvernance économique et du développement, de la gouvernance sociale, de la gouvernance diplomatique et l’intégration régionale. Nous vous proposons le chapitre de la gouvernance politique et juridique.
Dans le domaine de la gouvernance politique et juridique
1.1. Au sujet de La gouvernance politique et la consolidation de l’Etat de droit
L’Opposition politique invite le Président du Faso à faire respecter effectivement cette séparation des pouvoirs.
Du point de vue de l’Opposition, l’Assemblée nationale doit davantage jouer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale en mettant à profit les moyens d’enquête à sa disposition de manière objective, non ciblée et non discriminatoire.
Quant au pouvoir judiciaire, l’Opposition attend de lui qu’il assume pleinement sa mission de dire et faire respecter le droit en toute impartialité.
1.2. Au sujet de la Constitution
L’Opposition politique invite le Président du Faso à :
1) engager une concertation avec les partis politiques et toutes les parties prenantes, sur la question du moment le plus opportun pour opérer ce passage à la Ve République ; et que de ces consultations se dégage un calendrier consensuel ;
2) clarifier une fois pour toute sa position personnelle sur les questions controversées de l’indépendance de la Justice et de l’équilibre des pouvoirs.
1.3. Au sujet des libertés fondamentales
L’Opposition invite le Président du Faso à :
1) respecter scrupuleusement son serment de protéger et garantir les libertés fondamentales, notamment celles d’opinion et d’association ;
2) se porter garant du respect strict des libertés politiques et syndicales ;
3) se porter garant de la liberté de la presse et faire évoluer les législations dans le sens de leur renforcement et de leur protection ;
4) instruire le gouvernement pour qu’il apure définitivement ses arriérés de paiement vis-à-vis de la presse ;
5) instruire le gouvernement pour qu’il mette fin au harcèlement fiscal à l’encontre de la presse ;
6) instruire le gouvernement pour qu’il procède à une répartition plus équitable de la publicité d’Etat parmi les organes de presse.
1.4. Au sujet des consultations électorales
L’Opposition politique invite le Président du Faso à :
1) engager rapidement la procédure de relecture du code électoral ;
2) prendre en compte les propositions de l’Opposition relatives à la CENI traitant de l’échelonnement du renouvellement des membres, du fonctionnement des démembrements à l’étranger, des procédures de décaissement et du caractère non public des sessions et décisions, telles que transmises au ministre en charge de l’administration du territoire ;
3) prendre en compte les propositions de l’Opposition relatives aux listes et campagnes électorales, déjà transmises au ministre en charge de l’Administration du territoire, et traitant de la limitation des pièces servant à l’inscription, de la majorité électorale, des sanctions en cas de non-respect de la période de campagne, du plafonnement des dépenses de campagne, du contrôle du financement privé des campagnes électorales, de la publicité électorale, des heures de tenue du scrutin, de la simplification administrative des PV, de la déclaration de candidature à l’élection présidentielle, de la caution pour l’élection présidentielle, du contentieux électoral ;
4) mettre fin à toute forme d’exclusion ou d’ostracisme politique, notamment en abrogeant les dispositions du Code électoral excluant certains responsables politiques en dehors d’une décision de Justice ;
5) mettre en place une véritable administration électorale dotée de moyens suffisants ;
6) traduire devant les juridictions concernées, les auteurs de violences lors des élections conformément à la loi ;
7) procéder à la relecture de la loi sur les partis politiques ;
8) procéder à la relecture de la loi portant création du Chef de file de l’opposition ;
9) garantir un accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat ;
10) prendre des mesures législatives pour plafonner les budgets de campagne ;
11) rendre effective l’interdiction des gadgets durant les consultations électorales ;
12) veiller à l’application de la loi interdisant l’utilisation des moyens de l’Etat aux fins de campagne électorale ;
13) modifier la loi sur le quota genre en instituant des primes spéciales aux partis respectant le quota, mais en supprimant les sanctions prévues pour ceux qui ne les respecteraient pas ;
14) envisager le vote électronique ;
15) supprimer la liste nationale et conserver la province comme circonscription électorale pour les élections législatives ;
16) mettre en place un cadre permanent d’évaluation et de réflexion en vue de l’amélioration des processus électoraux.
1.5. Au sujet de la réconciliation nationale
L’Opposition politique invite le Président du Faso à :
1) mettre rapidement en place un mécanisme consensuel d’opérationnalisation de la réconciliation nationale selon le triptyque vérité- justice- réconciliation ;
2) examiner la question du volet réparation indiscriminée pour les victimes des violences politiques ;
3) mener une campagne de lutte contre les discriminations et les exclusions ;
4) œuvrer de manière constante au raffermissement du dialogue interreligieux et du dialogue interethnique ;
5) perpétuer et valoriser la mémoire collective du peuple burkinabè.
1.6. Au sujet de la justice et les droits humains
L’Opposition politique invite le Président du Faso à :
1) veiller au respect du principe de l’indépendance de la Justice tel que prescrit par la Constitution et la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen ;
2) proscrire les juridictions d’exception à caractère pénal ;
3) proscrire les juridictions d’exception où l’initiative des poursuites est détenue par le pouvoir politique ;
4) proscrire les juridictions d’exception qui n’appliquent pas le principe du double degré de juridiction ;
5) rechercher impérativement la vérité autour de tous les crimes politiques et de sang, sans distinction aucune, qui ont émaillé notre histoire politique, et juger et sanctionner les auteurs et commanditaires de ces crimes ;
6) donner un traitement diligent, sur la base du principe de l’égalité de tous les citoyens devant la loi, aux dossiers judiciaires pendants, liés à des infractions financières, à des coups et blessures, à des homicides, à des dégradations de biens publics et privés, commis dans un contexte politique ;
7) accélérer le traitement judiciaire de la question des martyrs et des blessés de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat du 16 septembre 2015
8) accorder l’assistance appropriée aux familles des martyrs et aux blessés de l’Insurrection et du coup d’Etat du 16 septembre 2016 ;
9) situer les responsabilités au sein de la chaîne de commandement et d’exécution des Forces de défense et de sécurité, relativement à la répression des manifestants lors de l’Insurrection populaire et du coup d’Etat de septembre 2015.
10) donner une suite judiciaire aux différents audits et rapports sur la gestion des ministères, des institutions, des projets, etc. et pour tous les crimes économiques en général ;
11) réaliser et publier des audits sur les opérations de lotissement et poursuivre en Justice les auteurs d’infractions dans le domaine du foncier ;
12) mettre un terme à l’instrumentalisation de la Justice à des fins politiques;
13) doter toutes les provinces de TGI ;
14) doter le système judiciaire de moyens suffisants et en faire une déconcentration judicieuse pour qu’il soit plus proche des justiciables, conformément à l’esprit des résolutions des états généraux sur la Justice, tenus en 2015 ;
16) faire cesser toutes les formes de tortures dans les Maisons d’arrêt, les commissariats, les gendarmeries et autres structures des forces de sécurité.
- 7. Au sujet de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme
L’Opposition politique invite le Président du Faso à :
1) donner le signal fort d’un leadership affirmé pour s’attaquer au péril terroriste, en menant une politique susceptible de mobiliser et galvaniser le peuple, l’armée et toute la jeunesse ;
2) organiser une concertation nationale très large sur la question de la lutte contre le terrorisme ;
3) organiser les Etats généraux de la défense et de la sécurité ;
4) engager résolument la réorganisation des Forces de défense et de sécurité et doter toute la chaîne de commandement de responsables intègres, crédibles et compétents ;
5) mobiliser trois régiments au nord et créer une troisième région aérienne à Ouahigouya ;
6) doter les Forces de défense et de sécurité de moyens conséquents (formation et logistique) ;
7) prendre des mesures adéquates d’incitation et de motivation des unités militaires et autres membres des Forces de défense et de sécurité engagés dans la lutte contre le terrorisme ;
8) développer des moyens de renseignements militaires ;
9) récupérer toutes les emprises militaires y compris les terrains de manœuvres et les champs de tirs ;
10) mettre aux normes le maillage du pays en gendarmeries et commissariats ;
11) assurer la protection de tous les agents de l’Etat exerçant dans les zones sensibles ;
12) élaborer un plan stratégique d’équipement des zones sensibles (services sociaux de base, désenclavement, téléphonie…) ;
13) mettre au point une stratégie de communication appropriée et rassurante.
Source : Dossier de presse
Nignan
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Par réflexe de prudence et de clairvoyance, il convient de se poser des questions sur les vraies motivations du CFOP à demander une censure du gouvernement THIEBA. Car, le premier ministre n’est qu’un fusible du gouvernement qui peut sauter à tout moment. Dans la situation actuelle de difficultés au Burkina, ce n’est pas le premier ministre qui peut décrisper les choses. L’opposition ne doit pas se tromper de cible et de combat pour mener des actions qui profitent à un clan du pouvoir. Le clan qui ne voulait pas de Paul Kaba THIEBA comme premier ministre. Après avoir tenté de l’éjecter difficilement, il ne faudrait pas que cette tache soit confiée discrètement à l’opposition par ce clan machiavélique, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes camouflées. En lieu et place d’une motion de censure contre THIEBA à l’Assemblée nationale, pourquoi l’opposition n’agit-elle pas plutôt pour la levée d’une certaine immunité d’un parlementaire dont tout le monde parle, afin que la paix soit définitivement instaurée au Faso ? Vous laissez le vrai problème pour vous attaquer à THIEBA qui n’y est pour rien et qui se cherche lui-même dans le système. Des partis de l’opposition membres du CFOP ont –ils été instrumentalisés par le clan anti THIEBA pour mener un combat déguisé ? Le Chef de file de l’opposition a-t-il pensé à cette hypothèse d’une possible manipulation de certains petits partis du CFOP pour imposer cette démarche de règlements de comptes ?
2 mai 2017