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MESURES D’ACCOMPAGNEMENT ANNONCEES PAR LE PRESIDENT DU FASO


Le président de la SEP réagit au discours du chef de l’Etat, au cours duquel il a annoncé des mesures d’accompagnement en vue de minimiser l’impact socioéconomique des mesures préventives prises pour lutter contre le coronavirus au Burkina. En ce qui concerne la presse, la SEP souhaite avoir plus de précisions sur une des mesures annoncées. Lisez !

« Après sa sortie du 20 mars où il fallait prendre des décisions d’urgence, le Président du Faso a été interpellé par plusieurs acteurs sur l’impératif d’édicter des mesures d’accompagnement de ces décisions. Au regard du contexte socioéconomique du Burkina, il apparaissait surréaliste d’espérer faire respecter les mesures- barrières à la propagation du coronavirus sans un accompagnement minimal des populations dont la majorité vit au jour le jour. Comme l’a dit quelqu’un, si rien n’est fait, les populations préféreront mourir du coronavirus que de s’enfermer chez elles et mourir de faim.
A cela s’ajoutent les conséquences des mesures de restriction sur plusieurs secteurs de l’économie nationale. Le Président n’avait donc d’autre choix que de proposer des solutions. D’autant plus qu’autour de nous, presque tous ses pairs dont les pays ont moins de cas que le sien, ont annoncé d’importantes mesures sociales et d’accompagnement des acteurs économiques. Je dirais même que c’est la saison des grandes annonces. Comme ses pairs africains et du monde, le Président du Faso a fait des annonces évaluées à environ 394 milliards de F CFA dont 150 milliards pour soutenir la relance de l’économie. S’agissant des mesures sociales, l’on peut citer, entre autres, l’accès à l’eau et à l’électricité à travers la gratuité pour certaines tranches et la réduction pour d’autres ; la distribution de vivres à certaines couches sociales notamment les plus vulnérables du secteur informel qui subissent les conséquences des fermetures des marchés et yaars, de la suspension des transports en communs, etc. Globalement, le président a annoncé une batterie de mesures d’accompagnement des différents acteurs affectés par la crise sanitaire. Cependant, comme on dit chez nous, c’est bon mais ce n’est pas arrivé. Certaines catégories socioprofessionnelles risquent d’être les grands oubliés dans cette crise sanitaire. Il s’agit de la grande majorité des acteurs du système D qui se débrouillent au quotidien à travers de petits boulots, parfois de nuit, mais sont contraints de rester à la maison du fait du couvre-feu ; des travailleurs toutes catégories confondues des lieux de loisirs payés selon les recettes du jour et qui se retrouvent de fait au chômage technique ; tous ceux qui font des prestations d’intermédiaires dans ces lieux, autour des marchés et yaars, des administrations, des établissements scolaires et universitaires, etc. Pour ce qui concerne les médias, deux mesures ont été annoncées : l’utilisation de la subvention de l’Etat à la presse privée au titre de l’année 2020 et des crédits disponibles au titre du Fonds d’appui à la presse privée pour accompagner le secteur ; la réduction de 50% au titre de l’année 2020, du paiement de la redevance TNT pour les télévisions et des redevances ARCEP pour les organes de presse de radiodiffusion. Si la seconde mesure est plus ou moins précise et concerne une partie des entreprises de presse (à savoir les télévisions et dans une certaine mesure les radios), il reste que la première est confuse et nécessite plus de précisions.  C’est pourquoi les organisations professionnelles des médias doivent, en urgence, prendre langue avec le ministère de tutelle pour avancer sur des propositions concrètes d’opérationnalisation de cette mesure d’accompagnement. Et c’est très urgent. Car, les entreprises de presse (surtout la presse écrite) font partie de celles qui sont les plus menacées par la situation. Dans le même temps, elles font partie de celles qui ont une grande responsabilité dans la lutte contre la pandémie. Il y a donc urgence à agir pour éviter que la grande majorité ne mette la clef sous le paillasson et de perdre des acteurs importants dans la chaîne de lutte contre la maladie. Enfin, l’on ne peut s’empêcher de noter que le Président a raté une occasion de prendre des mesures politiques fortes en suspendant l’extension de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents publics qui a mis le front social en ébullition avant l’avènement du coronavirus. Une telle mesure aurait permis d’apaiser le climat social propice à la mobilisation de tous les acteurs dans le combat contre la pandémie. De même, il aurait pu tendre la main à la classe politique dans son ensemble ainsi qu’à toutes les forces morales pour leur implication plus active aux côtés du gouvernement, en ces moments d’incertitude pour la Nation. En définitive, ces mesures me semblent insuffisantes au regard des fortes attentes !

Boureima OUEDRAOGO
Président de la SEP »


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