MESURES PRISES PAR LE PRESIDENT RD CONGOLAIS : Félix Tshisékédi marche sur des œufs
Suspension de l’installation des sénateurs élus, report sine die de l’élection des gouverneurs et ouverture d’une enquête judiciaire sur les soupçons de corruption. Ce sont là les trois mesures fortes prises, hier, 18 mars 2019, à l’issue d’une rencontre, première du genre, entre le président Félix Tshisékédi et les différentes institutions de la République. Cela fait suite à la publication des résultats des élections sénatoriales largement remportées par le Front commun pour le Congo (FCC), du nom de la coalition dirigée par l’ex-président Joseph Kabila. Plus qu’une victoire, c’est un véritable raz-de-marée puisque le FCC obtient 80 sièges sur les 100 à pourvoir. Toute chose qui n’a pas été du goût de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti du président Tshisékédi, dont les militants se sont fait entendre par des manifestations de rue violentes. Ils crient à la fraude et à la corruption. C’est donc en écho au coup de sang de ses militants et sympathisants que le chef de l’Etat congolais a initié la réunion interministérielle d’hier qui a permis de prendre les mesures sus-citées. Des décisions hardies s’il en est ! Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ces trois mesures annoncées feront davantage prolonger l’apoplexie institutionnelle en cours depuis l’avènement de Tshisékédi fils au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), d’autant que le rapport de forces n’est pas en sa faveur. En tous les cas, Tshisékédi donne l’impression de marcher sur des œufs si fait qu’il est obligé de gérer le pouvoir a minima.
Félix Tshisékédi est marqué à la culotte à la fois par le FCC et par la base de son parti
En effet, depuis qu’il est aux affaires, il est incapable de former un gouvernement. Il se contente de nommer à la pelle ses partisans aux postes de conseillers. Et ceci expliquant cela, son engagement à prendre des mesures de grâce en faveur des prisonniers politiques, semble prendre du plomb dans l’aile à tel point qu’à ce jour, il n’a pu élargir que deux personnalités politiques. En tout état de cause, Tshisékedi est plus à plaindre qu’à envier. Il n’est qu’un faire-valoir, la réalité du pouvoir étant entre les mains du président sortant si bien que, pour le moment, il a plus intérêt à avoir Joseph Kabila avec lui que contre lui. C’est tout simplement une question de réalisme politique. Il paie pour sa compromission comme l’atteste du reste le divorce entre lui et la base de l’UDPS. Déjà, des militants de ce parti, mécontents et humiliés par la défaite cuisante de cette structure, se sont déversés dans la rue pour contester les résultats. Outre cela, les manifestants exigent la démission des autorités de leur parti. Et les députés provinciaux de l’UPDS, accusés à tort ou à raison d’avoir usé de la corruption durant ce scrutin, ont été déclarés persona non grata au siège du parti. Tout cela augure d’un mandat difficile pour Félix Tshisékédi car il est marqué à la culotte à la fois par le FCC et par la base de son parti. Au-delà, c’est tout le peuple qui l’attend au tournant, car ce dernier ne comprend pas que sa victoire à la présidentielle de décembre 2018, soit prise en otage par le FCC au point de poursuivre le style de gouvernance de Joseph Kabila.
Boundi OUOBA