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MISE EN QUARANTAINE DE OUAGADOUGOU


Une visite de terrain pour comprendre et constater de visu, les réalités que vivent les Forces de défense et de sécurité, dans leur mission de faire respecter les mesures édictées par les autorités politiques. Parmi ces mesures, figure la mise en quarantaine des villes où un cas de Covid-19 est déclaré. C’est dans cette dynamique de partager avec les Hommes de médias, les succès ainsi que les difficultés dans la mise en œuvre de cette mesure, que nous avons eu une sortie de terrain avec le Commandant Leonid Diabri, Coordonnateur des équipes de patrouille de la Gendarmerie nationale, sur l’axe Ouagadougou-Ziniaré, route nationale N°3. C’était dans la matinée du 9 avril 2020. Le constat est que certains usagers font l’amalgame entre le laissez-passer dans le cadre du couvre-feu, et l’autorisation de sortie de la ville de Ouagadougou. Autre constat : la gendarmerie veille au grain.

Du Centre des opérations au Camp Paspanga, au poste de contrôle de la Gendarmerie nationale à l’intersection de la route menant à l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP-Loumbila) sur l’axe Ouaga-Ziniaré, nous avons été aux côtés de l’équipe du Commandant Leonid Diabri, chargé de faire respecter la quarantaine de la ville de Ouagadougou concernant la partie surveillée par la Gendarmerie nationale. Au Centre des opérations, c’est une salle avec des cartes de la ville de Ouagadougou qui, au demeurant, a été divisée en deux parties : le Nord et le Sud. De cette division de la capitale burkinabè, la Gendarmerie nationale a, à sa charge, la partie nord qui comprend les quartiers Saaba, Tampouy et Somgandé. Cette partie nord est divisée en 3 sections, chacune dirigée par un officier. Le maître d’orchestre de cette équipe qui doit faire respecter le couvre-feu, la fermeture des marchés et yaars et la mise en quarantaine de la capitale, en ce qui concerne sa partie Nord, est le Commandant Leonid Diabri. Calme et de taille moyenne, c’est un officier de la gendarmerie qui nous donne quelques consignes avant que nous quittions le Camp Paspanga pour le terrain. Composé de 4 véhicules, notre cortège se dirige au poste de contrôle sur l’axe Ouagadougou-Ziniaré. Arrivé à ce poste de contrôle à l’intersection entre la route nationale N°3 et la voie menant à l’ENEP, ce sont les hommes du Major Ki, qui sont à la manœuvre. Un contrôle par–ci, un autre par-là. Sans une autorisation de sortie, attendez-vous à être refoulés.

« Il faut s’adresser aux autorités administratives »

C’est dans cette ambiance de contrôles, d’interpellations et de verbalisations, qu’un véhicule personnel se pointe au poste de contrôle. L’occupant habite non loin de l’ENEP. Venu de Ouagadougou, il présente son laissez-passer. Mais les hommes du Major Ki sont catégoriques : « demi-tour ». La raison : le laissez-passer délivré dans le cadre du couvre-feu, ne peut pas être utilisé pour sortir ou entrer dans une ville en quarantaine. «  La Police et la Gendarmerie délivrent des laissez-passer à certains agents rien que pour le couvre-feu. Et cela n’est pas valable pour quitter la ville », a insisté le Commandant Léonid Diabri. Qu’est- ce qu’il faut faire alors ? : « Il faut s’adresser aux autorités administratives que sont les Préfets, les Hauts-commissaires, les Gouverneurs pour avoir une autorisation. Lesquelles autorisations sont données sur la base d’un avis médical », explique le Commandant Leonid Diabri. Une douche froide donc, pour l’occupant du véhicule. Ce dernier soutenait qu’il habite à côté de l’ENEP. Il dit ne pas comprendre le fait qu’il ne soit pas autorisé à rentrer chez lui. Il pensait que la négociation allait lui permettre d’avoir accès à son domicile. Il pense surtout qu’il faut élargir le point de contrôle au péage, afin que ceux qui habitent au niveau de l’ENEP, puissent y avoir accès sans grande difficulté. Un autre usager de la route, qui était venu chez lui, dans le même quartier situé près de l’ENEP, ne peut pas non plus y avoir accès. «  Je comprends parfaitement la mesure, mais je me trouve incapable d’arriver chez moi. Alors que je dois repartir au service aux alentours de 14 h (nous étions à 12 h). C’est ce qui me pose problème. Face à cette situation, il faudrait analyser les choses au cas par cas. Surtout qu’à ce que je sache, l’autorisation de sortie est valable pour 24 heures », a déploré Seydou Ouattara, Directeur du Centre de promotion de l’agriculture villageoise. De notre présence jusqu’à notre départ de ce poste de contrôle, ce sont des dizaines de motos et de véhicules qui arrivent. Certains semblent venir juste titiller les hommes du Major Ki. Car, à peine arrivés au point de contrôle, ils font demi-tour sans prendre le temps d’expliquer la raison de leur présence. D’autres par contre, disant avoir une bonne raison pour sortir de Ouagadougou, espèrent bénéficier de la compréhension des hommes du Major Ki. Parmi ceux-là, figure le Chef d’un village situé à 7 km de Zitenga. L’homme d’une soixantaine d’années, dit être parti chercher son fils à Ouagadougou. Le fils en question, malgré la fermeture des frontières, a pu entrer sur le sol burkinabè, grâce aux camions de fret. Mais les hommes du Major Ki le verbalisent. Les gendarmes à la sortie de l’axe Ouagadougou-Ziniaré, veillent au grain. Même si la rigueur est de mise, il est bien de relever que le Major Ki et ses hommes pensent aussi à tous ceux qui sont dans la lutte contre le Covid-19. En effet, des agents publics, avec leurs ordres de mission, souhaitaient sortir pour chercher du matériel dans le cadre de la riposte contre le coronavirus. «  Les ordres de mission ordinaires ne passent pas. Mais dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, on laisse l’intéressé sortir. Ils n’ont pas une autorisation de sortie mais ceux-ci peuvent aller chercher des produits », a expliqué Major Ki, responsable du poste de contrôle sur la RN3.

Boureima KINDO


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