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MODIFICATION DU CODE ELECTORAL AU SENEGAL  


Au Sénégal, la modification du Code électoral fait polémique. En effet, l’Opposition politique est en alerte maximale contre un projet de loi qui était en discussion à l’Assemblée nationale, le 12 juillet 2021, et qui vise, selon elle, à écarter de toute compétition électorale, toute personne condamnée à des peines avec ou sans sursis, supérieures à un mois. Dans sa démarche, elle a non seulement décidé de sonner la mobilisation de ses « militants et toutes les forces vives de la Nation à se tenir prêts et à rester à l’écoute (…) des mots d’ordre [qui] seront annoncés très prochainement», mais aussi de saisir les chancelleries religieuses du Sénégal et toute autorité susceptible de faire entendre raison au chef de l’Etat.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation sociopolitique au Sénégal, est bien partie pour connaître des agitations et autres fortes turbulences en raison de cette loi controversée en examen à l’hémicycle. A l’analyse, cette loi, a priori, n’est pas mauvaise en soi. Surtout si l’objectif, à terme, est de doter le Sénégal d’une classe dirigeante irréprochable à tous points de vues. Mais dans le contexte actuel du Sénégal, elle peut être d’autant plus sujette à polémique qu’elle ne paraît pas anodine.

 

L’Opposition politique sénégalaise nourrit des craintes de voir certains de ses leaders tomber sous le coup de cette loi

 

Car, en mettant la barre du sursis et du délai de condamnation aussi haut, on se demande si une telle disposition ne répond pas beaucoup plus à des calculs politiciens.  Et en la matière, l’Opposition politique sénégalaise nourrit des craintes de voir certains de ses leaders et pas des moindres, tomber sous le coup de cette loi. Sont de ceux-là,  Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, Khalifa Sall, l’ancien maire de la capitale, et l’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, tous déjà condamnés par la Justice sénégalaise dans des affaires aussi différentes qu’elles paraissaient, aux yeux de leurs partisans respectifs, être des cabales politiques  visant à casser des adversaires aussi sérieux que gênants. De là à voir dans cette modification du Code électoral, une façon, pour le président Macky Sall, de faire le vide autour de lui en écartant de la course à l’échalote, de sérieux potentiels prétendants, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de franchir. Et l’on comprend d’autant plus les agitations de l’Opposition que le successeur de Gorgui,  à qui l’on prête l’intention de chercher à briguer un troisième mandat, n’a jamais daigné clarifier la situation malgré les multiples interpellations dont il fait l’objet. Dès lors, il n’est pas difficile de trouver des raisons aux déboires judiciaires de Ousmane  Sonko, cette autre étoile montante de l’Opposition actuellement sous contrôle judiciaire dans une affaire de mœurs et récemment libérée provisoirement sous la pression de la rue, dans les conditions que l’on sait. Et si le jeune opposant politique n’est pas encore condamné, le sursis et le délai d’un mois contenus dans la nouvelle loi, ne constituent pas moins une épée de  Damoclès pouvant doucher à tout moment les espoirs de destin national dont il nourrit les ambitions. C’est dire s’il y a des raisons de croire que l’Opposition sénégalaise ne rue pas dans les brancards dans le vide, contre ce projet de loi controversé.

 

Ce serait un véritable recul si l’histoire devait donner raison aux adversaires de Macky Sall

 

C’est dire aussi si on voit venir Macky Sall. On le voit d’autant plus venir que bien de ses pairs, avant lui, ont choisi cette même stratégie qui consiste à avancer masqué tout en maintenant le flou sur leurs intentions, pour ne tomber le masque qu’au dernier moment. Et ce, en usant d’artifices juridiques pour déblayer et baliser le terrain en vue de créer les conditions d’une victoire sans coup férir.   Et dans le cas d’espèce du Sénégal, avec une majorité écrasante de 125 députés sur 165 à l’Assemblée nationale, on ne voit pas comment le natif de Fatick pourrait rater le coche d’une telle modification du Code électoral s’il est vraiment dans une logique conspirationniste. C’est le lieu de dénoncer ce genre de calculs politiciens qui ne servent pas véritablement  la cause de la démocratie sous nos tropiques. Car, en plus d’être causes de surchauffe de l’atmosphère sociopolitique avec les conséquences que l’on sait, elles contribuent, bien souvent, à creuser le fossé de la division entre citoyens en reposant sur des fondements contestables. Et pour un pays comme le Sénégal longtemps cité en exemple comme l’une des vitrines de la démocratie sur un continent encore à la recherche de ses marques, ce serait un véritable recul si l’histoire devait donner raison aux adversaires de Macky Sall qui le soupçonnent de  velléités de prolongation de son bail à la tête de l’Etat sénégalais. A moins que tout ce ramdam ne vise à couvrir ses arrières en travaillant à faire le ménage pour dégager la voie de la présidence à un éventuel obligé ou successeur putatif encore tapis dans l’ombre. On attend de voir.

 

« Le Pays »

 

 

 


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