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MORT DE DEUX JEUNES DETENUS A LA GENDARMERIE : La section MBDHP/Mouhoun exige toute la lumière


Dans la déclaration ci-dessous, le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), section du Mouhoun exige que toute la lumière soit faite sur la mort des deux jeunes détenus à la gendarmerie de Dédougou. Pour ce faire, il appelle tous les jeunes et démocrates à la vigilance. Lisez !

 

Salif Bokoum et Yéro Sidibé sont morts dans des conditions suspectes alors qu’ils étaient détenus dans les locaux de la gendarmerie. Pour le premier cas, il s’agit de Salif Bokoum, 31 ans, chauffeur de son état, domicilié au secteur 1 de Dédougou. Interpellé dans une affaire de vol d’ordinateur commis au domicile du commandant du groupement de la gendarmerie de Dédougou, ce dernier sera gardé à vue depuis le mercredi 27 avril 2016. Sa famille qui lui a rendu visite le samedi 30 avril 2016 l’a trouvé dans un état piteux. Sa tante et sa sœur n’ont pas pu retenir leurs larmes.

Le 2 mai 2016 aux environs de 19 heures, la famille reçoit un appel de la gendarmerie l’invitant à l’hôpital pour assister Salif. Des tractations avec l’infirmerie du camp Bankuy ont abouti à son transfert au CHR de Dédougou.

Les parents ont constaté qu’il avait le cou et le côté droit de la tête enflée, ses selles tâchées de sang, les yeux rouges et une très forte fièvre. Inquiets, ils font appel à l’infirmier de garde qui est venu constater. Ce dernier tentera d’arracher quelques mots au patient, mais en vain. Visiblement, il agonisait. Les traitements administrés n’ont donné aucun résultat.  Il rendit l’âme le 3 mai 2016 à 3 heures du matin.

Immédiatement, un groupe de notables tenteront d’enterrer le mort à la sauvette. C’est alors que des jeunes s’interposent. Ensuite, s’engage une longue et chaude discussion entre les jeunes qui vont aboutir à une grande manifestation à travers toute la ville. Les manifestants réclament la lumière et la justice pour Salif. Ils s’attaquent aux biens privés et publics. Dans la foulée, les domiciles du CB et de son adjoint sont saccagés et incendiés.

Dans la soirée, la famille dépose plainte et demande une autopsie. Le parquet accède à la requête et promet qu’une ambulance arriverait de Ouagadougou pour chercher le corps. La famille a été invitée par le procureur à désigner deux personnes pour accompagner le corps et assister à l’autopsie. Ce qui fut fait aux environs de 20 heures. A la surprise générale, le corps est soustrait de la morgue pendant que les parents attendaient devant le CHR.

 Lorsque la famille et la section MBDHP ont cherché à comprendre ce revirement spectaculaire, le procureur a invité la délégation de la famille à se joindre à sa mission qui était sur le point de démarrer pour Ouagadougou. L’autopsie a finalement eu lieu le 4 mai 2016 dans la soirée en présence d’un médecin désigné par le CEN du MBDHP

Pendant que la ville cherchait à sortir de la crise, on annonçait la mort dans des conditions troublantes de Yéro Sidibé, berger âgé de 22 ans. Ce dernier qui a été arrêté et détenu à la gendarmerie pour présomption de viol est décédé le 4 mai 2016 dans les mêmes conditions que Salif Bokoum. Sans aucune explication et sous la pression des autorités administratives et coutumières, la famille s’est vue contrainte d’enlever le corps et de procéder à l’enterrement.

Les morts atroces de ces deux jeunes, rappellent les violations graves et répétées des droits de l’Homme dans les lieux de détention. C’est le lieu de rappeler aux FDS que les tortures et autres traitements humiliants et dégradants sont contraires à notre Constitution qui stipule en son article 2 que : « sont interdits et punis par la loi, les traitements inhumains et cruels, dégradants et humiliants, la torture physique et morale, les sévices et les mauvais traitements…»

Les faits sont troublants dans un pays qui sort d’une insurrection et qui a adopté comme slogan : « plus rien ne sera comme avant ». Si plus rien ne devrait être comme avant, on peut alors légitimement se poser les questions suivantes :

Ÿ Pourquoi avoir attendu que Salif soit dans un état comateux avant de le transporter à l’hôpital pour des soins ? Parlant du cas de Salif Bokoum, le médecin chef du service des urgences médicales du CHR de Dédougou dit dans le journal « Le Pays » du 4 Mai 2016 ceci : « ce genre de tableau ne s’installe pas d’une minute à l’autre, car cela suit un processus qui prend du temps »

Ÿ Pourquoi, s’agissant de Salif, le parquet n’a pas immédiatement diligenté une enquête ? Il a préféré demander aux parents de formuler une plainte et une demande d’autopsie.

Ÿ Pourquoi le corps a été soutiré de la morgue à l’insu des parents de la victime qui attendaient devant l’hôpital l’ambulance qui devait arriver de Ouaga selon le procureur ?

Ÿ Comment peut-on comprendre que dans nos centres de détentions et jusqu’à présent, des détenus tombent malade et atteignent le seuil critique de maladie, sombrent dans le coma, sous l’œil amusé de ceux qui sont censés respecter et faire respecter les lois de la République ?

Les réponses à ces questions sont à rechercher dans la nature du changement qui est intervenu depuis l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 et la gouvernance politique de notre pays après l’élection de Roch Marc Christian Kaboré. Le changement espéré par le peuple après la chute de Blaise Compaoré s’éloigne comme une chimère. On ne peut pas parler de civisme dans un pays où ceux qui sont chargés de protéger les personnes et leurs biens, d’appliquer et de faire appliquer les lois se comportent en véritables fossoyeurs des lois de la République.

Face à cette situation, la section MBDHP du Mouhoun :

Ÿ salue la prompte réaction du CEN du MBDHP qui n’a pas tardé à désigner un médecin pour assister à l’autopsie et elle félicite, par ailleurs, le bureau national de l’Organisation Démocratique des Jeunes (ODJ), qui s’est fortement mobilisé pour apporter soutien moral et réconfort à la délégation de la famille pendant son séjour à Ouaga ;

Ÿ déplore la destruction des biens publics et privés ;

Ÿ dénonce la complicité et la duplicité du chef de canton et du ‘’grand Imam’’ de Dédougou qui ont tenté d’empêcher que des démarches soient entreprises afin que toute la lumière soit faite sur ces deux cas de violation des droits humains.

Ÿ Exige :

– que la procédure enclenchée dans la mort suspecte de Bokoum Salif arrive à son terme, que toute la lumière soit faite et que la justice soit rendue ;

– qu’une enquête soit ouverte afin de connaître les circonstances et les causes exactes de la mort de Yéro Sidibé. On se rappelle le 1er juin 2012 qu’une policière municipale de Dédougou, Rolande Sama est morte, victime de coups et blessures de son concubin gendarme. Depuis, tous les moyens ont été utilisés pour étouffer l’affaire. C’est le lieu d’interpeller la justice pour qu’elle rende publiques les conclusions des enquêtes.

Ÿ appelle les jeunes, les démocrates et toute la population de Dédougou à se mobiliser et à s’organiser pour dire non aux tortures et aux traitements humiliants et dégradants dans les lieux de détention et pour la vérité et la justice sur les morts suspects de Salif Bokoum et Yéro  Sidibé.

 

Plus jamais ça dans les lieux de détention à Dédougou !

 

La section MBDHP du Mouhoun

 

Le Président

 

Lamoussa KADINZA


Comments
  • Commentaire…Mr kadinza, que dites vous du cas du jeune ligoté la tête vers le bas par les kolgweogo de Matiacoali ? quid des décès survenus à bilanga et piela suite aux séquestration perpétré par des kolgweogo ? et le cas du jeune tué également à leo par les mêmes kolgweogo ? vous savez, aidez les FDS à vs aidez. je suis vraiment sidéré par votre malhonnêteté

    1 juin 2016

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