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MORT DE GEORGE FLYOD


Acclamé par la foule, George Flyod a été conduit, le 9 juin dernier, au cimetière de Houston dans l’Etat du Texas. Cet Afro-Américain asphyxié le 25 mai dernier sous les genoux d’un policier blanc de Minneapolis dans l’Etat du Minnesota, repose désormais près de Mama. Relayées à travers le monde entier, les obsèques de la désormais icône de la lutte contre le racisme et les violences policières aux USA et au-delà, auront été bien plus que des funérailles nationales, d’aucuns croyant dur comme fer qu’il y aura un avant et un après-George Flyod. De l’annonce de sa mort au jour de son inhumation, les vagues de manifestations se sont multipliées tant aux Etats-Unis qu’ailleurs, notamment en Europe, pour dénoncer le racisme, le contrôle policier au faciès, selon la couleur de la peau. Qui des pancartes en main, arborant : « Plus jamais ça ! », ou « Je ne peux plus respirer », qui genou à terre pour observer les 9 minutes de recueillement (le temps qu’aura duré le supplice du jeune George Flyod), tous appellent de leurs vœux, l’égalité entre les êtres humains quelle que soit leur race. Mais de tout ce concert planétaire de désapprobations, très peu audible aura été la voix de l’Afrique et en particulier, celle de ses dirigeants. Désintérêt ou couardise de la part de gouvernants africains qui ne voudraient pas se mettre à dos l’excentrique et irascible Donald Trump ? On aura, en tout cas, observé que jusqu’à ce que le Noir-Américain soit porté en terre, pas une condamnation n’a émané des chefs d’Etat du continent noir, à l’exception des présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, par ailleurs président de l’Union africaine (UA), et ghanéen Nana Akufo Addo. Un silence assourdissant et indécent qui ternit grandement l’image des dirigeants du continent. Certes, l’organisation panafricaine, par la voix du président de sa Commission, Moussa Mahamat Fakhi, a condamné « avec force », le meurtre de George Floyd. Mais cette sortie médiatique ne dispensait aucunement les chefs d’Etat d’emboîter le pas à leurs homologues sud-africain et ghanéen face à une actualité aussi brûlante que tragique.

La lutte engagée en terre américaine, contre le racisme, doit présenter un intérêt majeur pour le continent noir

D’autant que sur la longue liste des personnes à la peau noire, tuées par la Police américaine, ne figurent pas seulement que des Afro-Américains. Dieu seul sait, en effet, combien de ressortissants africains résidant sur le sol américain ont souffert le martyre, tout simplement parce qu’ils n’avaient pas la « bonne » couleur de la peau. Et si rien n’est fait, il y a de fortes craintes que la liste macabre s’allonge. C’est dire si les dirigeants africains auraient tort de penser que l’Afrique n’est pas concernée par la crise raciale que traversent les Etats-Unis. A supposer même qu’ils en aient pris conscience, l’impression qu’ils donnent de laisser les autres mener la croisade contre le racisme et les inégalités sociales aux USA et ailleurs, n’est pas à leur honneur. Et pourtant, l’on peut être sûr que si c’était leur fauteuil qui était menacé, bien de ces dirigeants auraient fait preuve d’une extraordinaire capacité de mobilisation de la rue à l’effet de préserver leur pouvoir. Cela dit, il est vrai que la réaction d’un chef d’Etat africain aux malheurs d’un concitoyen établi à l’étranger, n’est pas à la hauteur de celle de son homologue occidental vis-à-vis du même drame qui frapperait son concitoyen à l’étranger. Le dirigeant occidental est plus soucieux de son opinion nationale. Si le pouvoir africain manifeste donc généralement peu d’entrain à défendre la cause d’un « frère » à l’étranger, comment pourrait-il s’émouvoir du sort d’un Afro-Américain dont les liens historiques avec le continent, se sont, du reste, dissipés dans les lointaines brumes du temps ?  On peut aussi expliquer ce silence assourdissant des chefs d’Etat face à la tragédie qui vient de frapper les USA, par le fait que bon nombre d’entre eux ne sont pas des exemples en matière de respect des libertés dont ils sont de redoutables prédateurs. Partisans des méthodes musclées quand il s’agit de préserver leur fauteuil, quelle leçon de respect des droits humains peuvent-ils donner aux autres ? Si donc le silence des dirigeants du continent face à l’affaire Flyod, n’est pas surprenant, ce qui étonne en revanche, c’est celui des organisations africaines de la société civile. Où sont passées toutes les OSC qui prétendent défendre la dignité humaine ? Quid des intellectuels africains qui se seront montrés plutôt atones et aphones ? Qu’ils soient dirigeants, intellectuels, membres d’OSC, etc., il y a lieu qu’ils se ressaisissent. Car, ce qui est arrivé à George Flyod peut arriver à n’importe quel Noir aux Etats-Unis ou ailleurs dans le monde. C’est dire si la lutte engagée en terre américaine, contre le racisme, doit présenter un intérêt majeur pour le continent noir.

« Le Pays »


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