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MOTION DE CENSURE CONTRE LE PREMIER MINISTRE EN RDC : La rançon de la défiance


Le Premier ministre congolais, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a choisi de faire dans la défiance. En effet, visé par une motion de censure déposée en fin de semaine dernière et convoqué le 26 janvier 2021 à cet effet par le Parlement congolais, il a refusé d’obtempérer, arguant du fait que la Représentation nationale qui ne dispose actuellement que d’un bureau d’âge après la destitution de Jeanine Mabunda, est  incompétente à le faire comparaître. En rappel, Sylvestre Ilunga Ilumkamba, un proche de l’ex-président Joseph Kabila, est dans le collimateur de la nouvelle coalition mise sur pied par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, depuis le divorce intervenu entre le  Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le Changement (CACH). Enjoint de rendre le tablier par le chef de l’Etat, le Premier ministre, soutenu par son camp, a choisi de faire dans la résistance. La motion de censure votée par l’Assemblée nationale, n’est donc qu’un nouveau palier dans la crise politique qui secoue la RDC depuis la rupture du pacte entre Tshisekedi et Kabila qui se livrent une bataille par procuration. Mais jusqu’où pourra aller la résistance de Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui n’est qu’un pion de l’ex-président ?

Le compte à rebours a commencé

A priori, la  fronde du Premier ministre ne peut être qu’une tempête dans un verre d’eau. Car, la motion de censure qui le vise, a été signée par une majorité écrasante de 301 députés sur un total de 500. Démocratiquement donc, l’affaire est pliée. Il reste, il est vrai, l’argument de l’incompétence du bureau d’âge à convoquer une session à des fins de destitution  du Premier ministre mais l’on ne peut véritablement y voir qu’un homme en désespoir qui tente désespérément de s’accrocher à une éphémère bouée de sauvetage. En effet, avec la nouvelle majorité présidentielle, la mise en place d’un bureau définitif de l’Assemblée nationale n’est qu’une question de temps et le répit que le preux chevalier du camp Kabila, peut en tirer, ne sera que de courte durée. Du reste, que peut un chef de gouvernement si l’Assemblée nationale qui vote le budget, ne lui accorde pas les crédits pour l’exercice de ses fonctions ?  En tout cas, le PM se leurre en comptant sur son mentor, Joseph Kabila qui, lui-même, est de plus en plus isolé avec les défections qui s’opèrent dans son propre camp. Pire, il ne pourra faire longtemps le dos rond face à  l’adversité des vents du changement qui comportent en leur sein, toutes les forces anti-Kabila qui ne comptent pas pour du beurre comme la puissante Eglise catholique, les Organisations de la société civile (OSC) ou même les poids lourds de la scène politique comme Moïse Katumbi ou Jean Pierre Bemba. Le compte à rebours a donc commencé et plus que quiconque, Sylvestre Ilunga Ilumkamba le sait. Mais pourquoi s’obstine-t-il  encore?

L’on peut avancer plusieurs hypothèses qui, du reste, ne s’excluent pas les unes les autres. La première est que l’homme joue la montre pour bénéficier encore des privilèges du pouvoir.

La tentative de résistance de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, n’est qu’un jeu politique malsain

La seconde est qu’il a peur de l’après-pouvoir et cela peut se justifier par le simple fait que Félix Tshisekedi ne s’est pas gêné aux entournures pour livrer à la Justice, son propre directeur de cabinet, Vital Kamerhe, qui médite actuellement sur son sort à la prison de Makala. « Si l’on traite ainsi le bois vert, qu’en sera-t-il du bois mort ?», dit l’Evangile. Il n’est pas non plus exclu que  l’homme cherche à se vendre au prix le plus cher. Ainsi espère-t-il, peut-être,  obliger le camp d’en face à ouvrir des négociations pour lui aménager une sortie de scène honorable. Mais peut-être que tout cela n’est que spéculation et que Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’est que dans la simple logique du FCC qui a toujours été d’empêcher Félix Tshisekedi de gouverner en lui mettant autant que possible, du sable dans le couscous!

Mais quelles que soient les raisons de l’entêtement du Premier ministre, il devrait penser à l’intérêt général de la République démocratique du Congo (RDC) qui ne peut plus se payer le luxe d’une crise sans fin qui paralyse l’action gouvernementale. L’on se souvient, en effet, que près d’une année après son accession au pouvoir, le président Tshisekedi n’était pas parvenu à mettre sur pied un gouvernement, retardant ainsi les énormes chantiers du pays. Or, la RDC a mal à sa sécurité, notamment dans la région Est qui est parcourue par des spadassins qui sèment à tout vent la mort. Tout cela participe, malheureusement, du sabotage programmé du mandat de Félix Tshisekedi qui voit le temps s’écouler sans véritablement avoir les coudées franches pour exécuter son projet de société. Et c’est en cela que l’on peut justement penser que la tentative de résistance de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, n’est qu’un jeu politique malsain et l’on ne peut, de ce fait, s’empêcher de se réjouir de ses déboires politiques et de ceux de tous les siens en pensant que ce n’est que justice rendue par la Providence. Lui et toute sa famille politique ne peuvent donc  s’en prendre qu’à eux-mêmes car, « à trop tirer sur la corde, elle finit par se casser ».

 

« Le Pays »

 


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