HomeA la uneMunicipales partielles : Ils ont voté sous haute surveillance dans l’arrondissement 4

Municipales partielles : Ils ont voté sous haute surveillance dans l’arrondissement 4


Suite à la dissolution de leur Conseil municipal, les électeurs de l’arrondissement 4 de Ouagadougou , à l’instar des électeurs des six autres communes et arrondissements du Burkina Faso, sont allés accomplir leur devoir citoyen hier 23 février. Le président de la CENI y a fait un tour pour s’assurer du bon déroulement du scrutin. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la surveillance était de taille dans cet arrondissement.

Des agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) çà et là, la police nationale dans certains secteurs, les militaires, gendarmes et autres éléments des forces de l’ordre devant les bureaux de vote, …bref, la sécurité était de taille dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou à l’occasion de la reprise des municipales partielles. C’est dans cette atmosphère que les électeurs sont allés aux urnes, hier 23 février, pour choisir leurs conseillers municipaux pour la troisième fois consécutive. Dès 6 h du matin, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes aux 68 107 électeurs inscrits, appelés à départager, par les urnes, les onze partis politiques à la conquête des vingt postes de conseillers municipaux. Et pour s’assurer du bon déroulement de ces élections, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Barthélemy Kéré, s’est déplacé en personne.

« La sécurité est là mais ça n’inquiète pas les gens. Au contraire, ça les rassure»

Après avoir fait le tour de certains bureaux de vote à l’école Somgandé B, il s’est voulu rassurant sur le bon déroulement des élections en ces termes. « Tout se passe dans le calme. Les bureaux de vote ont ouvert tous à l’heure, tout le matériel est complet, la sécurité est présente et il y a une bonne affluence. C’est à peu près ce que m’ont dit mes collègues présents dans les endroits concernés par cette reprise. Et ce que j’ai vu sur le terrain est conforme à ce que l’on m’a dit. La CENI se réjouit que les choses se passent de cette manière. D’ici ce soir (NDLR : l’élection a eu lieu le 23 février), nous pourrons faire un dernier point et nous allons commencer le travail de centralisation, espérant vous donner les résultats bientôt», a-t-il soutenu.

La question d’achat de carte d’électeur inquiète

En ce qui concerne l’impressionnant dispositif de sécurité mis en place, Barthélemy Kéré dira ceci : «C’est peut-être parce que vous êtes à l’arrondissement 4 que cela vous inquiète, sinon c’est un dispositif normal. Nous avons prévu un élément de sécurité dans chaque bureau de vote pour s’assurer que les choses se passeront normalement. En 2012, c’était à peu près la même chose. Nous avons prévu aussi un dispositif pour sécuriser nos sites dans l’arrondissement, à la CENI mais aussi un certain nombre de dispositifs qui peuvent patrouiller au cas où il y aurait des difficultés particulières. La sécurité est là mais, ça n’inquiète pas les gens. Au contraire, ça les rassure. Et pour nous, c’est une bonne chose ». Sur la question des vente et achats de cartes d’électeur par certaines personnes, le président de la CENI a confié qu’une enquête a été ouverte au Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou sur la question. Les investigations se poursuivent et le dossier a été renvoyé au 27 février pour que tous les éléments soient à la disposition du tribunal pour pouvoir rendre la décision. « La CENI est intéressée et nous nous sommes constitués partie civile pour savoir en détails pourquoi les gens achètent les cartes d’électeur et ce qu’ils envisagent en faire. Cela nous intéresse pour ce scrutin mais aussi pour l’amélioration du dispositif de la CENI. Nous voulons un dispositif clair, transparent, crédible et qui peut vraiment rassurer tout le monde. Nous allons mettre les moyens qu’il faut pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire», a-t-il dit. « Avec les dispositifs que nous avons, nous ne savons pas comment les gens envisagent utiliser les cartes d’électeur achetées », a ajouté M. Kéré. Et de fonder l’espoir que les investigations permettent de savoir comment les choses se passent. Mais le président de la CENI reste convaincu que personne ne pourra duper la CENI lors de ces municipales. « A l’intérieur des salles, tous les représentants des partis politiques sont là. Vous pensez que quelqu’un va venir avec une carte d’électeur qui n’est pas la sienne et qu’on va le laisser voter en présence de tout le monde ? », a-t-il lâché.

Un autre constat

Un autre constat fait à l’école Somgandé B, c’est la possession de listes provisoires des inscrits par certains délégués de partis politiques. « La CENI affiche chaque fois la liste provisoire à l’usage des partis politiques et des électeurs pour que les gens vérifient s’ils sont sur des listes et que leur nom est correctement écrit pour qu’il n’y ait pas de difficultés le jour du vote. Que des partis politiques aient photocopié ces listes-là pour leur usage interne, ça les regarde. L’essentiel est que cela ne perturbe pas mon dispositif et que les présidents des bureaux de vote travaillent avec les listes d’émargement qui sont les seules prises en compte dans le fonctionnement du dispositif », a fait comprendre Barthélemy Kéré.
Si M. Kéré estime que le scrutin se déroule bien dans l’ensemble, il n’affirme pourtant pas que cette fois-ci sera la bonne et qu’il n’y aura plus de reprise. « Je ne sais pas s’il ne faut plus s’attendre à des reprises mais nous sommes confiants. Cependant, le principe, c’est que tout le monde doit pouvoir exercer un recours s’il estime que le dispositif pèche quelque part pour une raison ou pour une autre. Il est normal que l’ensemble des partis politiques puissent saisir les juridictions s’ils estiment qu’il y a eu des difficultés. Ce que nous demandons, c’est que les problèmes soient réglés par la voie judiciaire et que les gens ne descendent pas dans la rue et ne commencent pas à se rentrer dedans », a-t-il fait comprendre. Rappelons que la reprise partielle de ces élections municipales fait suite à la dissolution de certains conseils municipaux par le Conseil des ministres du 27 novembre 2013. 14 partis politiques sont à la conquête de 207 postes de conseillers municipaux dans 7 communes et arrondissements du Burkina Faso avec 115 605 électeurs inscrits et plus de 600 millions de F CFA comme budget pour l’organisation de ces élections municipales.

Catherine PILABRE, Issa SIGUIRE et Sami Thierry SOU

Légende :

1- A l’instar de six autres communes et arrondissements du Burkina…

2-… les électeurs de l’arrondissement 4 de Ouagadougou sont allés aux urnes (Ph.M.N)

3- Le président de la CENI est allé s’assurer du bon déroulement du scrutin

QUELQUES PROPOS DE CANDIDATS ET D’ELECTEURS

Issa Anatole Bonkoungou (candidat ODT)

« Notre inquiétude réside essentiellement dans l’achat de cartes d’électeur»

« C’est la 3e fois que le vote est repris. Notre souhait est que ce soit la dernière. Je crois qu’on a autre chose à faire que de passer le temps à voter. Si tout se déroule normalement, ce doit être en principe la dernière fois. J’ai accompli mon devoir citoyen, je suis allé voter à 7h et il n’y a pas de problème. Ça s’est bien déroulé et on essaie de faire le tour pour voir si tout va bien dans l’ensemble. Dans le bureau où j’ai accompli mon devoir, tout se passe normalement. C’est vrai que, dans certains bureaux de votes, il y a quelques incompréhensions entre représentants de partis politiques, mais notre inquiétude réside essentiellement dans la question de l’achat de cartes d’électeur. Ceux qui ont fait ça, l’ont fait à quelles fins ? On sait que c’est évidemment en vue des élections, mais d’où vient ce phénomène, cette question de fraude ? C’est avéré que certains ont payé des cartes d’électeur. C’est assez déplorable parce que j’estime que la Justice devrait aller jusqu’au bout afin de démanteler ce réseau et épingler les commanditaires. Ce sont des cas avérés et au moins deux de ces éléments croupissent en prison. On aurait souhaité que la Justice aille jusqu’au bout en identifiant et en sanctionnant les commanditaires pour dissuader ceux-là qui, dans l’ombre, continuent de poser ces actes-là. Certainement que les fonds proviennent d’un parti et il doit être sanctionné car ce n’est pas un parti digne ».

Zakaria Sawadogo (candidat CDP)

« Nous ne sommes pas dans cette logique d’insulter, de calomnier »

« J’ai fini de voter, je suis confiant. Je suis d’ailleurs très confiant car je suis sûr de ma victoire. Au vu de ce que nous avons mené comme pré-campagne et comme campagne, je pense que nous avons été compris par la population. Les gens ont adhéré au programme de société que nous avons présenté. Nous avons également eu la chance de gérer cet arrondissement pendant 12 ans et demi, nous avons présenté le bilan de ce que l’on a fait durant ces 12 années avec l’aide du président Blaise Compaoré, de son gouvernement et de notre parti. Vu les grandes rencontres que nous avons eues au niveau de notre arrondissement, dans les différents secteurs tout au long de la campagne, nous sommes confiants et nous sommes sereins. Ça fait la troisième fois que les votes sont repris. Les raisons ne sont autres que les mensonges, la calomnie et l’indiscipline. Notre direction politique a tiré leçon de tout ce qui s’est passé et nous-mêmes candidats avons tiré des leçons. Ce 23 février mettra fin à cette recréation, à ces calomnies, à ces mensonges, à cette indiscipline caractérisée que nous avons connue à l’interne. Je pense que ce sera la fin et nous allons nous mettre au travail comme les autres arrondissements qui, depuis les élections passées, sont en train de travailler, d’améliorer les conditions de vie des populations de leurs arrondissements.
Je n’ai que les échos du bureau de vote où j’ai voté et là où les autres camarades ont voté. Jusqu’à présent, tout se passe dans le calme et c’est d’ailleurs notre souhait. C’est notre arrondissement qui a souffert le plus car ça fait la 3e fois que nous reprenons les élections et nous demandons que tous se mettent au-dessus de la mêlée, que ce soit la majorité où l’opposition, et qu’on accepte les résultats des urnes. Nous avons les mêmes objectifs, les mêmes visions. Que ce soit l’opposition, en plus des injures et des calomnies, leur thème de campagne est que, dès qu’ils seront élus, ils vont travailler à améliorer les conditions de vie des populations. Nous, au niveau de notre parti, la majorité, notre thème essentiel c’est d’abord présenter ce que nous avons fait et dire à nos électeurs ce que nous allons faire dès que nous serons élus au soir du 23 février. Pour ce qui est des injures, notre parti est un parti responsable. Nous ne sommes pas dans cette logique. Nous avons sensibilisé nos militants, présenté notre projet de société pour les amener à adhérer à notre parti et à nous suivre. Nous avons demandé à tout le monde d’accepter les résultats des urnes, qu’ils acceptent d’être fair-play ».

Oumar Sawadogo, candidat du parti «Le Faso autrement »

« La peur a changé de camp »

« J’ai accompli mon devoir citoyen qui, pour moi, est le seul moyen d’accéder au changement. On ne peut pas vouloir le changement sans vouloir aller au vote. Vous verrez des gens qui disent qu’il faut le changement alors qu’ils n’ont pas l’arme du changement, c’est-à-dire la carte d’électeur. Et quand on l’a, il faut l’utiliser pour apporter sa touche. C’est la 3e et dernière reprise. Ces votes, pour moi, seront des votes sanction à l’égard de ceux-là qui ont boycotté le Conseil municipal jusqu’à sa dissolution ; ils en sont même conscients. Je sais que la victoire est de notre côté et la peur a changé de camp, a déménagé avec toutes ses valises dans le camp de l’adversaire. Ici, tous les partis de l’opposition ont un seul adversaire dont je préfère taire le nom puisqu’on n’est pas en campagne. Je suis sûr qu’il n’y a pas de problème et que l’opposition va passer haut la main. Les élections passées, je n’avais eu qu’un conseiller ; mais cette fois-ci, j’en aurai plus ».

Yacouba Tengueri, électeur

« Le pays n’est pas le champ du papa de quelqu’un»

« J’ai accompli mon devoir civique mais j’ai un sentiment de colère. Reprendre les élections 3 fois c’est vraiment énervant. Je me dis que les besoins réels de la population ne sont pas pris en compte. Au lieu de reprendre des élections trois fois, on pouvait prendre cet argent et l’investir ailleurs. Ce n’est pas parce que certains ne sont pas contents qu’à chaque fois on va reprendre des élections. Le pays n’est pas le champ du papa de quelqu’un. Quand une partie est mal cultivée, on doit la reprendre. J’ai pu tourner un peu dans le pays, il y a beaucoup d’endroits où les écoles sont sous-paillote. Dans la Léraba, le Sahel, il y en a beaucoup. On pouvait investir cet argent ailleurs. Je suis venu remplir mon devoir de citoyen. C’était une obligation, mais c’est surtout pour punir ce genre de personnes pour qu’il n’y ait plus de reprise ».


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