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NAUFRAGE DU « NYERERE » EN TANZANIE


 La rançon de la négligence et de l’irresponsabilité

C’est un grand drame humain que la Tanzanie a vécu le jeudi 20 septembre dernier. En effet, le célèbre lac Victoria a encore endeuillé. L’emblématique ferry MV « Nyerere », en chavirant, a causé plus de 200 morts alors qu’il était presqu’à destination. Cette embarcation qui assurait la liaison entre Ukuwere et Ukara, aurait à son bord plus de 200 passagers alors que sa capacité de charge est de 100 personnes. C’est dire que le nombre de passagers embarqués était plus que le double de la capacité du navire. Ce qui ne manque pas de rappeler un douloureux souvenir du 26 septembre 2002 avec le naufrage du Joola  au large des côtes gambiennes, au Sénégal, qui avait fait 2000 morts. L’on croyait que le drame du Joola allait servir de leçon aux pays africains qui n’arrivent toujours pas à gérer avec fermeté le transport maritime au niveau local.  Presque 16 ans après, voilà qu’une autre catastrophe vient nous rappeler combien le laxisme peut coûter cher à des vies humaines.

Et pourtant, il existe bien des règles en matière de transport et de navigation maritime en Tanzanie. Comment peut-on alors fermer les yeux sur ces pratiques de surcharges des embarcations tout en sachant que c’est la vie d’innocentes personnes qui était ainsi mise en danger ? Disons-le net, ce qui est arrivé aux Tanzaniens est la rançon de la négligence et de l’irresponsabilité. D’autant qu’il ressort que le capitaine du bateau s’est contenté, ce jour-là, d’en confier le gouvernail  à des mains inexpertes.

Il appartient à chaque citoyen de comprendre qu’il est le premier responsable de sa propre vie

C’est le lieu d’interpeller nos autorités de façon générale sur les dangers de la circulation, qui causent, chaque année sous nos tropiques, des drames dont la plupart sont dus à la négligence humaine, au peu de cas dont on fait de la vie d’autrui. Malheureusement,  cela se passe très souvent sous le regard complaisant des agents chargés de veiller à la sécurité des passagers. En effet, combien sont-elles ces guimbardes bringuebalantes sans visite technique à jour, véritables cercueils ambulants souvent surchargées de marchandises, de passagers, d’animaux ou de tout cela à la fois, à arpenter nos routes africaines, à naviguer sur nos fleuves et nos lacs au nez et à la barbe des forces de sécurité et autres contrôleurs ? L’on ne peut que dénoncer la complaisance des chaines de vérification et de contrôle qui ne lèvent pratiquement jamais le petit doigt, jusqu’à ce qu’une catastrophe se produise. L’appât du gain seul ne saurait justifier le comportement de transporteurs cupides à l’appétit vorace. Au delà, il faut mettre au pilori la gouvernance administrative et politique des autorités en charge des transports.

Cela dit, il appartient aussi à chaque citoyen de comprendre qu’il est le premier responsable de sa propre vie. Car, quand on voit comment certaines personnes luttent, quelques fois avec l’énergie du désespoir, pour embarquer à bord de vieux tacots parfois déjà pleins à craquer, l’on se demande s’ils se soucient vraiment de leur vie ou même s’ils sont conscients des risques qu’ils prennent.

Drissa TRAORE


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