HomeA la uneNOMINATION D’Al BARNAOUI COMME PATRON DE L’EI EN AFRIQUE DE L’OUEST : Faut-il en rire ou en pleurer ?

NOMINATION D’Al BARNAOUI COMME PATRON DE L’EI EN AFRIQUE DE L’OUEST : Faut-il en rire ou en pleurer ?


Depuis plusieurs mois, des rumeurs persistantes faisaient état de bisbilles au sein de l’état-major de Boko Haram pour des divergences de vues sur les modes d’action du groupe terroriste. De nombreux adeptes auraient tourné le dos au leader de la secte, Abubakar Shekau, connu pour ses discours enflammés et son extrême brutalité. Ces rumeurs semblent désormais fonder car, l’Etat islamique (EI) vient d’annoncer la nomination de Al Barnaoui  comme patron de l’organisation en Afrique de l’Ouest.         Est-ce la marque d’une dissidence au sein d’un groupe qui est à la peine dans ses fiefs traditionnels du nord-est du Nigeria, comme il en a connu en 2012 avec le départ fracassant de certains de ses commandants comme Abubakar Adam Kambar (tué en 2012), Khalid Al-Barnawi (arrêté en 2016) et Abu Usmatul Al-Ansari (toujours actif) pour créer Ansaru, l’autre organisation islamiste djihadiste, qui a pour vocation de s’attaquer aux chrétiens et aux occidentaux ? Ou la résultante d’un lâchage pur et simple du très volcanique Abubakar Shekau par une bonne partie de ses disciples qui pourraient avoir préféré aller à Canossa en négociant leur reddition avec le gouvernement d’Abuja, suite aux nombreux revers que la secte a subis depuis qu’elle a commis l’erreur stratégique de frapper au-delà des frontières nigérianes, notamment au Cameroun, au Tchad et au Niger ? En attendant d’en savoir plus,  on pourrait dire que les services de renseignements américains n’ont pas fantasmé à travers la sortie du Général Thomas Waldhauser devant la commission sénatoriale des forces armées américaines,  le 21 juin dernier. Cet officier, qui est, soit dit en passant, à la tête des forces américaines en Afrique, avait en effet déclaré qu’une scission s’est produite au sein de la nébuleuse islamiste, entre ceux qui seraient outrés par l’utilisation des enfants comme bombes humaines, et ceux, de moins en moins nombreux, qui ne verraient aucune raison de s’en offusquer. Le Général américain croit savoir que c’est l’Etat islamique (ou encore Daesh) dont Boko Haram est la filiale locale, qui a d’abord tiré la sonnette d’alarme, avant que certains responsables de la secte nigériane et pas des moindres, n’embouchent la même trompette.  L’on pourrait donc dire que la nomination d’Al Barnaoui confirme le manque de sérénité au sein des ingénieurs du  mal. D’autant que cette promotion aurait poussé Shekau à piquer une colère noire et à réaffirmer sa volonté de continuer à diriger le groupe.  Mais que Daesh s’indigne de la barbarie de Shekau qui recourt aux attentats suicides perpétrés par des enfants qui ignorent tout de la dangerosité des engins et du matériel qui leur sont remis, cela peut faire sourire. Que diraient  Irakiens ou les Syriens dont la vie est quotidiennement menacée par des mômes, armés et bien entraînés ?

Il ne faut pas se méprendre sur les risques d’aggravation de la situation sécuritaire dans la région

La véritable raison de cette scission pourrait être ailleurs. En tout cas, l’EI aurait été plus crédible   si elle n’avait pas continué à diffuser et à revendiquer les attaques et les attentats perpétrés par les adeptes de Boko Haram tous âges confondus à travers ses sites internet. En tout état de cause,  il faut se  féliciter de cette crise au sein de Boko Haram, car tout ce qui contribue à isoler ou à affaiblir Shekau peut, a priori, être salutaire, même s’il ne faut pas se méprendre sur les risques d’aggravation de la situation sécuritaire dans la région, que        cette scission apparente du groupe djihadiste pourrait entraîner. Les rives du Lac Tchad pourraient en effet être davantage en proie aux actions meurtrières de terroristes qui rivaliseront dans la commission d’actes cruels pour gagner en « légitimité », car, dans le cas d’espèce, plus on monte dans l’échelle de l’horreur, plus on est sous les feux des projecteurs et  plus on accroît ses sources de financement et par ricochet, ses capacités de nuisance.  Dans l’hypothèse que cette nomination d’Al Barnaoui fera voler en éclats Boko Haram, on ne sait pas véritablement s’il faut en rire ou en pleurer. Car, cet éclatement peut déboucher  soit sur l’assouplissement des méthodes de lutte, soit sur la multiplication des pogroms. Au regard du contexte international globalement défavorable à leur maître et à leur bras financier qu’est Daesh, et des offensives coordonnées des pays riverains du Lac Tchad, il est possible que les adeptes de Boko Haram adoptent majoritairement des attitudes modérées, et éliminent d’eux-mêmes les plus radicaux pour se frayer définitivement le chemin vers l’accomplissement de l’une de leurs principales revendications  de départ, c’est-à-dire l’application pacifique de la charia dans les Etats de Bauchi, de Yobe et de Borno, comme ce fut le cas dans ceux de Zamfara, de Sokoto, du Niger et de Kano. Mais tout cela dépendra de la vision et du leadership du nouveau leader de Boko Haram.

 « Le pays »


Comments
  • Lui ou ses prédécesseurs ou encore quelqu’un d’autres, ils sont a rejeter car, mauvais pour notre sous-région, dangereux et surtout inhumains. Tuer pour le simple plaisir de tuer et surtout se cacher derrière une religion qui n’a jamais recommandé ni instruit de tels comportements. Ce ne sont que des voleurs, des bandits de grands chemins et de trafiquants de drogue.

    5 août 2016

Leave A Comment