HomeA la uneNOMINATION D’UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE PAR KABILA : On n’est pas sorti de l’auberge

NOMINATION D’UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE PAR KABILA : On n’est pas sorti de l’auberge


 

L’actualité en RDC, est la nomination d’un nouveau Premier ministre (PM) par Joseph Kabila, qui devait intervenir dans un délai de trois semaines, aux termes de l’accord global issu du dialogue national qu’il a eu avec l’opposition, en dehors des membres du Rassemblement qui n’y ont pas pris part. Car, ces derniers n’y voient qu’une entourloupe du chef de l’Etat pour se maintenir au pouvoir, au-delà du délai constitutionnel. A la date du 14 novembre donc, le chef de l’Etat devait se résoudre à sacrifier Augustin Matata Ponyo sur l’autel du deal passé avec la partie de l’opposition conduite par l’opposant Vital Kamerhé, qui a bien voulu se prêter à son jeu de pseudo-dialogue destiné, en réalité, à servir de tour de passe-passe pour se remettre en selle dans la course à sa propre succession. Et c’est ce qui a été fait, en ignorant royalement les cris d’orfraie des partisans d’Etienne Tshisékédi et Moïse Katumbi, entre autres, qui ne se reconnaissent pas dans cet accord et qui continuent de demander le strict respect de la Constitution et le départ de Kabila à la fin de son deuxième et dernier mandat. D’ailleurs, ces opposants radicaux en sont toujours au stade des discussions avec la Conférence épiscopale qui a aussi clairement fait connaître sa position en faveur d’un respect strict de la Constitution, et qui ne désespère pas de trouver un modus vivendi entre Kabila et ses adversaires. C’est dans un tel contexte que Matata Ponyo a rendu le tablier hier, en attendant la nomination de son remplaçant censée placer la RDC dans une période de Transition qui devrait s’étendre jusqu’à fin avril 2018, et déboucher sur des élections devant désigner le successeur du maître de Kinshasa.

Il serait étonnant que la mise en place d’un gouvernement de transition suffise à mettre un terme à la crise

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec la nomination d’un nouveau PM au moment même où l’on est toujours à la recherche de voies et moyens pour amener les opposants radicaux à la table des négociations, Kabila finit de convaincre même les plus sceptiques qu’il ne veut pas donner une chance aux discussions en cours, dans le but de trouver un terrain d’entente acceptable par tous. Et cette façon d’agir n’est ni plus ni moins qu’une façon d’imposer son chronogramme à ses contempteurs qui n’auraient, de ce fait, pas d’autre choix que de s’aligner dans le sens du dialogue tel que voulu par lui ou d’aller se faire cuire un œuf. Si fait qu’aujourd’hui,  l’on est en passe de se retrouver avec deux Congos aux agendas diamétralement opposés : d’un côté, Kabila et les siens engagés dans une transition devant les conduire à d’hypothétiques élections en 2018, et de l’autre, les opposants farouches au maintien du chef de l’Etat au pouvoir au-delà des délais constitutionnels et qui ont le 19 décembre prochain en ligne de mire. L’on n’est donc pas sorti de l’auberge. D’autant plus que si chacun devait camper sur sa position, l’on ne voit pas comment on pourrait éviter la violence à l’échéance constitutionnelle du mandat du président Kabila. Une chose est sûre, il serait étonnant que la mise en place de ce gouvernement de transition suffise à mettre un terme à la crise qui entre dans une phase décisive, à pratiquement un mois de la fin du mandat de Joseph Kabila. Quoi qu’il en soit, l’on peut difficilement s’empêcher de voir dans le choix du nouveau PM un juste renvoi de l’ascenseur du chef de l’Etat à un de ces opposants qui lui auront rendu un bien grand service en mordant à l’hameçon de son dialogue national auquel il s’accroche à présent avec toutes ses forces comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Ce qui lui permet de garder encore la tête hors de l’eau, dans sa stratégie de confiscation du pouvoir, en attendant de voir les choses venir. A la limite, si ce n’est pas un pied de nez fait à l’Eglise catholique et à la Communauté internationale qui appellent encore à un dialogue inclusif, cela y ressemble fort. En tout état de cause, avec cette nomination et le dialogue de sourds que Kabila entretient avec l’opposition radicale, les perspectives ne se présentent pas de la meilleure des façons pour la RDC. Et la date du 19 décembre paraît plus que jamais potentiellement explosive. A moins que d’ici là, l’on ne réussisse à désamorcer cette bombe sociopolitique dont le compte à rebours semble avoir déjà commencé. Mais comment ? Là est toute la question.

Outélé KEITA


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