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NOMINATION D’UNE FEMME PM AU GABON


Depuis hier, le Gabon a une nouvelle tête à la primature. Rose Christiane Ossouka Raponda, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est désormais la Première ministre du Gabon.  Ainsi en a décidé le président Ali Bongo. Elle remplace à ce prestigieux poste, Julien Nkoghe Bekale. Cette promotion de la gent féminine à ce niveau de responsabilités, est une première dans l’histoire du Gabon, ce d’autant qu’aucune femme n’avait, jusque-là, occupé ce poste au pays d’Omar Bongo. C’est d’autant plus inédit que sous nos tropiques, les femmes sont généralement sous- représentées dans les instances décisionnelles. C’est dire si la nomination de Rose Christiane Ossouka Raponda au poste de Premier ministre, constitue un fait majeur.  En tout cas, sur la cinquantaine de pays africains, seule une dizaine aura connu des femmes Premières ministres ou chefs de gouvernement. Cela dit, dame Raponda semble avoir le profil de l’emploi. En effet, en plus d’être diplômée en économie de l’Institut gabonais de l’économie et des finances (IEF), celle qui était jusque-là, ministre de la Défense nationale, a occupé plusieurs autres postes dont ceux du Budget, des comptes publics et de la Fonction publique, de Directrice générale de l’économie et de Directrice générale adjointe de la Banque de l’Habitat du Gabon. Et ce n’est pas tout. Elle a aussi occupé le poste de maire de Libreville entre 2014 et 2019. Mais ce parcours est-il suffisant pour qu’elle soit propulsée au poste de Premier ministre? On peut en douter fort. En vérité, Rose Christiane Ossouka Raponda n’est pas une simple cadre de l’Etat. Elle a des atomes crochus avec la famille présidentielle. Elle bénéficie, dit-on, du soutien de l’inamovible présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise, Marie-Madeleine Mborantsuo dont le rôle dans la réélection de Bongo fils en 2016, aura été déterminant. Dame Raponda serait également la protégée de Patience Dabany, la génitrice du président de la République.

Dame Raponda est plus à plaindre qu’à envier

Et dans un pays où le népotisme le dispute à la corruption, il est difficile de ne pas établir un lien de cause à effet. On est d’autant plus fondé à le croire qu’Ali Bongo qui a failli perdre le pouvoir suite au coup d’Etat éclair du 7 janvier 2019, ne peut pas prendre le risque de nommer une personne à un poste de si hautes responsabilités, s’il n’est pas convaincu de sa loyauté. Du reste, la nomination de dame Raponda à la tête de la Défense nationale en 2019, était déjà un signal fort. En tout cas, malgré les qualités qu’on lui prête, il est difficile de convaincre les Gabonais que Rose Christiane Ossouka Raponda n’a pas été récompensée pour sa loyauté à la famille Bongo.  Mais qu’à cela ne tienne, le locataire du Palais de bord de mer aura eu le mérite d’avoir posé un acte qui mérite d’être salué en ce sens que cette nomination est un signal fort à l’endroit des femmes gabonaises. Car, en dépit de tout ce que l’on pourrait dire, cette ascension de la femme que l’on qualifie de discrète, s’apparente à une volonté du prince régnant de traduire dans les actes, l’égalité entre homme et femme. Cela dit, le pagne réussira-t-il là où le pantalon a échoué ? On attend de voir. Mais une chose est certaine, ce ne sera pas une sinécure pour la protégée de Patience Dabany. Car, ce n’est un secret pour personne que l’économie gabonaise traverse aujourd’hui une période de turbulences. Une situation due non seulement à la mauvaise gestion des finances publiques dans un contexte de chute du prix du baril du pétrole mais aussi à la pandémie du Covid-19. C’est dire si dame Raponda est plus à plaindre qu’à envier.

Dabadi ZOUMBARA


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