HomeA la uneNON-LIEU DANS L’AFFAIRE DES MILITAIRES DISPARUS AU TCHAD : Ce n’est pas surprenant

NON-LIEU DANS L’AFFAIRE DES MILITAIRES DISPARUS AU TCHAD : Ce n’est pas surprenant


 

Sans surprise, le parquet de N’Djamena au Tchad a classé sans suite le dossier de la disparition des militaires au lendemain de la présidentielle du 10 avril dernier. « L’enquête n’a pu retenir aucun fait pénal quelconque. C’est pourquoi après examen des procès verbaux transmis et après avoir effectué tous les compléments d’enquête jugés utiles, le parquet d’instance décide de classer sans suite le dossier pour des faits non établis », a déclaré le procureur de la République, Alghassim Khamis, qui ajoute que le dénonciateur avait lui-même reconnu qu’aucun militaire n’était ni mort, ni disparu. Pouvait-il en être autrement quand on sait que sous nos républiques bananières, l’indépendance de la Justice n’engage que ceux qui y croient ? Car, on le sait, les juges prennent fait et cause pour les princes régnants à qui ils doivent d’ailleurs leur poste. Rendre un verdict qui va à l’encontre du pouvoir en place est perçu comme un acte téméraire sévèrement sanctionné comme tel, sous nos tropiques.

Les familles des victimes n’auront désormais que leurs yeux pour pleurer

On l’a vu récemment en République démocratique du Congo (RDC) où envers et contre tous, la Cour constitutionnelle a donné quitus au président Joseph Kabila de s’accrocher au pouvoir. On peut multiplier les exemples ; tant ils sont légion sur le continent africain.  C’est dire que la décision du procureur, Alghassim Khamis, de saboter le dossier des militaires disparus, n’est pas étonnante. Avant même l’ouverture de l’enquête, on connaissait déjà les résultats ; alors que, comme on le dit, il n’y pas de fumée sans feu. On se croirait au Burkina Faso d’alors, où une enquête avait été ouverte au lendemain de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo pour aboutir aux résultats que l’on sait : un non-lieu prononcé avec une arrogance déconcertante. En réalité, il ne s’agissait que d’une pure farce destinée à la consommation de l’opinion extérieure ; afin de se donner bonne conscience. C’est exactement le cas des militaires disparus au Tchad où l’on s’efforce de nier l’évidence. Car, alors que le procureur dit que « la preuve de vie de tous les soldats supposés morts ou disparus a été formellement établie », certaines familles disent n’avoir pas retrouvé les leurs, depuis le 9 avril, jour où les forces de défense et de sécurité ont voté. On veut bien croire le procureur de la République tchadienne, mais tout laisse penser qu’il joue là le rôle d’un avocat du diable. Ce qui ne l’honore pas en tant que garant des libertés individuelles. En tout cas, les familles des victimes n’auront désormais que leurs yeux pour pleurer, le procureur ayant décidé de faire main basse sur le dossier. Que voulez-vous ? Jean de la Fontaine n’avait-il pas raison quand il affirmait que « selon que vous êtes fort ou misérable, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir » ?

B.O


Comments
  • C’est dur la moi aussi j’étais présente au chambre de commerce série m je suis présenter comme chef des bureaux votes des parties .

    8 décembre 2018

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