HomeA la uneNOUVEAU GOUVERNEMENT BENINOIS : Le réalisme et le pragmatisme avisé de Talon  

NOUVEAU GOUVERNEMENT BENINOIS : Le réalisme et le pragmatisme avisé de Talon  


 

Le nouveau président béninois, Patrice Talon, n’aura pas fait languir ses compatriotes. En effet, aussitôt investi, il a dévoilé le visage de l’équipe gouvernementale qui aura la lourde charge de transformer positivement le vécu quotidien des Béninois. Et comme il fallait s’y attendre, les gros maroquins reviennent à ceux qui ont soutenu le richissime homme d’affaires au second tour de la présidentielle face au candidat malheureux Lionel Zinsou. Il s’agit principalement de Pascal Iréné Koupaki nommé ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République et de Abdoulaye Bio-Tchané, désormais ministre d’Etat chargé du Plan et du développement. Des anciens compagnons du président sortant, Boni Yayi, qui ont tourné casaque lors de la présidentielle au profit de Patrice Talon, ont aussi été récompensés à l’image de Sacca Lafia à qui échoit le portefeuille de l’Intérieur et de la Sécurité publique. En effet, l’alchimie dont a fait montre Talon est plus que nécessaire pour relever les nombreux défis auxquels le Bénin fait face. Cela dit, on note que contrairement au nombre 16 qui avait été avancé, c’est plutôt un gouvernement composé de 21 ministres dont trois femmes, qui a été mis en place. Cette hausse du nombre de portefeuilles pourrait s’expliquer par le fait que le nouveau maître de Cotonou a voulu faire bonne mesure vis-à-vis de ceux qui l’ont soutenu. Mais cette décision pourrait aussi obéir à la volonté du nouveau locataire du palais de la Marina de renforcer la cohésion nationale mise à rude épreuve. A cela, il faut ajouter la nécessité de redistribuer les cartes pour les futures échéances électorales, notamment les législatives. Maintenant que le pouvoir est acquis, Patrice Talon serait plus à l’aise pour gouverner s’il obtenait une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Toutes ces considérations sont la preuve d’un réalisme politique et d’un pragmatisme avisé du nouveau maître du Bénin.

La célérité avec laquelle Patrice Talon a formé son équipe, montre sa volonté d’aller au charbon

Du reste, plus d’une personne a été séduite par la rapidité avec laquelle le gouvernement a été mis sur pied et les ministres ont été invités à prendre fonction dès l’après-midi d’hier. En Afrique, le choix des hommes pour former un gouvernement après une présidentielle âprement disputée comme celle du Bénin, se révèle, en général, un casse-tête chinois. Le cas du Burkina en est un exemple. Le suspense aura duré près de dix jours avant que le nom de Paul Kaba Thiéba ne soit communiqué aux Burkinabè. En tout cas, la célérité avec laquelle Patrice Talon a formé son équipe, montre sa volonté d’aller au charbon et tout de suite. En effet, on a le sentiment que le nouvel homme fort de Cotonou cherche à créer une voie originale de gouvernance. Et cela est à son honneur. Seulement, il faut souhaiter que l’énergie dont il fait montre, ne se transforme en précipitation qui, on le sait, est source de dangers. Toutefois, l’attitude de Patrice Talon est bien compréhensible. Il succède à un homme qui n’est pas sans reproche en matière de gouvernance. Il paraissait donc nécessaire de marquer, dès le début, une rupture avec l’ordre ancien. En fait de rupture, on peut déjà saluer sa promesse de faire un seul et unique mandat de 5 ans. Et s’il tient à répondre aux attentes des Béninois et  à tenir sa promesse, il ne doit pas jouer la montre. De fait, Talon tiendra-t-il la promesse de ne faire qu’un seul mandat ? En tout cas la Constitution de son pays lui permet d’en exercer deux. Gageons qu’il ne s’inspirera pas de son homologue sénégalais…

Dabadi ZOUMBARA  


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