HomeA la uneNOUVEAU GOUVERNEMENT IVOIRIEN : L’Eléphant attendu est arrivé avec un pied cassé  

NOUVEAU GOUVERNEMENT IVOIRIEN : L’Eléphant attendu est arrivé avec un pied cassé  


S’il y avait un sujet qui cristallisait toutes les attentions en Côte d’Ivoire, c’était bien la formation du nouveau gouvernement du président Alassane Dramane Ouattara (ADO). Des salons feutrés aux cabarets en passant par les plantations de café et de cacao, les supputations allaient bon train. Chacun y allait de son commentaire et de ses analyses. Pourquoi le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, qui a été reconduit après avoir rendu sa démission et celle de son gouvernement, a-t-il mis autant de temps pour dévoiler les visages des hommes et des femmes qui composent sa nouvelle équipe? Lesdits visages sont désormais connus. En effet, le nouveau gouvernement tant attendu, a été rendu public hier, 12 janvier 2016. Fort de 36 membres, ce nouvel Exécutif enregistre l’entrée de quatre femmes, portant ainsi le nombre de la gent féminine à 9. L’on peut donc, sans risque de se tromper, dire qu’ADO a tenu sa promesse, en termes de renforcement du genre. Cela est à son honneur. En tout cas, c’est un signal fort pour l’autre moitié du ciel, quand on sait qu’en Afrique, les femmes sont généralement peu représentées dans l’Exécutif. Tout le bien que l’on peut souhaiter à ces femmes, c’est de réussir leurs missions afin de convaincre ceux qui doutent encore de leurs capacités à gérer les affaires de l’Etat, au même titre que les hommes. Ce gouvernement Duncan IV a aussi enregistré cinq départs dont ceux des ministres en charge de la Justice et des Affaires étrangères. Sans être dans le secret des dieux, on pourrait penser que le départ du second est lié aux récentes frictions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, notamment dans l’affaire des écoutes téléphoniques entre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro et le général de gendarmerie burkinabè Djibrill Bassolé.

Si ADO a eu besoin d’aller consulter le sphinx de Daoukro, c’est que l’équation était très complexe

On le sait, cette affaire a jeté un froid sur les relations ivoiro-burkinabè. L’éjection du gouvernement du Garde des sceaux, pourrait s’expliquer par la volonté du locataire du palais de Cocody de donner un coup de fouet aux nombreux dossiers pendants. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Eléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé. De fait, il se susurrait que la lenteur observée dans la formation de ce gouvernement pouvait non seulement être liée à la recherche d’oiseaux rares, mais aussi à l’invitation d’opposants non radicaux à la table du Seigneur, histoire de les faire taire. Car, comme le disait un homme politique bien connu, « un ministre, ça mange et ça se tait ». Des noms comme celui d’Affi N’Guessan avait même circulé. Si bien que tout laissait croire qu’on irait vers un gouvernement d’ouverture. En tout état de cause, en n’appelant aucun opposant dans l’Exécutif, ADO ne semble pas se soucier trop de la réconciliation nationale. Cela dit, former un gouvernement n’est pas chose aisée sous nos tropiques, tant les paramètres à prendre en compte sont nombreux. Dès lors, on comprend pourquoi la formation de ce nouveau gouvernement ivoirien a mis du temps. Les tensions au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) avant l’élection présidentielle, pourraient avoir rendu le partage du gâteau plus difficile. Si ADO a eu besoin d’aller consulter le sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié, pour ne pas le nommer, au sujet du casting de ce gouvernement, c’est que l’équation était très complexe. L’ossature de ce nouveau gouvernement est, du reste, révélatrice de la volonté d’ADO de respecter le pacte qui le lie au PDCI. Autre raison qui pourrait expliquer ce retard : le contexte politico-social ivoirien. Car  avec l’embellie économique dont la Côte d’Ivoire se targue et se réjouit, les attentes des Ivoiriens sont énormes : amélioration du panier de la ménagère, prise en compte de certains groupes sociaux, apaisement des tensions politiques, sécurisation des frontières, notamment avec le Liberia. Outre ces attentes, il y a la réconciliation qui reste toujours un vaste champ à défricher. Et pour relever tous ces défis, il fallait à ADO se rassurer qu’il a rassemblé les bons chevaux pour gagner son pari.

Dabadi ZOUMBARA


No Comments

Leave A Comment