NOUVELLE ATTAQUE D’UN HOTEL A BAMAKO : Ne plus se poser la question : « à qui le tour ? »
Moins de six mois après l’attaque de l’hôtel Radisson Blu, Bamako a de nouveau été la cible des djihadistes. En effet, des hommes armés ont forcé le barrage de l’hôtel Nord Sud qui abrite les formateurs militaires des forces militaires en stationnement au Mali, avant d’être repoussés par des forces de l’ordre. Bilan provisoire : un mort du côté des assaillants et trois individus en fuite. Même si les desseins apocalyptiques des auteurs de l’attaque ont été déjoués par la vigilance et la réactivité des gardiens du temple, ces assauts répétés des terroristes provoquent un impact psychologique considérable. Non seulement ils donnent au monde une image luciférienne de la sous-région, décourageant même les plus hardis des investisseurs, mais ils tendent aussi à prouver que malgré l’armada miliaire en présence, les djihadistes gardent intactes leurs capacités de nuisance. Pire, il se crée dans le subconscient collectif l’idée selon laquelle la présence des troupes étrangères devient criminogène du fait de l’attrait qu’elle exerce sur les djihadistes.
Le fait d’avoir déjà été victime d’une attaque terroriste, ne met pas à l’abri d’une autre
Toute chose qui pourrait déboucher sur une levée de boucliers contre la présence militaire européenne dans les différents Etats africains. Le résultat, c’est ce climat de psychose généralisée sur fond de méfiance dans un contexte où le djihadiste n’est plus seulement le barbu enturbanné, mais aussi le voisin voire le frère. Quoi qu’il en soit, de cette nouvelle offensive des forces terroristes sur les rives du Djoliba, il faut retenir deux enseignements majeurs. Le premier est que chaque Etat doit avoir la pleine conscience que le fait d’avoir déjà été victime d’une attaque terroriste, ne le met pas à l’abri d’une autre. Après chacun des attentats meurtriers qui ont secoué la sous-région, on a vite fait de se poser la question : « à qui le tour ? ».
La solution aussi passe nécessairement par la destruction de la ruche d’où partent les essaims de terroristes
La bonne interrogation serait, au regard de la nouvelle donne, de se poser la question suivante : « à quand la prochaine attaque» ? C’est désormais certain que la géographie des attaques n’est plus produite par une orbite cyclique, mais plutôt le résultat d’un plan maléfique à géométrie variable. La seconde leçon, c’est que demain n’est pas la veille du jour où l’on viendra à bout de la barbarie de ces ingénieurs du mal qui, par cette nouvelle attaque, font la preuve de leur témérité. Ils semblent installés dans un engrenage qui ne peut se briser que par la fatalité de la mort. Et tant qu’il en survivra un, il tentera toujours des coups d’éclat meurtriers. C’est dire que chaque Etat est désormais installé dans l’œil du cyclone des djihadistes, et doit garder l’arme au pied et surtout apprendre à vivre avec le terrorisme. La note d’optimisme vient cependant de la réussite de la riposte à cette nouvelle attaque. Elle a été plus rapide, apportant ainsi la preuve, si besoin en est, qu’avec de la vigilance, on peut faire échec à la folie meurtrière des terroristes, et qu’avec une plus grande rapidité de réaction, on peut sauver de nombreuses vies en cas d’attaque. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ce nouvel assaut djihadiste prouve qu’en matière de lutte contre le terrorisme, en Afrique de l’Ouest, beaucoup reste à faire. La facilité de mobilité des djihadistes et la circulation des armes sont déconcertantes. En face, nos Etats doivent rester sur la défensive. Or, dans cette guerre sans front ni visage, il faut passer à l’offensive pour éviter à nos populations des bains de sang. La solution, encore une fois, reste le renseignement pour alerter et anticiper en usant surtout des infiltrations et des méthodes du contre-espionnage. Mais la solution passe aussi nécessairement par la destruction de la ruche d’où partent les essaims de terroristes qui troublent la quiétude des pays ouest-africains. Le Nord-Mali est et demeure le sanctuaire des djihadistes. Le mouvement pour l’indépendance de l’Azawad, en se faisant le nid du terrorisme, s’est discrédité par lui-même et de ce fait, plus rien ne justifie le no man’s land autour de Kidal dont la responsabilité est plus qu’évidente dans la métastase que connaît le cancer du djihadisme en Afrique de l’Ouest.
« Le Pays »