HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Mendiants ou escrocs

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Mendiants ou escrocs


 Sur ma moto, en traversant le petit pont du canal de Kalgondin un beau matin de jeudi,  je fus abordé par un jeune homme. C’était un garçon d’entre dix-huit et vingt ans. Proprement vêtu, il tenait un cartable et poussait son vélo dont le pneu arrière était aplati.

Gentiment, il s’adressa à moi dans un vocabulaire parfait.

Toutes mes  excuses de  vous interpeller alors que nous ne nous connaissons pas. Etudiant,  je  suis en route pour  suivre mes cours à l’université et  je viens d’être victime d’une fâcheuse crevaison. Sans un sou, je sollicite une aide pour réparer mon engin.

 

Adolescent, nous avions tous un jour traversé ces moments difficiles.   Parcourant la ville sans un rond en poche à la recherche de  la pitance quotidienne. Je ne pouvais rester insensible à la situation de mon jeune frère. Vite, je compris sa détresse  et lui glissai promptement un billet de 500 F CFA dans la main.

Il  me remercia chaleureusement et je lui priai gentiment de rattraper le temps perdu pour son cours.

Courage et tenez bon ! lui dis-je.

Je m’en allai. Un mécanicien se trouvait à une cinquantaine de mètres. Il se dirigea vers son hangar.  Des jours et des mois passèrent, j’oubliai cette rencontre anodine.

Un soir, j’allai dans une université de Saaba à l’autre bout de la ville pour une rencontre. En sortant de l’établissement, sur l’avenue, je croisai le même jeune homme. Cette fois,  il avait une autre  tenue et poussait une moto. Le cartable sous le bras.  Physionomiste, je le reconnus, mais je me retins à temps.

Et quelle ne fut ma surprise lorsque le jeune homme me joua le même scénario d’il y a quelques mois. Cette fois, il était en panne d’essence et à la recherche d’un bon samaritain pour lui tirer d’affaire.

Je fus révolté. Je le regardai et les yeux en colère, je lui parlai :

– Vous ne m’avez pas reconnu cher ami. Seulement vous m’avez joué la même comédie il y a des mois à l’autre bout de la ville. Sur une crevaison de vélo en route pour l’université. Vous croyez être plus intelligent en jouant sur la sensibilité et la générosité des autres. Vous vous trompez…

– Vous m’avez confondu, me dit-il. Je le coupai sèchement.

– Mon frère, Dieu voit et entend tout ! Sa colère est lente, mais foudroyante. Cette duperie, croyez-moi si vous voulez ou non, mais vous le paierez  sur cette terre !  Et très cher avec tous les intérêts…

Ainsi lui ai-je parlé avant de continuer mon chemin.

Tenant sa moto d’une main et de l’autre son cartable, l’escroc des temps modernes,  sans un mot, me regarda partir.

 

Loin d’être un cas isolé, de nos jours de nombreux individus s’inventent des incidents pour tromper d’honnêtes citoyens sensibles. Cela devient presqu’une profession pour ces hommes et femmes sans foi et infectés de microbes dans la profondeur de l’âme. Ces escrocs avec des ordonnances dans les hôpitaux,  des engins en panne volontaire, des sacs de voyage sur le dos, des infirmités imaginaires avec parfois d’innocents enfants sur les bras, pensent tromper le monde et Dieu le Créateur. Ils oublient une chose : Il a toujours le dernier mot le Bon Dieu. Il prend son temps et se manifeste souvent pour le prix d’un acte oublié et enterré depuis longtemps.

La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit.

Ce n’est point un crime de tendre la main quand on est vraiment dans le besoin absolu. Mais, en faire un métier ou une activité quotidienne frise la duperie, la lâcheté et osons le dire, la malhonnêteté dans toute sa laideur.

 

Ousseni NIKIEMA, [email protected] 70 13 25 96

 


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