HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Sortir de tempête

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Sortir de tempête


 

 

 « On se prépare à tout  mais on ne s’attend à rien », ainsi disait le sage de la grande savane de Dunia.

 

Il y a une dizaine d’années, Yanick était le plus jovial et le plus optimiste de mes amis. Avec sa situation,  il  avait vraiment de quoi l’être. Jeune biologiste trentenaire,   enthousiaste et ambitieux au Faso, tout en Yanick respirait le bonheur et la joie de vivre.

Après son Bac au pays des hommes intègres, la vision de ses parents bureaucrates et vivant dans le confort, avait permis au fils Yanick  de poursuivre les études dans une bonne université occidentale. De retour au pays, Yanick  a vite été embauché dans un institut grâce aux bonnes relations d’une amie de sa mère.

Chouette la vie quand les choses se collent aussi merveilleusement.

Une vie toute tracée et sans orage pour Yanick qui se la coule douce dans les bras d’une ravissante beauté au sourire angélique.  Que désirer de plus pour Yanick qui, lors de nos causeries entre amis, est souvent le monsieur donneur de leçons et  détenteur du secret le plus improbable de l’humanité : Comment trouver le bonheur.

Dans nos discussions de week-end entre amis, souvent très animées autour du thé, Yanick ne pouvait comprendre surtout les difficultés de certains et surtout les flèches empoisonneuses au  foyer.

  • Tout est dans le choix. Prenez le temps et surtout soignez très prudent. Cela est très important.

D’une part, Yanick avait raison. Il  donnait le bon exemple par le merveilleux couple qu’il formait avec  Assia, sa charmante épouse, et l’heureux père qu’il était avec ses deux enfants.   D’autre part, on sentait dans ses dires, ce parfum d’innocence des personnes n’ayant jamais traversé de véritables tempêtes dans leur petite existence.

  • Yanick, je suis d’accord avec toi. Le choix est capital dans la vie d’un couple,  mais convient avec moi que trouver son âme sœur dans l’existence, est souvent une loterie sans vraie logique.

Ainsi disait souvent mon ami Assane, le philosophe divorcé du groupe mais croyant toujours à l’amour et  à sa magie réconfortante.  Nous e comprenons bien Assane qui en a vu des vertes et des pas mûres dans sa vie mais qui garde toujours son sourire et sa positivité intérieure.

Nous rions dans une ambiance et la vie continuait avec ses hauts pour certains et ses bas pour d’autres. Dans le groupe d’amis, les uns s’éclipsaient et s’en allaient sous d’autres cieux.  D’autres se perdaient dans la jungle professionnelle. Donnant à peine des nouvelles. Nous ne nous rencontrons maintenant qu’à des rares occasions.

Pendant cinq ans, Yanick qui avait déménagé dans une autre ville pour raison de travail, donnait rarement de ses nouvelles.  Puis, pendant une année, ce fut le silence total et absolu. Il ne répondait ni aux appels ni au sms. Je tentai par une connaissance commune d’avoir les nouvelles du cher Yanick,  en vain.

Par devoir d’amitié, avec Assane, nous persistons. Par chance, nous finîmes  par rencontrer  Yanick. Un premier vrai orage sentimental et professionnel traversait dans la vie de notre ami. Lui qui ne voyait la vie qu’en rose était complètement désorienté.  Nous avions du mal à le reconnaître. Par discrétion, nous survolerons les détails de ce qu’il traversait dans son foyer et au service. L’un étant souvent  lié à l’autre sans fil indicateur.  Nous sûmes qu’il fallait donner la main à notre ami.

Assane le philosophe s’investit et se surpassa.  Il trouva des mots de réconfort quand il le fallait. Il trouva des phrases stimulantes au bon moment. Yanick sortit de son  inconfort et retrouva le sourire auprès des siens.

Cette tempête fut douloureuse mais je crois qu’elle impacta positivement notre ami.

La semaine dernière il me confiait au téléphone ceci: dans la vie, malgré notre intelligence et notre vigilance, des difficultés surgiront sur le chemin. Notre attitude et réaction seront déterminantes. Le plus difficile est de pouvoir se relever après chaque chute. Ce qui est pourtant la marque des grandes femmes et grands hommes de l’humanité : Savoir sortir des tempêtes.

 Souvent, je me pose cette question : Peut-on appeler vie, une existence sans épreuves à surmonter ?

Ma parole, après cette tempête de Yanick  est devenue aussi  philosophique qu’Assane. A ce rythme, j’ai peur moi aussi.

Ousseni Nikiéma,

70-13-25-96

 [email protected]

 

 


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