HomeA la unePAGNES DU 8-MARS : A qui profite la pagaille ?

PAGNES DU 8-MARS : A qui profite la pagaille ?


Les activités commémoratives de la Journée internationale de la femme, qui est célébrée cette année sous le thème : « la valeur morale de la personne humaine : responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes », battent leur plein. Mais d’ores et déjà et comme toutes les autres années, la polémique enfle autour de l’événement. Pour preuve, pas moins d’une dizaine de pagnes aux motifs et aux thèmes différents inondent le marché. Pire, certains thèmes portés par ces pagnes, véhiculent même des contrevaleurs par rapport aux politiques publiques de promotion de la femme.

Cette pagaille qui s’observe sur le marché et qui semble devenue le label de cette année 2017, peut bien s’expliquer. Pendant les longues années de règne de Blaise Compaoré, le marché des pagnes du 8-Mars était le monopole de la Première dame, si fait qu’aucun opérateur économique de la place ne pouvait oser… Même si la Transition a tenté de réorganiser le domaine autour de la promotion du pagne traditionnel qu’est le « Faso dan fani » (FDF), il n’en demeure pas moins que le changement de régime a été perçu par de nombreux commerçants qui lorgnaient le marché, comme une opportunité de faire de bonnes affaires, d’où cette ruée sur le pagne du 8-Mars. Ils ont été aidés en cela par le coût prohibitif du « Faso dan fani » et par l’incapacité des tisseuses à satisfaire à temps et en qualité, la demande. L’Etat a sans doute aussi laissé faire, au nom de la liberté de commerce et de la libre concurrence, mais surtout à cause des taxes d’importation qui sont loin d’être négligeables. C’est dire donc que pour les privés et pour l’Etat, ces pagnes du 8-Mars qui s’achètent comme de petits pains, constituent une poule aux œufs d’or sur laquelle il faut bien avoir la main. La pagaille observable sur le marché est donc bien organisée !

 

L’élan patriotique des Burkinabè doit les porter à consommer local

 

Le hic dans l’affaire, c’est sans conteste le coup de frein à la production et la  consommation nationales  et surtout la perversion du message qui sous-tend la manifestation de l’événement. La Journée du 8-Mars qui sera des plus hautes en couleurs du fait de cette pluralité des motifs des pagnes, n’en sera que plus folklorique ! Et cela n’honore ni l’Etat ni la femme. L’appel du gouvernement à faire du «  Faso dan fani » le pagne officiel du 8-Mars et la décision de retrait du marché des pagnes portant des inscriptions contre-indiquées, sont des mesures tardives et ressemblent au médecin après la mort. Du reste, ces mesures ne résolvent pas durablement les questions de fond.

Certes, il est difficile, dans le contexte actuel de libéralisation des échanges et au regard de la modestie de la bourse des familles, d’imposer le Faso dan Fani à tous, mais l’Etat peut créer les conditions de son accessibilité au plus grand nombre en subventionnant la production. Au-delà de l’Etat, les tisseuses aussi doivent faire preuve de plus d’imagination et d’innovation pour rendre plus attractives leurs productions sur ce marché qui, en plus de la qualité, ressemble plus à une foire des goûts et des couleurs.  Il y a aussi et surtout, de la part des commerçants du secteur, un effort de rationalisation des circuits de distribution et de commercialisation car, ils sont nombreux les Burkinabè qui auraient bien aimé se procurer le pagne du 8-Mars Faso dan fani mais qui ne savent pas à qui s’adresser. Il y a enfin l’élan patriotique des Burkinabè qui doit les porter à consommer local.

 

Sidzabda  


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