HomeA la unePALAIS DES SPORTS DE OUAGA 2000 : Dr Salifou Diallo a eu droit à un hommage national digne de son rang

PALAIS DES SPORTS DE OUAGA 2000 : Dr Salifou Diallo a eu droit à un hommage national digne de son rang


C’est une pluie d’éloges qui s’est abattue sur le Dr Salifou Diallo au Palais des Sports de Ouaga 2000. « Salif l’humain ; Salif l’intrépide ; Salif le courageux ; Salif l’ami ; Salif la bête politique ; Salif le visionnaire ; Salif le révolutionnaire » etc. Ils sont venus nombreux d’Afrique et du Burkina Faso en cette matinée du 24 août 2017, pour l’ultime adieu à celui qui occupait le perchoir du Burkina jusqu’à ce fameux samedi 19 août. Les Présidents Mahamadou Issoufou du Niger, Alpha Condé de la Guinée Conakry et de l’Union africaine ont tenu à faire le déplacement de Ouagadougou pour témoigner l’amertume des Chef d’Etat africains au Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et à tout le peuple burkinabè. Avant d’être conduit dans son Yatenga natal où il sera inhumé ce 25 août, Salifou Diallo a été élevé au titre de la dignité de Grand-croix de l’Ordre national.

C’est une cérémonie d’hommage à la dimension de l’homme que la Nation a rendue à son défunt Président de l’Assemblée nationale, Dr Salifou Diallo. Le Palais des sports était paré pour l’occasion des couleurs nationales et de posters géants qui viennent rappeler à la Nation que Salifou Diallo est parti pour de bon. Des délégations de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali, du Niger, de la Guinée Conakry, de la République démocratique du Congo, du Togo, du Bénin, de la Sierra Léone, de la Centrafrique et de l’Internationale socialiste n’ont pas voulu se faire compter l’évènement.
C’est exactement à 11h40mn que la longue séance de recueillement a débuté. Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba et son gouvernement ont ouvert le bal. Suivront les députés et des anciens Premiers ministres. On notait la présence de Luc Adolphe Tiao, Tertius Zongo et Paramanga Ernest Yonli. L’ancien chef d’Etat, Jean-Baptiste Ouédraogo, était également de la partie. Cette phase de recueillement a concerné pratiquement tous les Corps constitués de la Nation. Ce sont les passages des sportifs et des artistes qui ont mis fin à cette séance de recueillement. Il était 13h10mn. C’est alors que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, Mahamadou Issoufou du Niger et Alpha Condé de la Guinée Conakry font leur entrée au Palais des sports.
La cérémonie a suivi son cours avec la lecture des différentes oraisons funèbres. Emmanuel Koulou, représentant de l’Internationale socialiste, a inauguré cette phase. « Le dictionnaire n’est pas assez riche pour nous proposer le mot qui traduit nos souffrances. Nous n’avons pas assez de larmes pour pleurer ta disparition », a-t-il lancé. Il a salué la perte d’un camarade progressiste qui « avait une vision politique et idéologique claire ». En quelques mois, a-t-il révélé, Salifou Diallo a réussi à intégrer le MPP dans l’Internationale socialiste alors que d’ordinaire, il faut un certain nombre d’années pour y parvenir. Pour lui, au-delà du Burkina Faso, la disparition de Salifou Diallo est aussi une perte pour l’Internationale socialiste.
Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale du Bénin, est intervenu au nom des présidents des parlements africains. « Vivre et mourir est le destin des hommes. Nul ne peut y échapper », a lancé M. Houngbédji à l’entame de son intervention. Comme tous ceux qui se sont succédé au parloir, il a salué la disparition d’un homme doté d’un humanisme rare. « Salif était un fidèle, un homme de lutte, d’idées et d’engagement. Avec sa disparition, c’est un peu de nous-mêmes qui nous quitte », a-t-il affirmé.
Mohamed Bazoum, ministre de l’intérieur du Niger, a pris la parole au nom des politiques africains. Pour lui, Salifou Diallo est un homme unique. « C’est pourquoi nous sommes venus te dire que ta mort a provoqué un désastre sentimental en chacun de nous », a-t-il fait savoir à l’endroit de Salifou Diallo. Pour l’homme, Salifou Diallo, un ami fidèle, avait réussi à faire venir beaucoup d’hommes politiques au Burkina. « Tu es un homme unique. Au nom des politiques, nous saluons la disparition d’un homme qui a toujours détesté les compromissions et ceux qui se compromettent », dira-t-il pour clore son propos.

« Notre pays pleure l’un des plus valeureux combattants politiques »

Après les hommages des amis politiques africains, ce fut au tour des politiques burkinabè de traduire leur ressentiment à l’endroit de « Gorba ».
C’est avec une voix enrouée, aux bords des larmes que Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition politique, a pris la parole en premier. « Notre peuple pleure l’un de ses fils uniques, l’un de ses plus valeureux combattants politiques », a-t-il dit d’entrée de jeu. Il a présenté Salifou Diallo comme un homme politique averti, un homme politique qui sait se départir de sa chapelle quand celle-ci va à l’encontre des intérêts du peuple. Il en veut pour preuve deux faits : D’abord avec son parti originel, le Congrès pour la démocratie et le progrès, Salifou Diallo s’est démarqué pour rejoindre « en toute humilité l’opposition pour le combat, en janvier 2014, contre la révision de l’article 37 ». Zéphirin Diabré a salué une dernière fois le rôle joué par Salifou Diallo et le MPP pour l’avènement de l’insurrection populaire. Ensuite, avec le gouvernement, à toutes les fois où les actions n’allaient pas dans le sens des aspirations du peuple burkinabè. Ceci est la preuve, selon Zéphirin Diabré, que Salifou Diallo n’était pas un homme politique ordinaire. « Salif, tu étais un vrai adversaire politique. Tu n’étais pas pour l’opposition, un ennemi politique. Nous partageons les mêmes valeurs républicaines. Tu peux partir en étant fier d’avoir contribué à faire évoluer ton pays », a affirmé Zéph. Même mort, Zéphirin n’a pas manqué de donner un dernier conseil à Salifou Diallo. « Ne pars pas sans emporter ta calebasse d’arachides car tu auras faim », a-t-il plaisanté.
Philippe Ouédraogo a pris la parole au nom de l’alliance des partis de la majorité politique pour saluer la disparition d’un homme qui a fait de l’union des partis politiques sur l’essentiel, son cheval de bataille.

« Le véritable hommage … »

Me Bénéwendé Sankara, premier vice-président de l’Assemblée nationale, a traduit les derniers hommages de la Représentation nationale à son président. « Le temps s’est arrêté sur la Représentation nationale. L’annonce de ton décès a coupé le souffle des députés de tous bords politiques, l’administration parlementaire avec. L’Assemblée nationale a été estomaquée avec à la clé beaucoup de questionnements avant de se rendre compte de la triste et douloureuse évidence qu’elle était désormais orpheline », dixit Bénéwendé Sankara. Salifou Diallo, a-t-il dit, est un homme politique exceptionnel et hors pair. En vingt mois passés à la tête de l’Assemblée nationale, le Dr Salifou Diallo a véritablement impacté le parlement burkinabè et a posé la pierre angulaire de l’édification d’un parlement moderne, qui devait répondre aux aspirations du peuple burkinabè. Il avait placé son mandat sous le signe d’une gestion consensuelle de l’institution parlementaire. « Il y a ceux qui écrivent l’histoire et il y a ceux qui la font. Dr Salifou Diallo, vous avez fait l’histoire politique du Burkina. Le meilleur hommage que nous puissions rendre au Président de l’Assemblée nationale, c’est de lui demeurer fidèles en prenant l’engagement de poursuivre l’œuvre qu’il a entamée. C’est à cette condition que Dr Salifou Diallo pourrait reposer en paix. Adieu, Président ! », a-t-il conclu.
Le Niger est la seconde Nation du Docteur Salifou Diallo. C’est pourquoi son ami et frère, Mahamadou Issoufou, Président du Niger, a tenu à rendre solennellement un dernier hommage à son ami. Pour lui, son ami a eu une vie courte, mais une vie dense et intense. Il était un homme fidèle, un fin tacticien politique, un homme courageux et travailleur. « C’est donc tout à fait normal que l’Afrique tout entière pleure sa disparition », a-t-il lancé.
A tout seigneur, tout honneur. C’est Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso, qui a rendu le dernier hommage de la Nation. Lui, a été contraint de se rendre à l’évidence et d’accepter que Salif a quitté ce monde. Salifou Diallo, en allant du cabinet du ministre de la justice à la présidence de l’Assemblée nationale en passant par le ministère en charge de l’environnement, de l’agriculture, d’ambassadeur, a démontré, selon lui, qu’il est un homme politique qui aime son pays. Il a mené une vie faite de hauts et de bas inhérents à tout être humain, a-t-il ajouté. Il a su donner goût à tous les combats qu’il a menés. « Salifou, tu n’as pas vécu pour rien. C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai une pensée pour ta mère, ton épouse, tes enfants, tes petits-enfants, tes frères et sœurs, parents. Allah saura les réconforter et faciliter pour eux les jours à venir. Devant la mort, l’être humain ne peut rien ». C’est pourquoi il invite la classe politique, les hommes épris d’engagement, les amis de Salifou Diallo, à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina, à lui rendre un vibrant hommage. « Celui de nous engager individuellement et collectivement à renforcer les valeurs de paix, de prospérité », a insisté Roch Marc Christian Kaboré. « Permettez-moi, en mon nom personnel, au nom de la famille Diallo, au nom du peuple burkinabè, d’exprimer ma profonde gratitude aux chefs d’Etat, aux présidents d’Assemblées nationales, aux ministres, aux parlementaires. Salifou Diallo, le frère, l’ami, le compagnon de lutte, repose en paix et que la terre du Burkina te soit légère » ; tels ont été les derniers mots du Président du Faso à l’endroit du défunt président du MPP.
Afin de lui traduire toute la reconnaissance du peuple burkinabè, Salifou Diallo a été élevé au rang de la dignité de Grand-croix de l’Ordre national. Le recueillement des Chefs d’Etat et de leurs épouses a mis fin à l’hommage national au Dr Salifou Diallo, avant que le convoi ne s’ébranle pour Ouahigouya, sa ville natale.

Par Ousmane TIENDREBEOGO (Collaborateur)

 


No Comments

Leave A Comment