HomeA la unePARUTION D’UN LIVRE SUR LES EXACTIONS DE L’ARMEE MALIENNE : Le colonel Sangaré a-t-il eu tort de soulever le couvercle d’une marmite déjà bouillante ?

PARUTION D’UN LIVRE SUR LES EXACTIONS DE L’ARMEE MALIENNE : Le colonel Sangaré a-t-il eu tort de soulever le couvercle d’une marmite déjà bouillante ?


Le colonel Alpha Yaya Sangaré a jeté un pavé dans le Djoliba. En effet, dans son livre de 400 pages, intitulé : le Défi du terrorisme en Afrique, cet officier affirme que « depuis 2016, des Forces de défense et de sécurité (FDS) se sont livrées à des exactions à l’encontre des personnes accusées de terrorisme ». Il n’en fallait pas plus pour que la Grande muette sorte de son silence pour condamner ces propos non sans rappeler que le livre a été publié sans son feu vert. Le colonel Sangaré a-t-il eu tort de soulever le couvercle d’une marmite déjà bouillante ? Car, on le sait, le Mali traverse l’une de ses plus sombres périodes de son Histoire avec le terrorisme qui a fait et continue de faire de nombreux morts et de déplacés internes. En accusant l’armée malienne de violation de droits de l’Homme dans un tel contexte de guerre contre le terrorisme, le colonel Sangaré ne donne -t-il pas des raisons de penser à une action visant à démoraliser les forces combattantes ? Le timing a-t-il été bien choisi ? Si c’est pour soulager sa conscience, le colonel Sangaré n’aurait-il pas dû attendre le bon moment, c’est-à-dire après cette période de braise ? En tout cas, une chose est sûre. Le colonel Sangaré fait preuve de courage. Car, on a rarement vu un officier en activité publier un livre clouant au pilori le corps auquel il appartient et en pleine guerre. C’est dire s’il ne doit pas être surpris par son arrestation et les sanctions qui pourraient en découler. Cela dit, en faisant fi de son devoir de réserve et en faisant de telles révélations, le colonel Sangaré apporte de l’eau au moulin des organisations de défense des droits de l’Homme qui ont, à maintes reprises, accusé l’armée malienne et ses supplétifs russes d’exactions contre des civils.

 

La parution de ce livre risque de dégrader davantage la météo politique au Mali

 

L’accusateur étant un officier en activité, cela devrait pousser l’armée malienne à se remettre en cause. En tous les cas, quelle que soit la sanction qui sera infligée au colonel Sangaré, il semble avoir déjà atteint son objectif puisque le livre est désormais entre les mains de plusieurs personnes qui se délecteront de son contenu. Il est vrai qu’il n’y a pas de guerre propre. A preuve, même l’armée française a été accusée d’avoir tué des civils à Bounti au Mali, en 2021, au cours d’un mariage, au moment où Barkhane opérait dans ce pays. Et plus récemment, les défenseurs des droits de l’Homme ont dénoncé et continuent de dénoncer les opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza où des femmes et enfants innocents y sont tués. C’est si dire si l’armée malienne gagnerait à ne pas voir en ce livre, un acte de provocation ni de complot, mais plutôt un acte d’interpellation. Car, comme on le dit, l’erreur est humaine mais c’est la persistance dans l’erreur qui est diabolique. Cela dit, même si l’armée malienne venait à étouffer la voix du colonel Sangaré, cela résoudrait-il le problème ? On peut en douter.  En matière de secret d’Etat, aucun pays ne veut que remontent à la surface, certaines informations sensibles. Même les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas hésité à lancer une chasse à l’homme contre le cofondateur de Wikileaks, Julian Assange qui risque jusqu’à 175 ans de prison, s’il est extradé dans son pays, pour avoir publié des documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, surtout en Irak et en Afghanistan.  Dans tous les cas, la parution de ce livre risque de dégrader davantage la météo politique au Mali. Surtout qu’elle intervient dans un contexte où des voix et pas moindres, notamment celle des Etats-Unis, s’élèvent, de plus en plus, pour appeler à l’organisation des élections. Il faut craindre que la publication de ce livre ne pousse les autorités de la Transition à se braquer en renvoyant  les élections au calendes maliennes. Elles pourraient craindre en effet d’être rattrapées par leur passé.

 

« Le Pays »    


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