HomeA la unePOLEMIQUE AUTOUR DE LA NOMINATION DU CHEF DU FRONT DE L’OPPOSITION GABONAISE : Qui veut-il tromper le peuple ?

POLEMIQUE AUTOUR DE LA NOMINATION DU CHEF DU FRONT DE L’OPPOSITION GABONAISE : Qui veut-il tromper le peuple ?


La formation du tout nouveau et dernier gouvernement du premier ministre gabonais Ona Ondo le 11 septembre dernier a, c’est le moins qu’on puisse dire, suscité de nombreuses interrogations dans l’opinion publique gabonaise, notamment à cause de la présence sur la liste du nom de Jean De Dieu Iwangou Moukagni, le ci-devant président du Front de l’opposition pour l’alternance, promu aux fonctions de ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et de l’Entreprenariat agricole, chargé de la mise en œuvre du programme Graine. La nouvelle est d’autant plus surprenante que Iwangou Moukagni fait office de chef de file de l’opposition et en tant que tel, il ne devrait pas participer à un gouvernement même dit d’union nationale, surtout qu’il n’y a pas actuellement de crise institutionnelle au Gabon. Quelques heures après la publication de la liste des membres de ce gouvernement, l’opposant gabonais s’est fendu d’un communiqué de presse dans lequel il affirme n’avoir jamais donné suite à la proposition à lui faite d’intégrer la nouvelle équipe gouvernementale,  convaincu qu’il est des « valeurs qui sanctifient l’éthique démocratique, et dont la traduction la plus simple veut qu’en République, une démarcation franche se fasse entre la majorité qui doit gouverner, et l’opposition, qui, a minima s’oppose, à maxima propose ». Cette sortie du chef de file de l’opposition gabonaise va-t-elle rassurer tous ceux qui ont été atterrés par la nouvelle de sa participation au gouvernement ? Rien n’est moins sûr, puisque non seulement ses concitoyens sont habitués à des retournements spectaculaires de veste de leurs opposants, même les plus virulents vis-à-vis des pouvoirs en place comme  ce fut le cas de Paul Mba Abessole et du regretté Pierre Mamboundou, mais en outre, le gouvernement gabonais par la voix de son porte-parole Alain Claude Bilié Bi Nzé, a soutenu mordicus que l’opposant a bel et bien été consulté et  a même marqué son accord aussi bien sur le principe d’entrée au gouvernement que sur le portefeuille ministériel qui lui a été proposé. Alors, qui du gouvernement ou du président en exercice du front de l’opposition dit vrai ? S’agit-il d’une manœuvre à la Agathon Rwasa qui a fait long feu, parce que les réactions outrées suite à ce qui semble être une félonie de Iwangou n’ont pas tardé à se manifester ? Ou, comme il se susurre, l’opposant radical a préféré tout simplement opérer un virage à 180 degrés pour ne pas s’aliéner certaines têtes brûlées de l’opposition gabonaise comme Jean Ping et Zacharie Myboto ?

Le peuple gabonais semble être l’otage des politiciens

Face à toutes ces questions et conjectures, il est difficile de se faire une religion, car nous sommes en politique, et la politique est le domaine par excellence de la duplicité, de la duperie et de toutes les compromissions. Et si c’était un coup fourré savamment orchestré par les officines du pouvoir en place à Libreville pour semer le doute et la zizanie dans les rangs de l’opposition, en se servant de la récente volte-face de Agathon Rwasa au Burundi comme adjuvant pour la renvoyer dans les cordes, à un an de l’élection présidentielle ? Quoiqu’il en soit, si c’est le cas, ce n’est pas sûr que Ali Bongo gagne au change, car la polémique sur la composition pour le moins grotesque du nouveau gouvernement est également entretenue par l’un des partis membres de la majorité présidentielle, en l’occurrence le Rassemblement pour le Gabon (RPG) de Paul Mba Abessole qui s’indigne de n’avoir pas été consulté avant la nomination au poste de ministre délégué auprès du ministre de l’Urbanisme et du Logement, de l’un de ses cadres en la personne de Jean-Robert Endamane. Ce dernier a lui aussi décliné l’offre, pour « vice de forme », même si certains observateurs estiment que c’est plutôt parce que le morceau de viande accroché au bout de l’hameçon n’était pas suffisamment gras qu’il a refusé de le happer. Comme on peut le deviner, la polémique autour de ces nominations ou de ces reculades par réalisme politique, va se poursuivre les jours et les semaines à venir sans qu’on ne sache, a priori, à qui elle va profiter. En tout cas, pas au peuple gabonais qui semble être l’otage de ces politiciens aux convictions à géométrie variable. Espérons que pour une fois, ils auront suffisamment de dignité et de constance pour s’élever au-dessus de leurs intérêts bassement matériels, pour offrir à leurs concitoyens les raisons de croire aux possibilités de changement de l’élite dirigeante dans ce pays mis sous coupe réglée depuis un demi-siècle par une même famille biologique et politique.

Hamadou GADIAGA


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