POLEMIQUE SUR LE NOUVEAU STATUT PARTICULIER DES MAGISTRATS : Le CNDDI appelle à un référendum
Les membres du Centre national pour la démocratie et le développement intégré (CNDDI) étaient face à la presse le 16 décembre 2016 à Ouagadougou. Ils se sont prononcés sur l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat et le nouveau statut particulier attribué aux magistrats.
Les membres du CNDDI souhaitent un référendum sur le nouveau statut particulier des magistrats qui fait des gorges chaudes au sein de l’opinion publique. Ils l’ont fait savoir lors d’une conférence de presse qu’ils ont animée le 16 décembre dernier. « Le nouveau statut particulier des magistrats qui a été adopté fait polémique au sein des Burkinabè. D’ailleurs, c’est celui-ci qui est à la base des grèves intempestives que connaît le Burkina Faso. Donc, nous demandons un référendum, afin que les Burkinabè puissent se prononcer sur la question. C’est la seule manière pour nous de pouvoir concilier le peuple avec sa Justice. Seul le référendum peut nous permettre de savoir s’il faut maintenir ce nouveau statut ou l’annuler », a soutenu la représentante du CNDDI à Dori, Noëli Ouédraogo. Pour elle, la lutte contre la corruption au niveau de la Justice ne passe pas forcément par l’augmentation des salaires des magistrats. « Ce n’est pas forcément en les (NDLR : les magistrats) payant aussi cher qu’ils ne pourront pas être corrompus. D’ailleurs, ils sont des fonctionnaires comme tous les autres agents de la Fonction publique. Ils sont des agents du ministère de la Justice. S’ils estiment que c’est parce qu’ils sont du pouvoir judiciaire qu’ils doivent avoir un traitement de faveur particulier, c’est qu’ils se font des illusions. Moi, je suis un agent du ministère en charge de l’Agriculture qui relève du pouvoir exécutif. A ce titre, je peux aussi estimer que je suis du pouvoir exécutif et par conséquent demander à ce qu’on me traite comme tel », a fulminé Mme Ouédraogo. Pour Inoussa Ouédraogo, président du CNDDI, c’est une injustice criarde qui mérite d’être soulignée. « C’est une injustice dans la Fonction publique, en ce sens que si un magistrat est affecté par exemple à Banfora, il a 900 000 F CFA comme frais de transport. Ce qu’un fonctionnaire de la catégorie plus élevée que lui ne gagne pas. S’il va en mission, il ne perçoit pas les mêmes frais de mission que les autres fonctionnaires de la même catégorie », a-t-il constaté.
Quid de l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat ?
Autre question et pas des moindres abordée à cette conférence de presse, a été l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat et de ses démembrements. En effet, les membres du CNDDI ont relevé qu’au Burkina Faso, beaucoup de citoyens utilisent les véhicules de l’Etat pour leurs propres services. « Nous avons constaté partout au Burkina Faso, surtout dans les grandes villes comme Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Ouahigouya, que les véhicules de l’Etat sont utilisés comme des biens privés. Beaucoup de citoyens utilisent les véhicules de l’Etat pour le transport de leurs enfants à l’école et leur déménagement », a noté le président du CNDDI, Inoussa Ouédraogo. Un état de fait qui témoigne, à son avis, que les Burkinabè ne respectent pas la règlementation en la matière. Car, a-t-il souligné, des textes consacrant l’utilisation des véhicules de l’Etat et de ses démembrements, existent bel et bien. Il s’agit notamment du décret adopté le 26 novembre 2009 et portant règlementation de l’utilisation des véhicules de l’Etat et de ses démembrements qui définit, entre autres, les infractions et les sanctions y afférentes. « Par exemple, si vous êtes un Directeur général (DG) et que vous disposez d’un ordre de mission pour aller à Ouagadougou, en principe vous ne devriez pas embarquer votre mère ou votre belle-mère dans le véhicule avec vous, parce que son nom ne figure pas dans l’ordre de mission », a relevé M. Ouédraogo. Pour les membres du CNDDI, il est temps d’informer davantage les Burkinabè de l’existence des textes relatifs à l’utilisation des véhicules de l’Etat et de ses démembrements en vigueur. Toutefois, ils ont souligné qu’il y a des Burkinabè qui sont conscients de l’existence de ces textes, mais n’en font qu’à leur tête. A ce niveau, il faut sévir, a estimé M. Ouédraogo, pour qui, les textes pris librement doivent être respectés par tous les Burkinabè sans exception.
Mamouda TANKOANO