HomeA la unePOURPARLERS ENTRE BAMAKO ET LES GROUPES ARMES SIGNATAIRES DE L’ACCORD D’ALGER  :  La paix, si proche si loin !  

POURPARLERS ENTRE BAMAKO ET LES GROUPES ARMES SIGNATAIRES DE L’ACCORD D’ALGER  :  La paix, si proche si loin !  


L’accord de paix d’Alger signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord, commence à faire date alors que son application reste encore particulièrement problématique et laborieuse sur le terrain. Pire, au fil du temps, cet accord a progressivement pris du plomb dans l’aile au point de susciter des interrogations quant à son aboutissement heureux. Pourtant, il semble, pour l’heure, un passage obligé pour le retour de la paix au Mali. Cette paix si proche, tant le chemin pour y parvenir semble connu, mais si loin, tant il est parsemé d’embûches. Comment peut-il en être autrement si chacun voit midi à sa porte ? C’est dans ce cadre que le gouvernement malien et les groupes armés signataires dudit accord, étaient en concertation, les 16 et 17 mars dernier à Gao, pour accorder leurs violons en vue de sauver l’accord. Une rencontre qui devait permettre d’intégrer la partie gouvernementale au Cadre stratégique permanent (CSP) créé par les groupes armés du Nord, signataires de l’accord d’Alger, en l’occurrence les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et leurs compères de la Plateforme plutôt proche de Bamako.

 

Dans ce conflit entre frères ennemis maliens,  la sincérité et la bonne foi semblent les choses les moins bien partagées par les protagonistes

 

 

Une adhésion du gouvernement rendue d’autant plus nécessaire que cela devrait permettre à Bamako de garder la main sur les initiatives entreprises par-ci par-là par le CSP, en plus de contribuer au rapprochement des protagonistes pour donner plus de chances de relance à l’accord d’Alger. Ce dernier faisant toujours l’objet de tensions entre les autorités de transition qui ont plus d’une fois exprimé une volonté d’appliquer « intelligemment » ledit accord à défaut d’une relecture, et les groupes armés qui dénoncent une mauvaise foi de l’Etat dans sa mise en œuvre. En outre, ces concertations de Gao paraissent comme la suite logique de « l’Accord de principe de Rome » signé le mois dernier par les protagonistes dans la capitale italienne, à l’issue de discussions organisées par une association italienne.  Un accord censé dissiper les nuages entre le CSP et le gouvernement malien et sceller la réconciliation entre ces acteurs majeurs de la crise au Mali. C’est dire si les pourparlers de Gao sont porteurs d’espoir de remettre le processus de l’accord sur de bons rails, d’autant que l’un des objectifs majeurs, au-delà du rapprochement des protagonistes, est la réactivation du Comité de suivi de l’accord de paix  entré en hibernation depuis de longs mois. Il faut dire que dans ce conflit entre frères ennemis maliens,  la sincérité et la bonne foi semblent les choses les moins bien partagées par des protagonistes agrippés à leurs intérêts égoïstes. Gao valait donc un détour pour le ministre malien de la Réconciliation nationale et pourrait même marquer un tournant. D’autant que la situation reste toujours potentiellement explosive, au regard de l’attitude de certains groupes armés qui demandent aux autorités de faire la preuve de leur engagement.  Pour sûr, une éventuelle reprise des affrontements ne pourrait que plomber davantage le Mali déjà profondément meurtri  par la crise sécuritaire qui reste un défi majeur pour le pays. C’est pourquoi il faut croiser les doigts en espérant que les fruits de sa rencontre avec les groupes armés du CSP, tiendront la promesse des fleurs, celle de replacer l’application de l’accord de paix d’Alger au centre des priorités des Maliens.  Il y va de la réconciliation nationale qui pourrait être le terreau fertile du retour de la paix dans le pays. Cette paix qui est non seulement tributaire du besoin d’entente des Maliens entre eux, mais aussi avec leurs voisins.

 

Nouakchott prend très au sérieux l’affaire des tueries de ressortissants mauritaniens à la frontière avec le Mali

 

 

 Notamment la Mauritanie dont les relations avec Bamako ne sont pas présentement au beau fixe pour une histoire de ressortissants mauritaniens tués à la frontière commune, dans une sombre affaire qui met en cause l’armée malienne. Ce dont Bamako se défend. Quoi qu’il en soit, dans le cadre d’une enquête visant à faire la lumière sur ces événements, une délégation de haut niveau de ce pays voisin séjournait dans la capitale malienne,  au moment où se tenaient les pourparlers de Gao. Ce, après un détour à la frontière commune, pour rassurer les populations : « Nous avons pris des engagements avec le Mali pour que toute la lumière soit faite sur le nombre de morts, par qui et dans quelles circonstances ».  C’est dire si Nouakchott prend très au sérieux cette affaire. Etant donné que les deux pays sont partie prenante de l’enquête, il faut souhaiter que la lumière puisse être faite non seulement dans un esprit de collaboration franche et sincère, mais aussi que cela participe à la décrispation et à la restauration de la confiance entre les deux capitales.  Il y va de l’intérêt de tous.

 

« Le Pays »


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