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Pr ALBERT OUEDRAOGO, ENSEIGNANT-CHERCHEUR  


Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), en partenariat avec l’association Racines, a organisé une conférence portant sur l’ancrage démocratique au Burkina Faso. C’était le mardi dernier, au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). Ladite conférence de presse a été animée par d’éminentes personnalités du monde universitaire, à savoir le professeur Albert Ouédraogo, le Dr Luc Marius Ibriga, le professeur Serge Théophile Balima et le Dr Abdoul Karim Sango.

 

 2 juin 1991-2 juin 2021. La Constitution du Burkina Faso a 30 années d’existence. Que retenir de cette loi fondamentale, gage de l’expression d’une volonté populaire depuis sa promulgation le 11 juin 1991 ? C’est toute l’interrogation qui a drainé du monde dans l’après-midi du mardi 2 juin 2021 dans la salle de conférences du CBC. « Trente ans après le renouveau démocratique : comment repenser les institutions à partir de nos valeurs culturelles ? » Voilà le thème central que les conférenciers du jour étaient appelés à décortiquer au grand bonheur des Burkinabè. A cet effet, le Pr Serge Théophile Balima, modérateur du jour, dès l’entame de la conférence, s’est réjoui de cette initiative du CGD et de l’association Racines. Après cette brève intervention, il a donné la parole au Pr Albert Ouédraogo qui a éclairé la lanterne du public sur comment arrimer les valeurs culturelles aux lois centrales, c’est-à-dire la Constitution. Le professeur a tout d’abord relevé que la Constitution du Burkina Faso était calquée sur des aspirations exogènes, autrement, cette Constitution ne prend pas en compte toutes les sensibilités du Burkina Faso. Il a laissé entendre que « nulle part dans la Constitution, le rôle de la chefferie coutumière n’est défini. La démocratie burkinabè court alors un grand danger avec la marginalisation de la chefferie coutumière ». Et pour Albert Ouédraogo, il urge que le Burkina Faso aille vers une constitutionnalisation de la chefferie coutumière à l’instar d’autres pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, car, prévient-il, les conflits de chefferie menacent la stabilité de nos régions.  Quant au Dr Ibriga, autorisé à se prononcer sur la pratique constitutionnelle au Burkina Faso, il a rappelé que la Constitution du Burkina Faso a connu sept révisions. Pour Ibriga, on note un usage respectueux de la Constitution à travers la prise en compte de certaines mesures procédurales comme la nomination du Premier ministre et le respect du calendrier électoral. Cependant, les gouvernants croient plus à la théorie de l’instrumentalisation du citoyen plutôt qu’à sa soumission aux lois de la République. Quant aux citoyens, ils ne maîtrisent que leurs droits mais ignorent leurs devoirs. Par ailleurs, il a confié que dans le processus de mise sur pied de la 5e République qui devait prendre en compte les aspirations de plus de la soixantaine d’ethnies existant  au Burkina Faso, les chefs coutumiers ont décliné l’offre de se faire constitutionnaliser. Le Dr Abdoul Karim Sango, nouveau président du Parti pour la renaissance nationale (PAREN), a axé son intervention sur les forces et les faiblesses de la démocratie au Burkina Faso. Le président du PAREN a souligné que dans les démocraties libérales, la démocratie se définit et s’applique selon la posture d’Abraham Lincoln, c’est-à-dire « le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple ». Et pour lui, une véritable démocratie se mesure à l’aune de plusieurs indicateurs, notamment la désignation des dirigeants par voie électorale, la séparation des pouvoirs, le pluralisme politique, la liberté de la presse et l’alternance du pouvoir. « Il faut noter que ces critères sont cumulatifs », a-t-il insisté. Pour ce qui est de la démocratie au Burkina Fao, M. Sango exhume quelques anomalies telles la fréquence de la manipulation des lois, la faiblesse des gouvernants, le balbutiement du pouvoir judiciaire. Même si l’on note des progrès dans le processus d’une démocratie véritable, surtout avec une indépendance plus formelle de la justice et une presse de plus en plus libre, du chemin reste à parcourir. Dans cette optique, M. Sango propose l’élection du président du Faso par le suffrage universel indirect, la suppression de certaines institutions comme le médiateur du Faso et le Conseil économique et social. M. Sango a terminé son allocution en plaidant pour l’institutionnalisation de la chefferie, la création d’une seconde Chambre, le Sénat et des lois visant à un meilleur ancrage culturel.

Ben Issa TRAORE

 

 


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