HomeA la unePRE-DIALOGUE TCHADIEN A DOHA AU QATAR : Pourvu que la bonne foi et la sincérité soient au rendez-vous !

PRE-DIALOGUE TCHADIEN A DOHA AU QATAR : Pourvu que la bonne foi et la sincérité soient au rendez-vous !


Les autorités tchadiennes et les politico-militaires tchadiens se sont rencontrés le 13 mars 2022,  à Doha au Qatar, dans le cadre d’un pré-dialogue.  L’objectif de ce rendez-vous est d’accorder les violons pour donner plus de chance de succès au dialogue national qui se tiendra, en principe, le 10 mai prochain, à N’Djamena au Tchad. En attendant de voir de quoi vont accoucher ces pourparlers inter-tchadiens, l’on peut déjà saluer la tenue effective de ce grand rendez-vous. Et le fait qu’il a été repoussé à deux reprises est la preuve, si l’on en avait encore besoin, que le chemin sur lequel les Tchadiens et les Tchadiennes doivent s’engager pour se rabibocher, ne sera pas un long  fleuve tranquille. L’on peut également rendre hommage aux autorités de la transition, avec une mention particulière à leur chef, Deby fils, pour avoir eu la volonté de  tendre la main à des Tchadiens et à des Tchadiennes dont certains ont combattu par les armes, Deby père, jusqu’à ce que ce dernier passe l’arme à gauche de manière violente, le 20 avril 2021.

 

Tout le mal que l’on souhaite aux uns et aux autres, est que Doha leur permette de trouver leur chemin de Damas

 

Dans la même veine, l’on peut saluer les responsables politico-militaires, pour avoir accepté de faire le déplacement de Doha pour prendre langue avec les autorités tchadiennes autour des grands maux qui rongent le pays. Tout le mal que l’on souhaite aux uns et aux autres, est que Doha leur permette de trouver leur chemin de Damas, dans l’intérêt supérieur du Tchad. Car, ce pays a trop souffert et souffre toujours de l’irresponsabilité, de la méchanceté, de la dictature et des aventures politico-militaires de ses fils et filles. En effet, depuis  le premier président, François Ngarta Tombalbaye, en passant par Hissène Habré jusqu’à Deby fils, l’histoire  politique tchadienne s’est toujours écrite en termes de mutineries, d’assassinats et de rébellions. En réalité, la dévolution du pouvoir dans ce pauvre pays, s’est toujours opérée par la kalach et les intrigues de clans et de palais, tant et si bien que le pays a produit peu d’hommes d’Etat. A contrario, le Tchad a enfanté d’illustres et sulfureux chefs de guerre qui, une fois parvenus au pouvoir à travers les méandres de l’histoire, ont apporté la preuve qu’ils n’étaient pas dignes de diriger le Tchad. L’on peut, à titre d’illustration, citer Hissène Habré. Arrivé au pouvoir après une rébellion armée contre Goukouni Weddeye, l’homme avait promis la liberté aux Tchadiens. Au finish, il a transformé le pays en un véritable goulag où la moindre voix discordante valait systématiquement à son auteur, l’exil forcé pour les plus chanceux, et la  mort certaine pour les autres. La suite, on la connaît : son chef d’Etat-major, Deby père, le chassa en plein jour, de N’Djamena. Lui aussi a fini par s’illustrer comme un prédateur des libertés et des droits humains. Le fils qui a succédé au père après l’assassinat de ce denier, est aujourd’hui à la tête du pays.

 

Le dialogue national du 10 mai prochain à N’Djamena, représentera un autre pas

 

On peut certes être irrité contre la manière dont la dévolution du pouvoir a été opérée, mais l’on peut se permettre d’encourager Deby fils dans son noble projet de se rabibocher avec les groupes politico-militaires, y compris ceux auxquels on attribue, à tort ou à raison, la mort de son père. Que Deby fils s’inscrive aujourd’hui dans une logique d’apaisement et de réconciliation nationale avec les responsables politico-militaires, est un acte qui le grandit, et au-delà de sa personne, c’est tout le pays qui pourrait en sortir grandi. Mais pourvu que les uns et les autres fassent preuve de bonne foi et de sincérité tout au long de ce pré-dialogue ! Pour le moment, il a été suspendu pour reprendre dans 72 heures. Il reste à souhaiter que cette suspension soit mise à profit pour lever les obstacles qui pourraient se dresser sur la voie de la refondation et de la vraie réconciliation du pays. Rien que la présence à ces pourparlers, d’un chef de guerre comme Timane Erdimi, cousin mais ennemi juré de Feu Idriss Deby devant l’Eternel,  peut donner des motifs d’espoir au peuple tchadien, quant à la possibilité, pour leur pays, de s’affranchir de son passé politique douloureux, pour envisager le présent et l’avenir avec plus de sérénité. Dans cette perspective, Doha représente un pas. Le dialogue national du 10 mai prochain à N’Djamena, représentera un autre pas. Le dernier pas de ce voyage vers la concorde nationale et la paix, doit être posé par l’ensemble du peuple tchadien. Mais d’ores et déjà, Deby fils doit se convaincre que la gouvernance du Tchad n’est pas l’affaire exclusive des Zaghawas, encore moins celle du clan Deby. C’est pourquoi il serait bien inspiré de ne pas s’accrocher au pouvoir, comme l’a fait son père et travailler à inscrire le Tchad dans la logique de l’alternance et de la démocratie.  Cela est  la condition sine qua non d’une paix et d’une réconciliation durables.

 

« Le Pays »


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