HomeA la unePREMIERE REUNION DIFFICILE DU COMITE DE SUIVI : Un mauvais présage pour l’accord de paix

PREMIERE REUNION DIFFICILE DU COMITE DE SUIVI : Un mauvais présage pour l’accord de paix


 

La signature de l’accord de paix par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) le 20 juin dernier à Bamako, a été un ouf de soulagement pour tous ceux qui œuvrent pour le retour définitif de la paix au Mali. Mais contre toute attente, l’encre n’aura pas eu le temps de sécher que des querelles de leadership font leur apparition au sein de certains groupes armés. En effet, au lieu de cinq personnes par délégation comme convenu pour assister à la première réunion du comité de suivi de l’accord d’Alger, certaines des délégations en comptaient quinze. Ces  divergences qui ont éclaté au grand jour à l’intérieur même des groupes armés constituent, à n’en point douter, un mauvais présage pour cet accord de paix qui a été pourtant signé en grande pompe. Certes, il s’agit pour l’instant d’un manque de cohésion entre des personnes de mêmes groupes, mais cette brèche interne pourrait fragiliser l’accord qui vient d’être signé. En vérité, on savait plus ou moins que l’application de cet accord n’allait pas être une mince affaire. Ce d’autant plus que la CMA l’a signé presque le couteau sous la gorge. Et lorsqu’un bébé est né par césarienne, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il grandisse sans difficulté. S’il y a de l’eau dans le gaz  au sein de certains groupes,  cela  est sans nul doute lié au fait que chaque groupe ethnico-politique du Nord souhaite se faire représenter. Mieux, chacun veut jouer les premiers rôles. Faut-il le souligner, le Nord Mali est habité par une mosaïque de peuples, si bien qu’il est difficile pour un seul groupe ethnique de s’arroger le droit de défendre les intérêts de l’ensemble des ethnies. Ce faisant, il est   compréhensible qu’aucun groupe ethnique ne veuille qu’on le mette à la marge ou qu’on le considère comme la cinquième roue du carrosse.

Le moindre couac est à prendre au sérieux

En tout état de cause, si les acteurs veulent que l’accord d’Alger soit viable, constitue le ciment de la paix, il faudra que chacun fasse violence sur soi-même, que chacun renonce à ses intérêts personnels en privilégiant l’intérêt supérieur. C’est seulement à ce prix que le Mali retrouvera une paix définitive. D’ailleurs, comme l’adage le dit, on ne fait pas la paix avec ses amis mais avec ses ennemis. Cela dit, si les différents groupes qui se regardaient hier en chiens de faïence en sont arrivés aujourd’hui à apposer leur signature au bas d’un document, ce qui, du reste, était impensable il y a un an, ce ne sont pas les acteurs d’un même groupe qui ne parviendraient pas à fumer le calumet de la paix. A moins que ces divergences ne soient suscitées à l’intérieur par la CMA elle-même, dans le but de remettre en cause l’accord de paix. Cela n’est pas à exclure car, on le sait, ces renards du désert qui ont plus d’un tour dans leur sac, sont capables de tout. Ils ont certes signé par leur main, mais est-ce qu’ils l’ont fait avec le cœur ? Thas is the question. On ne le sait que trop bien, les rebelles touaregs ont longtemps rusé avec l’accord d’Alger avant de le signer, si bien que le moindre couac qui surgit de leur côté est à prendre au sérieux. Et sans jouer les Cassandre, ces querelles de leadership qui auront marqué la première réunion du comité de suivi de l’accord d’Alger ne sont certainement pas les dernières. En tout cas, les acteurs qui se sont investis pour que l’accord d’Alger soit signé par tous les belligérants, doivent commencer à prier pour que cet accord ne connaisse pas le même sort que les précédents. Espérons que la visite du ministre français de la Défense, Jean Yves le Drian, dans ce pays en proie aux attaques terroristes, permettra d’éteindre l’incendie avant qu’il ne devienne un véritable bûcher  ardent qui consumera l’accord d’Alger. Le bras armé de Hollande doit peser de tout son poids pour que le président Ibrahim Boubacar Kéita qu’il a félicité pour la signature de l’accord de paix, ne tronque tout de suite sa tenue de fête contre celle du  deuil.

Dabadi ZOUMBARA


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