HomeA la unePRESIDENTIELLE AU BENIN : Patrice Talon en roue libre

PRESIDENTIELLE AU BENIN : Patrice Talon en roue libre


A quelque trois mois de la présidentielle du 11 avril prochain au Bénin, l’opposition qui est mal partie pour une participation conséquente avec la question des parrainages, fourbit ses armes. C’est dans ce cadre que s’est mis en place un front de l’opposition contre le président Patrice Talon, mené par le parti Les Démocrates de l’ex-président Boni Yayi, en intelligence avec deux autres partis que sont la Dynamique unitaire pour la démocratie et le développement (DUD) de Valentin Houdé et la Grande solidarité républicaine (GSR) de Antoine Guédou. Le mouvement du constitutionnaliste Joël Aivo qui est aussi partie prenante de l’alliance, se veut, à entendre ce dernier, ni plus ni moins qu’un croisé de la démocratie au pays du Vaudou. La question qui se pose est de savoir ce que peut encore l’opposition politique dans un pays où le processus électoral semble verrouillé par le chef de l’Etat que l’on voit venir, pour triompher sans coup férir. La question est d’autant plus opportune que l’on se demande si avec le verrou des parrainages pour la présidentielle, le combat n’est pas perdu d’avance pour le Front pour la restauration de la démocratie, ainsi qu’il s’est baptisé, qui veut faire de l’alternance son cheval de bataille.

D’autant que la Cour constitutionnelle dont les décisions sont connues pour être sans appel, statuant sur des recours de citoyens et d’opposants qui demandaient l’inapplicabilité de l’exigence des parrainages, s’est récemment déclarée « incompétente ». Sans oublier que des poids lourds que sont l’Union sociale libérale de Sébatien Ajavon et Restaurer l’espoir de Candida Azanaï, ne sont pas encore dans les rangs. D’autres candidats ont vu leurs dossiers invalidés, faute de parrains. C’est dire s’il en faut plus pour faire plier le président Talon déjà en pré-campagne déguisée à l’intérieur du pays, et qui donne finalement l’impression d’avoir choisi ses adversaires à la prochaine présidentielle. Comment peut-il en être autrement quand on sait qu’il a jusque-là fait la sourde oreille aux interpellations de l’Eglise catholique sur la question, pas plus qu’il n’a daigné accorder de l’importance à la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples qui s’était prononcée en faveur d’une annulation desdites réformes constitutionnelles pour mieux répondre à l’inclusivité du scrutin et ouvrir davantage la compétition électorale ? Avec une Assemblée nationale monocolore issue de législatives biaisées, la question principale à se poser reste la suivante : où trouver, pour les candidats de l’opposition, les parrainages nécessaires à la validation de leurs candidatures à la présidentielle ?

Le fait est que même si des députés du pouvoir devaient donner leurs parrainages à l’opposition pour permettre à ses candidats de participer à la compétition, dans le fond et dans la forme, il y a à redire sur ce procédé. Car, non seulement cette démarche pourrait être empreinte de condescendance, mais aussi elle pourrait se faire à la tête du client.  Cela est malsain pour la démocratie. Car, la participation de l’opposition à ce scrutin, oh combien important, ne doit nullement et en aucune façon ressembler à une faveur du parti au pouvoir encore moins à un acte de magnanimité du chef de l’Etat. Surtout pour ce pays précurseur des conférences nationales sur le continent africain, qui se voulait la vitrine  de la démocratie dans la sous-région, laquelle vitrine s’est brisée.

 « Le Pays »

 


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