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PROCES DE BOSCO NTAGANDA


 Terminator échappera-t-il au glaive de la CPI ?

Lentement mais sûrement, le procès de l’ex-rebelle congolais, Bosco Ntaganda, tire vers sa fin. En effet, les dernières plaidoiries de l’accusation et de la défense se sont déroulées du 28 au 30 août dernier devant la Cour pénale internationale (CPI) à laquelle revient désormais la responsabilité de déterminer la culpabilité ou non de l’accusé. Rappelons, si besoin en était encore, que Bosco Ntaganda a plaidé non coupable pour 13 crimes de guerre et 5 crimes contre l’humanité. Surnommé Terminator, ce général congolais est accusé d’avoir commandité, programmé et planifié des meurtres, des viols d’enfants soldats et des pillages commis par ses troupes, entre 2002 et 2003 en Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC). C’est au regard de cette longue liste de crimes que l’on se pose la question suivante : Terminator échappera-t-il au glaive de la CPI ? On attend de voir. Mais en attendant, on est en droit de  penser qu’il est difficile pour ce bourreau, qui encourt une peine de 30 ans de prison ferme, de s’en tirer à bon compte. Même s’il peut bénéficier de circonstances atténuantes, il n’en demeure pas moins que la responsabilité de l’homme dans le conflit qui aura fait 60 000 morts selon certaines ONG, reste entière, en ce sens qu’il aura donné des ordres sur le terrain, pour que ses soldats commettent les pires atrocités. Si le doute sur la condamnation ou non de Terminator est permis, l’on ne saurait, cependant, douter du fait que Ntaganda est loin d’être un enfant de chœur. Et cela, plus d’un Congolais le sait tout autant que la CPI elle-même. En tout cas, c’est peu dire que cette juridiction a entre ses mains un des sanguinaires de la pire espèce du XXIe  siècle sur le continent noir.

La CPI se doit d’œuvrer à ce que le droit soit dit

Autant dire que sa condamnation éventuelle serait un ouf de soulagement pour les victimes, mais aussi pour l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme. Cependant, s’il y a des raisons objectives de penser que Terminator pourrait être puni pour ses nombreux crimes, il ne faut pas non plus écarter toute possibilité de relaxe. La relaxe inattendue de l’autre ex-chef rebelle congolais, Jean Pierre Bemba, nous enseigne qu’en matière de justice, il ne faut pas tomber dans l’optimisme béat. Toute décision inattendue de justice peut constituer une jurisprudence. Et il n’est pas exclu que les avocats de Ntaganda qui se battent depuis trois ans que dure le  procès, se servent de cette jurisprudence pour obtenir la relaxe pure et simple de leur client, surtout que ce dernier n’a jamais reconnu les faits à lui reprochés. C’est dire que si Terminator en venait lui aussi à échapper à la Justice, beaucoup de citoyens seraient amenés à se poser des questions sur l’indépendance et l’utilité de la CPI. Mais doit-elle, pour autant, prononcer une sentence contre Ntaganda, juste parce qu’elle veut coûte que coûte soigner son image quelque peu écornée dans l’affaire Bemba ? Ne dit-on pas qu’un verdict rendu sur la base d’autres considérations que celles portant sur le droit, ne rend pas service à la Justice ni à l’humanité ?  Il peut certes, soulager la conscience des parents des victimes, mais ne constituera pas un ciment pour la réconciliation et la paix. C’est en cela qu’après les plaidoiries des deux parties, accusation et défense, la CPI se doit d’œuvrer à ce que le droit, rien que le droit, soit dit.

Dabadi ZOUMBARA 

 


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