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PROCES DE JACOB ZUMA


Le 19 juillet 2021, l’ex-président sud-africain, Jacob Zuma, déjà incarcéré pour outrage à la Justice, a comparu virtuellement devant le tribunal de Pietermaritzburg pour répondre de 16 chefs d’accusation de fraude, corruption et racket lié à l’achat, en 1999, de matériel militaire auprès de cinq sociétés d’armement européennes alors qu’il était vice-président. L’homme est accusé d’avoir empoché un pactole de 235 000 euros  soit 4 millions de rands du groupe français Thales qui était l’une des entreprises attributaires du juteux contrat d’une valeur globale d’environ 2,8 milliards d’euros.  Cette comparution en première instance n’est que le début d’une saga judiciaire qui devrait traîner devant les tribunaux, l’ancien et sulfureux  dirigeant de l’ANC sur qui pèsent de nombreuses autres affaires.  Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut saluer la fermeté de la Justice sud-africaine qui n’a pas cédé à la pression de la rue. L’on se souvient que l’incarcération de l’ex-président avait été le déclencheur d’une série de violences et de pillages dont le bilan humain s’est chiffré à plus de 200 morts. L’on peut d’ailleurs encore craindre que le procès qui s’est ouvert en début de semaine, ne donne lieu à d’autres échauffourées susceptibles de mettre à rude épreuve la précaire accalmie qui s’est instaurée avec le déploiement de l’armée dans les rues et les arrestations massives qui s’en sont suivies. En effet, les partisans de l’ex-président continuent d’appeler à la mobilisation pour arracher des filets de la Justice, leur idole. Mais pour l’instant, ce n’est que peine perdue, la Justice, sud-africaine que Zuma a longtemps narguée tenant à lui faire rendre gorge en étalant au grand jour ses draps sales.

Cela dit, l’on peut regretter que dans le contexte de pauvreté endémique qui prévaut en Afrique du Sud, le procès de Zuma qui n’en est qu’à ses débuts, coûte déjà si cher au contribuable.

 

L’ANC doit se saisir de ce procès pour faire son autocritique

 

 

En effet, en plus des pertes liées aux pillages et aux violences, l’Etat est contraint, à coup de millions, de faire camper dans la rue, l’armée et de  déployer près de 25 000 policiers pour contenir les émeutiers. Mais, il faut le dire, ce procès est un mal nécessaire en raison de son importante valeur pédagogique. Il sert, en effet, de leçon à tous les dirigeants   africains qui marquent leur passage au sommet de l’Etat par des frasques. Ils ont là l’occasion de savoir qu’ils ne seront pas à l’abri et qu’ils devront tôt ou tard répondre de leurs actes. Mais ce procès constitue en particulier un coup de semonce pour l’ANC.  En effet, depuis la disparition de Madiba, les dirigeants de l’ANC ont mis tout leur génie politique dans la perpétuation des inégalités sociales héritées du régime ségrégationniste  des Blancs. En d’autres termes, ils ont fait de l’apartheid sans les Blancs. Usant du pouvoir politique comme d’un marchepied vers les richesses de l’Etat, ils ont creusé un fossé abyssal entre eux et les populations à la base. Jacob Zuma n’est que l’incarnation parfaite de cette gouvernance en rupture avec les préoccupations du peuple à travers les multiples scandales financiers qui ont éclaboussé tout son passage au sommet de l’Etat sud-africain. Pour illustrer ces frasques, l’on peut citer, entre autres, l’affaire de la villa privée de Nkandla, l’autorisation accordée à la famille Gupta, du nom d’un riche homme d’affaires sud-africain d’origine indienne, pour l’utilisation d’une base militaire à des fins privées, les pots-de-vin dans l’affaire Thint Thomson-CSF, pour ne citer que celles-là. Pendant ce temps, le peuple abandonné à son triste sort, est en proie à une pauvreté endémique. 7,2 millions de Sud-Africains sont au chômage soit 32,5 % de la population. L’occasion faisant le larron, l’ANC doit se saisir de ce procès pour faire son autocritique. Car,  l’Afrique du Sud a besoin d’une refondation qui puisse redéfinir non seulement un nouveau pacte social entre les dirigeants et leur peuple, mais surtout qui réorganise de façon équitable la redistribution des richesses nationales.

 

SAHO


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