HomeA la unePROCES DE LAURENT GBAGBO ET DE CHARLES BLE GOUDE : Lâcheté, rhétorique et mauvaise foi comme armes de défense

PROCES DE LAURENT GBAGBO ET DE CHARLES BLE GOUDE : Lâcheté, rhétorique et mauvaise foi comme armes de défense


Après la défense du maître, Laurent Gbagbo, c’était au tour de celle de l’élève, Charles Blé Goudé, le 2 février dernier, de procéder à sa déclaration d’entrée en scène. A cette occasion, le principal concerné a pris la parole. Et l’on peut d’ores et déjà faire les 3 constats suivants. Le premier est que l’on est toujours rattrapé par son passé. Ce grand enseignement s’adresse en particulier aux princes qui nous gouvernent. Ceux d’entre eux qui, dans leur pays, se sont arrogé le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes, à la manière du Roi Soleil, Louis XIV, doivent profiter du procès de Laurent Gbagbo pour se livrer ici et maintenant à une véritable introspection, au lieu de fermer les yeux pour ne pas voir leur ancien collègue ivoirien dans le box des accusés de La Haye.

La honte du vautour est celle de tous les oiseaux

Est de ceux là, le maître absolu de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema. En effet, ce dernier, visiblement agacé de voir un ancien président « humilié » par la Cour pénale internationale (CPI) et inquiet que cela ne participe à déconstruire l’image de demi-dieu des têtes couronnées de nos tropiques au sein des populations, a purement et simplement interdit la retransmission du procès sur les médias publics dans « son royaume ». Et dans sa logique, il a raison. Car, ne dit-on pas que la honte du vautour est celle de tous les oiseaux ? Et dans le cas d’espèce, le vautour n’est pas n’importe qui. Il a porté pendant une décennie une couronne d’ivoire. Le deuxième constat est que la Côte d’Ivoire est entrée dans un cycle de procès. En effet, pendant que Gbagbo et Blé Goudé font face aux juges de la CPI pour répondre de leurs actes, leurs sicaires sont priés de s’expliquer sur les bords de la lagune Ebrié dans le cadre de l’assassinat du « balayeur balayé », Robert Gueï. Le troisième constat est que tous plaident non coupables face aux charges retenues contre eux. Et cela, peut-on dire, est l’aspect le plus déroutant de ces procès. Cela dit, et pour revenir au type d’armes dont ont fait usage les défenses de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé, l’on peut dire ceci. Les deux donnent l’impression d’avoir bu à satiété à la source de Corax, du nom du fondateur de la première école de Rhétorique. C’était au VIe  siècle avant Jésus-Christ. Corax disait à ses premiers élèves, Tisias et Gorgias ceci : « celui qui s’inscrit dans mon école ne doit pas avoir peur d’affronter les tribunaux ». De manière générale, la défense de Gbagbo et celle de Blé Goudé sont dignes de Corax. Mais en particulier, celui qui donne le plus l’impression de maîtriser le plus la rhétorique, c’est-à-dire, l’art de convaincre par la magie du verbe sans avoir forcément raison est, de toute évidence, celui qui, pendant 10 ans, haranguait les foules pour le compte de la chapelle de Laurent Gbagbo, en l’occurrence, Charles Blé Goudé. Le moins que l’on puisse dire est que sa déclaration d’ouverture a tenu toutes ses promesses en termes d’éloquence et de proverbes appropriés au contexte. Pour sûr, Blé Goudé est un grand maître de la rhétorique et un magicien du verbe. Cela, en d’autres circonstances, aurait été perçu comme une qualité et salué à sa juste valeur. Mais dans le cas d’espèce, la rhétorique utilisée par Blé Goudé est digne des pharisiens. En effet, elle s’est mise, peut-on dire, au service de la lâcheté et de la mauvaise foi. Blé Goudé n’est certainement pas coupable de tous les pêchés d’Israël. Mais il doit avoir le courage d’assumer tout son passé. Il n’a peut-être pas égorgé de ses mains ou allumé des bûchers ardents pour rôtir des Ivoiriens, mais c’est tout comme. Pour avoir employé certains mots et phrases assassins, il n’a pas manqué d’endurcir le cœur des auteurs de ces actes. Et Jean-Paul Sartre avait bien raison de considérer les mots comme des « pistolets chargés ». Ils peuvent faire mal. D’ailleurs, ceux qui utilisent les mots qui conditionnent les esprits fragiles à violer et à massacrer, sont de notre point de vue, plus criminels que ceux qui s’en sont inspirés pour laisser libre cours à leur instinct de tueur sans état d’âme.

Blé Goudé et Laurent Gbagbo semblent frappés d’amnésie

Charles Blé Goudé, ce sophiste hors pair, devrait au moins avoir le courage et la décence de reconnaître sa part de responsabilité dans les massacres liés à la crise post-électorale. Au lieu d’avoir cette posture face aux juges de La Haye, il a choisi d’utiliser ses talents de tribun pour faire systématiquement dans la dénégation et dans la mauvaise foi. Et ces bouts de vidéo qu’il a minutieusement sélectionnés pour apparaître sous les dehors d’un ange et d’un homme pacifique montrent qu’il a choisi de réécrire l’histoire en la tronquant. Heureusement qu’il en faut plus pour déstabiliser et induire les juges en erreur ; eux qui, au bout du compte, doivent fonder leur décision sur la base des faits et aussi et surtout, sur la base de leur conviction intime. Toutefois, l’on peut reconnaître que Charles Blé Goudé a déjà gagné la guerre de l’opinion et a contribué à mettre à nu certaines failles de la CPI. La faille la plus béante est que pour le moment, la CPI fait fi de l’équilibre dans le traitement de la crise ivoirienne. A cela, il faut ajouter que le grand oral de Charles Blé Goudé a été suffisamment révélateur des accointances extérieures évidentes dont a bénéficié ADO dans sa marche vers le pouvoir. Mais cela n’enlève rien au fait que sa stratégie de défense est une insulte à la mémoire de tous ceux dont la mort, pendant la crise électorale, peut être imputée au camp Gbagbo au service duquel il a mis la puissance de sa rhétorique. C’est pourquoi l’on peut plaindre davantage les victimes dont certaines ont commencé à égrener les supplices dont elles ont été l’objet, justement du fait de Blé Goudé et de son mentor Laurent Gbagbo, qui, aujourd’hui, semblent frappés d’amnésie au point de donner l’impression que pendant que l’on tuait et égorgeait à tour de bras, ils étaient sur une autre planète alors que c’est eux qui détenaient bel et bien le pouvoir.

« Le Pays »


Comments
  • Qui signe un tel torchon ou bien je rêve? Toujours des idiots, qui ne savent pas autre chose qu’emboucher la trompette pour claironner ce que la france a dit ou a écrit.

    4 février 2016
  • C’est vraiment dommage le parti pris manifeste que semble adopter votre journal a l’encontre de la defense de Gbabo et de Ble Goude. Le role nefaste joue par l’ancien president du Faso dans la destabilistaion de la CI aurait du vous emmener a un peu plus de moderation et d’humilite. Combien de morts y a t’il eu dans le conflit ivoirien? est ce seulement ces 2 qui sont responsables de ces crimes odieux. L’ancien President du Burkina et son entourage ont profite de la crise en CI pour s’enrichir. A aucun moment votre journal n’a denonce le role nefaste joue par votre ancien President pour detruire la CI. La sagesse aurait commande que vous vous taisiez et laisser les journaux de pays neutres commenter sur le deroulement de ce proces.
    Merci

    4 février 2016
  • Il faut reconnaître à Gbagbo le mérite d’avoir consenti des concessions. N’oublions pas que Guillaume Soro le rebel a été son 1er ministre. Le drame de la CI, c’est aussi Bédié et Guei.

    4 février 2016
  • Cela n’est pas un article journaliste mais une propagande anti-Gbagbo et anti-Ble Goudé. Aucune analyse critique. La dialectique est une qualité fondamentale dans la réussité d’un article journalistique. Mais pour vous, il n’y a que des diables d’un côté (Gbagbo et son camp) et des anges de l’autre côté ( Ouattara et sa suite). Franchement décevant comme analyse.

    4 février 2016
  • Cher Editeur de LEPAYS,

    A moins d’une ignorance etablie de la situation veritable en Cote d’Ivoire a partir de 2002, il est difficilement comprehensible que vous puissiez affirmer que MM. Gbagbo et Ble Goude recourent a la lachete et a la rhetorique comme armes de defense a la CPI.
    Vous n’ignorez pas que Ouattara est a l’origine de la destruction des biens et des massacres des populations en Cote d’Ivoire. Vous n’ignorez pas qu’il est le soutien officiel voire le parrain legal des forces nouvelles dont l’actuel chef de son cenacle ivoirien, M. Soro, etait le porte-parole avec la base arriere fut bel et bien le Burkina Faso et son gouvernement national dirige par Compaore Blaise. Vous n’ignorez pas non plus que du fait des forces nouvelles soutenues militairement et logistiquement par la France et en hommes par le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Guinee Conakri, la Cote d’Ivoire etait divisee en deux zones: Nord et Sud. Tout cela pour evincer le gouvernement de M. Gbagbo etabli democratiquement a Abidjan.
    Vous savez que meme si en reaction le camp Gbagbo a tue civils innocents et responsables de ses troubles de septembre 2002, consequence du pouvoirisme sanguinaire de Ouattara et de sa femme juive au service des grandes puissances dont la France, pourquoi vous entetez-vous de charger quelqu’un qui a fait face a une coalition de forces ennemies alors que vous devriez plutot plaindre la cause de ces deux africains victimes de la surannee politique esclavagiste de l’occident avec sa justice des vainqueurs.
    Comment vouloir accabler un homme, si grand ou petit soit-il, deteste, torture et denigre par les puissants de ce monde au pretexte qu’il a voulu se defendre legitimement d’une agression?
    Vraisemblablement, vous fermez vos yeux sur les crimes odieux et la nature diabolique de Ouattara parce que c’est votre compatriote et que Gbagbo est un etranger de votre point de vue.
    Vous auriez du faire la meme chose contre le President Pascal Lissouba, attaque, agresse et envahi par les troupes angolaises et des mercenaires rwandais, tchadiens, marocains, etc. Et au bout du compte, le dictateur Sassou Nguesso, auteur d’un genocide au Congo, est le premier d”accuser la victime Lissouba. Voila la Cote-Ivoire, une autre version de l’histoire du Congo-Brazzaville. Il est important d’avoir de la coherence par rapport a une logique, meme si elle nous dessert en partie. Rester coherent a la raison et a la bonne logique. Voila qui fait la dignite de l’homme veritable. LAMBA HISSA

    4 février 2016
  • BLé GOUDE acteur comme tout le monde dans ce front ivoirien. historien nationaliste comme BAGBO, il s’est forcé d’éclaire ses concitoyens des frasques politico- militaires de la France dont la finalité est une France qui gagne. de même que tout français pense à la France d’abord, Blé GOUDE n’est coupable que son engagement politique et patriotique. dans son combat Anti Allasane, il s’est évertué à montrer les méfaits de la double nationalité de celui. en clair, celui qui bénéficie d’une nationalité peut se prévaloir ‘un patriotisme conséquent. il utilise l’une ou l’autre nationalité contre l’une ou l’autre nation au gré de ses intérêts. les preuves courent tous les jours et il semble que Blaise COMPAORE veut se prévaloir de sa nationalité ivoirienne d’adoption pour se protéger de sa nationalité de naissance ou de territoire burkinabé. aussi soutiens-je le projet de déchéance de nationalité au patriote douteux par association de malfaiteurs contre sa patrie.

    5 février 2016
  • Parti pris manifeste aucune analyse digne d’un journal de votre trempe les diables d’un côté et les anges de l’autre franchement c’est lamentable pitoyable et dégueulasse..Next

    8 février 2016

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