HomeOmbre et lumièrePROCES Du PUTSCH MANQUE « C’est dans la cellule qu’occupait Blé Goudé que j’étais gardé », Mohamed Lahoko Zerbo

PROCES Du PUTSCH MANQUE « C’est dans la cellule qu’occupait Blé Goudé que j’étais gardé », Mohamed Lahoko Zerbo


L’instructeur commando de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo, était à la barre le 25 janvier 2019 pour son audition complémentaire. Il est poursuivi pour attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation volontaire aggravée de biens. Réfugié en Côte d’Ivoire après le putsch manqué du 16 septembre 2015, il avait été arrêté le 20 novembre 2016 à Abidjan par des éléments de la Direction de surveillance du territoire ivoirien (DST) avant d’être transféré à Ouagadougou suite au mandat d’arrêt international lancé par l’Etat burkinabè. L’accusé maintient ses propos tenus à la barre en juin 2018 dernier, mais rejette les accusations faites par certains de ses co-accusés. Il dit avoir été torturé par les services secrets ivoiriens lors de son interpellation.

Appelé à la barre pour son interrogatoire complémentaire, le sergent-chef Mohamed Lahoko Zerbo est resté sur ses premières dépositions qui ont consisté à plaider non coupable par rapport aux accusations d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires et dégradation volontaire aggravée de biens. Mais il rejette en bloc les accusations de ses supérieurs hiérarchique et co-accusés faites, à la barre. « Je suis un commando qualifié et confirmé mais je ne suis pas invisible. Je ne suis pas indiscipliné », a-t-il dit. Si j’étais invisible, je ne serais pas à votre barre, a fait observer avant de rappeler les distinctions, lettres de félicitation, prouesses réalisées au sein de la grande muette. « J’ai reçu 12 lettres de félicitations et cinq médailles », dit-il. Cependant, il a refusé de répondre aux questions relatives au procès-verbal de la Direction de surveillance du territoire ivoirien (DST). «Pour revenir au PV, je ne voulais pas dire certaines choses mais je suis maintenant obligé de le faire », a-t-il dit avant de relater les conditions dans lesquelles il a été interpellé. A l’en croire, ceux qui l’ont interpellé ont eu du mal à le reconnaître parce qu’il s’était déguisé pour tromper la vigilance de ces derniers. Quand il a été interpellé après deux tentatives, il fut menotté, endormi sous l’effet d’un produit dont il refuse de donner le nom. « J’ai été torturé quand on m’a arrêté. C’est dans la cellule qu’occupait Blé Goudé que j’étais gardé nu et c’est dans un bidon d’eau divisé en deux que je déféquais dans l’un et pissais dans l’autre », a révélé l’accusé. Les déclarations contenues dans le procès-verbal n’étaient rien d’autre que pour contenter les enquêteurs ivoiriens qui, du reste, avaient été téléguidés par le parquet militaire. Pire, le parquet a transmis à la Côte d’Ivoire des informations qui, en principe devraient rester secrètes. Faux, rétorque le parquet qui dit avoir fait les choses conformément aux textes internationaux. « Quand un mandat d’arrêt est lancé, il y a «un minimum d’informations sur l’intéressé afin qu’on puisse le retrouver ». Il s’agit notamment du profil de la personne et sa photo. Mais qu’à cela ne tienne, c’est l’accusé lui-même qui a donné des informations telles que son parcours complet au sein de l’armée, ses différents chefs. Ce que rejette l’accusé. Suspendues peu après 14h, les auditions reprennent ce jour lundi 28 janvier 2019 avec les auditions de 10 témoins. Il s’agit, entre autres, de Rasmané Ouédraogo dit Raso, comédien, Noël Sourwèma du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). A noter que l’audition du général Djibrill Bassolé reprendra lorsque ses avocats auront réintégré la salle d’audience, a indiqué le président du Tribunal militaire.

Issa SIGUIRE


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