HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE : Quand Bassolé refuse de répondre aux questions des avocats de la partie civile

PROCES DU PUTSCH MANQUE : Quand Bassolé refuse de répondre aux questions des avocats de la partie civile


L’audition du Général Djibrill Bassolé s’est poursuivie ce 8 janvier 2019 dans la salle d’audience du Tribunal militaire. Pour l’essentiel de cette journée, le Général n’a pas voulu répondre aux questions des avocats de la partie civile à qui il demande de patienter pour les réponses aux questions, quand ses avocats prendront la parole.

 

Lorsque le procureur militaire aborde une conversation téléphonique du Général le 25 septembre 2015 dans laquelle il confiait qu’« il y a un noyau dur qui tient quand même », ce « noyau dur », de son avis, est un groupe d’éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui était encore contre le désarmement du corps. Une conversation téléphonique qui, de l’avis du parquetier, vaut attestation de complot que le Général tramait en vue d’une déstabilisation du pays,  étant entendu que le désarmement du RSP avait commencé. C’est là que le Général estime que le parquet entre enfin dans le vif du sujet. Il fait observer que l’attentat contre la sûreté de l’Etat a commencé le 16 septembre, et qu’il ne voit pas le rôle qu’il a pu jouer dans les évènements dans la fourchette de temps du 25 au 29 septembre 2015, d’autant plus que, pour lui, dès le 21 septembre, le Général Diendéré a manifesté sa volonté de remettre le pouvoir aux autorités de la Transition. Me Bertrand Repolt, un des conseils de l’accusé, ne comprend pas qu’on demande à son client de se prononcer sur des éléments sonores dont l’origine est inconnue. Il soutient qu’il appartient au tribunal de répondre à des questions fondamentales non traitées par le juge d’instruction, l’arrêt de renvoi et la chambre de contrôle de l’instruction. Pour l’avocat français, aucune valeur probante ne peut être attachée à ces éléments sonores qui ne sont pas, dit-il, des moyens d’administration de la preuve légalement admissible. Il trouve donc légitime le refus de l’accusé de ne pas répondre à une quelconque question des avocats de la partie civile à cet effet. Lorsque Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile, prend la parole et s’adresse au Général, celui-ci demande à savoir avant tout «  la partie civile qu’il défend ». L’avocat lui dit que cela n’a pas d’importance. Réaction du Général : « Il n’y a aucune importance à ce que je réponde à vos questions. » L’avocat poursuit tout de même avec ses questions, ce qui laisse de marbre le Général Bassolé. Il fait observer que le Général a communiqué avec le commandant Damiba qu’il dit ne pas connaître pourtant, et rappelle que tous les chefs de corps des garnisons ont fait mouvement sur Ouagadougou pour mater le putsch, à l’exception du Commandant Damiba. Ce qui est troublant, selon l’auxiliaire de justice pour qui l’appel du Général avait pour but de soutenir ou appuyer militairement les acteurs du putsch, en plus, relate-t-il, des soutiens financiers que le Général a pu leur apporter. Il conclut qu’une écoute sauvage ou illégale ne peut pas être fabriquée.

« On est dans le procès du RSP et des écoutes téléphoniques »

 

Les avocats de l’accusé ont produit une pièce versée au dossier, à savoir le recours à la Cour de justice de la CEDEAO où le Général et ses conseils font observer à la Cour que l’Etat burkinabè a porté atteinte à la vie privée du Général par l’enregistrement de conversations privées alors que ce procédé est illégal, à leur avis. Me Prosper Farama, lui aussi avocat de la partie civile, prend le relais de son confrère Kam, pour poser des questions précises sur des aspects précis relatifs aux enregistrements téléphoniques. Une série de questions auxquelles le Général n’a daigné donner la moindre ébauche de réponse. L’avocat se résout alors à faire observer que le recours formulé par le Général devant la Cour de justice de la CEDEAO est en soi une reconnaissance par l’accusé, des écoutes téléphoniques. Les avocats Séraphin Somé, Pierre Yanogo, Awa Sawadogo, tous de la partie civile, ont beau questionner le Général, en gros celui-ci les renvoie à ses avocats qui leur apporteront des éléments de réponse, à l’entendre. Me Mireille Barry, un des conseils de l’accusé, indique qu’on veut amener le Général à dire et à faire faire ce qu’il n’a pas pu faire en 4 ans. Elle se lance dans la lecture des dépositions de certains coaccusés du Général, pour trouver des propos à même de démonter certaines déclarations du parquet ou de la partie civile.  Sa conviction, c’est qu’on est dans le procès du RSP et des écoutes téléphoniques et non du putsch manqué. Dans la mesure où la hiérarchie militaire n’a pas donné d’ordre aux militaires des garnisons de monter sur Ouagadougou, l’avocate, qui évoque la même logique appliquée au RSP, fait observer que  ces militaires des garnisons venus sur Ouagadougou sont, pour elle, des indisciplinés. Elle précise, contrairement à Me Kam, que le commandant Damiba n’est pas le seul chef de corps à n’avoir pas adhéré au mouvement des garnissons sur Ouagadougou. Le procès du Général continue demain à 9h.

Lonsani SANOGO

 

Incident en salle d’audience

 

Au cours de l’audition du Général, les réponses de celui-ci à certains avocats de la partie civile, ont provoqué des applaudissements dans la salle d’audience. Ce qui a amené le président du tribunal à faire vider de la salle toute la rangée ayant applaudi.


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