HomeA la unePROJET DE LOI POUR L’ACCES A LA PRESIDENCE, AUX CONGOLAIS DE PERE ET DE MERE

PROJET DE LOI POUR L’ACCES A LA PRESIDENCE, AUX CONGOLAIS DE PERE ET DE MERE


L’ancien candidat malheureux à la présidentielle congolaise  de 2018, Noël Tshiani, a formulé une proposition de loi qui limite les candidatures à l’élection présidentielle aux seuls Congolais nés de père et de mère d’origine congolaise. Déposé le 8 juillet dernier au Parlement par le député Nsinga Pululu, un proche de l’ancien président, Joseph Kabila, ce texte, bien que n’étant pas encore examiné par les élus du peuple, suscite déjà une levée de boucliers.  Que ce soit en République démocratique du Congo (RDC) ou ailleurs, des voix et pas des moindres s’élèvent pour condamner cette proposition de loi. Des réactions somme toute légitimes d’autant que ce projet ne consacre ni plus ni moins que l’exclusion. Verrouiller l’accès aux plus hautes fonctions de la République telles que la présidence, l’Assemblée nationale, le Sénat, la Primature, etc., à des fils du Congo ayant un parent étranger, c’est cultiver les germes de la haine, du rejet et du repli identitaire. L’on se demande alors quelle mouche a piqué Noël Tshiani, pour qu’il se permette de faire une telle proposition de loi. A-t-il décidé, en toute âme et conscience, de le faire ? Ou bien est-il en mission commandée ? En tout cas, ce proche du président Félix Tshisekedi voudrait exclure des candidats gênants à la présidentielle de 2023, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Cela dit, le chef de l’Etat devrait, à moins d’être lui-même le vrai instigateur de cette loi, recadrer ce courtisan. Ce d’autant que cette proposition de loi, pourrait faire voler ‘’l’Union sacrée de la nation’’ en éclats, l’ancien gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi, qui ne fait plus mystère de sa volonté de briguer la magistrature suprême, menaçant de quitter la coalition du chef de l’Etat. Et on ne saurait lui donner tort.

 

L’exemple ivoirien est encore frais dans les mémoires

 

Car, tout laisse croire que cette proposition de loi le vise personnellement puisqu’il est né d’une mère congolaise et d’un père grec.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet de loi dont l’initiateur dit être soutenu par 260 députés sur 500, n’augure rien de bon pour la RDC. On est d’autant plus fondé à le penser que l’exemple ivoirien est encore frais dans les mémoires. Si la Côte d’Ivoire a connu tant de tragédies, c’est dû à la fameuse loi scélérate consacrant l’ivoirité et dont le seul but était d’empêcher un homme politique, Alassane Ouattara pour ne pas le nommer, de prendre part à la course à la présidentielle de 2000. C’est dire si la RDC joue avec le feu. En tout cas, l’adoption d’une telle loi serait, et c’est un euphémisme de le dire, un véritable recul démocratique. Vouloir ressusciter une loi qui avait été supprimée au nom de la cohésion et de la paix sociales, pour viser un individu, c’est réveiller les vieux démons. Attention donc aux dérives identitaires ! Certes, il est vrai que l’adoption d’une telle loi pourrait arranger Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, puisqu’ils se débarrasseraient ainsi d’un adversaire de taille. Mais elle plongerait le Congo dans des lendemains incertains. La paix est encore fragile en RDC et c’est pourquoi le chef de l’Etat gagnerait à la consolider davantage au lieu de la mettre en péril. Cela dit, on ose espérer que les députés ne prendront pas le risque de voter cette loi dont les conséquences pourraient s’avérer dramatiques pour le pays. Si l’Eglise catholique dont on peut saluer l’opposition catégorique à ce projet de loi, des OSC et l’ONU appellent à des élections inclusives, ce n’est pas pour les beaux yeux des hommes politiques. C’est essentiellement pour préserver la paix et le vivre-ensemble dans le pays. Car, on le sait, la RDC revient de loin. L’appétit vient en mangeant, dit-on. En effet, après avoir réussi à casser le bloc de son prédécesseur, Tshisekedi fils pourrait vouloir écarter un autre poids lourd de la scène politique congolaise afin de se faire élire haut la main. Mais il doit se garder de prendre des raccourcis dangereux. Il ne doit pas trahir la mémoire de son défunt père qui aura passé des années durant à lutter pour le respect du jeu démocratique.

 

Dabadi ZOUMBARA   


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