PROJET DE RESOLUTION DE L’ONU SUR LE BURUNDI : Eviter à tout prix une prime à l’impunité
Face à la spirale de violence au Burundi, les Nations unies ont haussé le ton en direction du pouvoir de Bujumbura, le 9 novembre dernier. Si l’on peut saluer cette initiative, il faut cependant déplorer le manque de fermeté vis-à-vis de Pierre Nkurunziza. En effet, en dehors des sanctions ciblées que propose la France à l’encontre des auteurs des violences, sanctions auxquelles la Russie et la Chine s’opposent, ce projet de résolution ne contient rien qui puisse arrêter la folie meurtrière du boucher de Bujumbura. Cela est d’autant plus vrai que ce projet met en avant le dialogue entre le pouvoir du pasteur Nkurunziza et l’opposition burundaise. Avec tous ces cadavres qui jonchent les rues de Bujumbura, doit-on continuer à caresser Nkurunziza dans le sens du poil? La réponse est non, à moins qu’on ne veuille laisser s’installer une deuxième guerre civile au Burundi. Les violences ont déjà fait 240 morts et mis sur le chemin de l’exil 200 000 Burundais et Dieu seul sait si la comptabilité macabre s’arrêtera de sitôt. Chercher tout simplement à renouer le fil du dialogue entre Nkurunziza et son opposition, c’est se rendre complice d’un massacre à grande échelle. En tout cas, on ne peut passer par pertes et profits tous ces crimes de sang commis par Nkurunziza et ses séides. Il est inacceptable de légitimer le 3e mandat de Nkurunziza obtenu dans les conditions que l’on sait. Ce serait une cinglante gifle infligée à la démocratie et au peuple burundais qui a payé un lourd tribut à son opposition à la forfaiture du pasteur président. Il faut bien le dire, un pasteur qui décime ses brebis ne mérite pas le qualificatif de serviteur de Dieu.
La communauté internationale doit siffler la fin de la récréation
Certes, le principe du dialogue n’est pas mauvais en soi. Car, comme on le dit, toute guerre finit autour d’une table de négociations. Mais négocier quoi et à quelles fins quand la démocratie a été déjà mise en bière au Burundi? Et puis, comment l’Ouganda pourrait-elle mener une médiation crédible au Burundi quand elle est loin d’être un parangon de démocratie ? Si la communauté internationale tient à mettre fin à la tragédie qui se joue au Burundi, elle doit purement et simplement revoir sa copie. En tout cas, tant que Nkurunziza restera maître du navire burundais en perdition, il faudra encore compter les morts ! C’est pourquoi il urge d’arrêter la spirale de violence. C’est un euphémisme de dire que le Burundi a plus que jamais besoin d’assistance. Mais pas d’une assistance qui va consacrer l’impunité mais plutôt d’une assistance qui apaise les cœurs meurtris et fasse triompher la démocratie. Faut-il encore le souligner, Nkurunziza n’a pas respecté les accords d’Arusha et tout projet de résolution de la crise devrait, de ce fait, déboucher sur des sanctions ciblées et non renforcer le pouvoir volé du satrape. Il faut éviter à tout prix une prime à l’impunité. Car, ce serait encourager les autres dictateurs du continent à s’accrocher au pouvoir. De fait, si Nkurunziza avait été sanctionné pour sa forfaiture, Denis Sassou Nguesso n’aurait probablement pas eu le courage d’organiser « son » référendum. Paul Kagamé et Joseph Kabila ne seraient peut-être pas non plus en train de faire des pieds et des mains pour briguer un troisième mandat. La situation au Burundi commande des mesures fortes et la communauté internationale doit aller dans ce sens. Tout autre solution qui passerait par un gouvernement d’union nationale avec à la clé le maintien de Nkurunziza dans le fauteuil présidentiel, ne serait qu’un encouragement aux prétendants au pouvoir à vie. Cela dit, la communauté internationale doit siffler la fin de la récréation et elle en a les moyens. Il suffit qu’elle ferme le robinet des appuis budgétaires, au pouvoir burundais qui vit à plus de 50% de l’aide extérieure, et rompe avec la participation des contingents burundais aux missions de maintien de paix de l’ONU à travers le monde, et Nkurunziza se retrouvera très affaibli. De telles mesures pousseraient les rats à quitter le navire et à laisser le capitaine Nkurunziza couler tout seul dans les eaux tumultueuses de sa mortifère addiction au pouvoir.
Dabadi ZOUMBARA