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PROLONGATION DE LA DUREE DE LA TRANSITION AU MALI


Au moment où s’achèvent les assises nationales de la refondation organisées par les autorités maliennes, la recommandation la plus attendue est celle de la durée de la prolongation de la transition. Combien de temps les « forumistes » accorderont-ils aux tombeurs d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), pour mener les réformes nécessaires et poser les jalons du Mali nouveau devant conduire le pays à des élections pluralistes censées signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal ? Telle est la question fondamentale qui taraude les esprits, aussi bien au Mali où une bonne partie de la classe politique  a brillé par son absence à ces assises, qu’au niveau de la communauté internationale, notamment la CEDEAO qui continue de brandir comme exigence, l’échéance de février 2022 initialement fixée pour la fin de la transition. C’est dans ce contexte que se joue, peut-on dire, ce 30 décembre 2021, l’avenir de la transition. Car, c’est aujourd’hui que sont attendues les recommandations issues de ces concertations nationales ; recommandations qui devraient donner des indications claires sur les réformes institutionnelles à mener ainsi que le chronogramme des prochaines élections que la CEDEAO réclame à cor et à cri.

 

Une prolongation jugée trop longue, ne manquera pas de faire réagir aussi bien à Abuja qu’à Bamako

 

C’est dire si l’événement est d’importance et  le suspense, entier. Car, on se demande quelle prescription sortira de ces assises nationales et surtout si la pilule pourra être avalée par la communauté internationale qui continue de maintenir la pression d’un retour rapide à un pouvoir civil. La question est d’autant plus fondée que même au Mali, les boycotteurs de ces concertations inter-maliennes sont aussi dans l’expectative des conclusions de ces assises dans lesquelles ils disent déjà ne pas se reconnaître. Pour sûr, une prolongation jugée trop longue, ne manquera pas de faire réagir aussi bien à Abuja, au siège de la CEDEAO, aussi qu’à Bamako, dans les rangs de la classe politique malienne. En même temps, on ne voit pas comment l’on pourrait mener à bien des réformes profondes de « refondation » censées permettre au pays de repartir du bon pied, si les autorités intérimaires ne disposent pas du temps nécessaire pour le faire. C’est dire si l’on est bien parti pour une durée de prolongation de la transition qui risque de faire jaser. C’est pourquoi les autorités de la transition ne pouvaient pas trouver meilleure couverture que ces assises nationales censées être l’émanation de la volonté du peuple malien. En tout cas, les tombeurs d’IBK voudraient couper l’herbe sous les pieds de la CEDEAO qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Car, à l’évidence, les exigences de cette dernière ne seront pas respectées. Dès lors, l’on comprend pourquoi ils ont maintenu le  suspense jusqu’au bout. C’est dire si dans ce jeu d’échecs, Assimi Goïta et ses camarades ont avancé un pion important  en s’appuyant sur ces fameuses Assises nationales sorties de leur béret, en plein processus, et qui ne sont pas loin de renvoyer la transition malienne à la case départ après un an et demi d’atermoiements.

 

On peut se demander quelles pourraient être les conséquences d’une éventuelle prolongation contestée de la transition

 

Alors, échec en vue pour la communauté internationale en général et la CEDEAO en particulier ? On attend de voir. D’autant que cette prolongation de la transition malienne intervient en pleine polémique de recours des autorités de Bamako à l’expertise russe dans la lutte contre le terrorisme.  Ce, au grand dam de la France et de ses alliées de l’Union (UE) européenne qui crient au loup.  Et si à l’issue de tant de tiraillements, Paris qui se refusait à tout compromis, devait finalement se dégonfler comme un ballon de baudruche et se résoudre à composer avec les « nouveaux alliés » de Bamako  venus du pays de la Taiga, le grand gagnant de tout ce ramdam serait finalement le colonel Assimi Goïta. Et c’est peu de dire que le récidiviste putschiste de Kati sortirait renforcé d’une double « victoire » politique et diplomatique sur la CEDEAO et la France. Toute chose qui pourrait lui permettre de mieux envisager la suite de la transition et pourquoi pas, son avenir à la tête de l’Etat malien.  En attendant, on peut aussi se demander quelles pourraient être les conséquences d’une éventuelle prolongation contestée de la transition, pour le Mali qui est déjà sous le coup d’une suspension et de sanctions individuelles de la part d’une CEDEAO toujours aux aguets. Et surtout, de quelles mesures coercitives dispose encore l’institution sous-régionale qui n’entend pas lâcher prise  dans ce bras de fer où elle joue sa crédibilité. Sachant que l’exemple malien pourrait constituer un précédent, notamment pour la Guinée voisine.

 

« Le Pays »


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