HomeA la unePROLONGATION ET VIOLATION REPETEE DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN : A quel jeu jouent les protagonistes ?

PROLONGATION ET VIOLATION REPETEE DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN : A quel jeu jouent les protagonistes ?


Au Soudan, le cessez-le feu conclu entre les forces paramilitaires du Général Hemetti et les forces loyales au chef de la junte au pouvoir à Khartoum, le Général Al-Burhan, a été prolongé de 72 nouvelles heures, le 30 avril dernier. L’annonce a été faite par les forces dissidentes du Général Hemetti  et confirmée par l’armée soudanaise qui dit « accepter » cette prolongation « sur la base des efforts demandés par la médiation américano-saoudienne ». Mais elle reste sur le pied de guerre en se disant prête « à faire face à toute violation » de ce cessez-le-feu. Une prolongation qui intervient au terme de la trêve humanitaire arrachée par les Etats-Unis d’Amérique et entrée en vigueur le 25 avril dernier. Mais la paix, dans le pays, reste toujours très précaire. D’autant plus que ces cessations momentanées des hostilités auxquelles s’engagent les protagonistes, sont difficilement respectées sur le terrain par les parties belligérantes. On en veut pour preuve les combats qui se sont poursuivis dans la capitale, Khartoum et sa banlieue Nord d’Omdourman où des frappes aériennes ont été signalées. A quel jeu jouent les protagonistes de cette guerre pour le pouvoir au Soudan ? C’est la question que l’on ne peut s’empêcher de se poser.

 

Chacun des protagonistes fait semblant de jouer le jeu tout en gardant l’arme au pied

 

En effet, à quoi sert-il de prononcer un cessez-le-feu ou de le prolonger si ce dernier doit être systématiquement violé par les parties en conflit ? Si on n’est pas dans un marché de dupes, cela y ressemble fort. Et dans le cas d’espèce, tout porte à croire qu’au-delà de leurs responsabilités respectives dans cette nouvelle guerre qui déchire le Soudan, chacun des protagonistes fait semblant de jouer le jeu tout en gardant l’arme au pied, pour ne pas paraître comme l’obstacle majeur au retour de la paix, si ce n’est par peur de porter le chapeau des violences meurtrières aux yeux de la communauté internationale. C’est dire si de part et d’autre, les deux généraux rivaux ne jouent pas franc jeu. C’est la sincérité qui manque le plus entre les acteurs de cette crise politico-militaire qui a déjà fait plus de 500 morts, des milliers de blessés et provoqué le déplacement de plusieurs dizaines de milliers d’autres Soudanais. Comment peut-il en être autrement quand les protagonistes ne montrent aucune ouverture au dialogue en pensant, chacun de son côté, être adossé à du roc, à travers les soutiens souterrains de puissances étrangères qui semblent être les véritables parrains de cette guerre pour le pouvoir à Khartoum ? Mais tant qu’il en serait ainsi et que les protagonistes continueront d’entretenir la même animosité et la même attitude de défiance l’un vis-à-vis de l’autre, il sera difficile d’obtenir une cessation durable des hostilités à l’effet d’engager des négociations de sortie de crise. C’est ce défi que la communauté internationale doit impérativement relever.

 

Il appartient à la diplomatie internationale de jouer son rôle en travaillant à faire taire définitivement les armes

 

Autrement, de violation du cessez-le-feu en violation du cessez-le-feu, le Soudan continuera de se consumer lentement sous le regard impuissant de cette même communauté internationale qui peine véritablement à trouver la formule adéquate pour engager les protagonistes dans une dynamique de la désescalade. En attendant, ce sont les pays voisins qui subissent les conséquences de cette guerre fratricide et insensée pour le pouvoir à Khartoum, frappés qu’ils sont de plein fouet par le flux des réfugiés fuyant les combats et dont le nombre croissant ne met pas le pays à l’abri d’une crise humanitaire à grande échelle. En effet, à en croire des sources onusiennes, pas moins de 75 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays au moment où plusieurs autres dizaines errant comme des âmes en peine, sont allées chercher refuge dans des pays limitrophes comme le Tchad, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, la Centrafrique et l’Egypte dans la plus grande confusion. A ce propos, on peut même s’interroger sur les dispositifs qui ont été mis en place pour que ces réfugiés puissent bénéficier de l’hospitalité de ces pays d’accueil sans porter atteinte à leur dignité. Car, il ne faudrait pas en rajouter à la souffrance de ces populations victimes d’une guerre qui est loin d’être la leur, et qui se trouvent prises dans le piège des ambitions démesurées de Généraux boulimiques du pouvoir et qui se soucient du sort de leurs compatriotes comme d’une guigne.  Le peuple soudanais ne mérite pas ça. Il mérite mieux que ces aventuriers qui, pour des questions d’ego, n’ont pas hésité à mettre le pays à feu et à sang, pour assouvir des ambitions purement égoïstes. En attendant, il appartient à la diplomatie internationale de jouer son rôle en travaillant à faire taire définitivement les armes et à ramener la paix. Cela est un impératif si l’on veut éviter que le pays continue d’aller à la dérive, avec un avenir qui s’avère, de jour en jour, des plus incertains.

 

 « Le Pays »

 

 


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