QUELQUES CARACTERISTIQUES DES CONFLITS CONJUGAUX : Eviter de vivre dans l’utopie
Depuis toujours, les couples se sont toujours disputés! Un conflit de couple traverse des phases bénignes et des phases d’aggravation. Souvent plus virulent dans ses débuts, il présente ensuite une alternance d’orages et de répit. S’il dure longtemps, il perd de son intensité. Mais un élément nouveau peut toujours le relancer comme se raniment les braises d’un feu.
Mais, d’abord, qu’est-ce qu’un conflit ? C’est une opération de positions. Ce mot vient du latin conflictus qui signifie heurt, choc. Ce heurt est en lui-même neutre. Il peut devenir un mal-heurt ou un bon-heurt, un malheur ou un bonheur ! Un conflit est vivant, il est porteur d’une dynamique comme le témoigne le vocabulaire qui y a trait : il couve, naît, éclate, explose, s’éteint, etc. Il connaît un début, un développement et une fin. Lorsque cette fin est négative, elle se traduit par la mort de la relation dans un ou plusieurs domaines : affectif, sexuel, etc. Un conflit de couple traverse des phases bénignes et des phases d’aggravation. Souvent plus virulent dans ses débuts, il présente ensuite une alternance d’orages et de répit. S’il dure longtemps, il perd de son intensité. Mais un élément nouveau peut toujours le relancer comme se raniment les braises d’un feu. De plus, il peut entraîner d’autres tensions, faire tache d’huile.
Il arrive parfois qu’on le confonde avec la crise conjugale. La perturbation provoquée par une crise peut s’apparenter à un conflit car, l’équilibre existant est rompu et ce déséquilibre est ressenti soit comme angoissant, démoralisant, menaçant, soit comme un signe d’espoir, de vie nouvelle. Courte ou longue, lente ou soudaine, la crise est une transition entre un ancien état de stabilité relative et la recherche d’un nouvel équilibre.
Les conflits conjugaux sont inévitables
Des époux traversant une crise ne sont pas forcément en état d’affrontement, car un couple est une entité dynamique, vivante, il change sans cesse. Les conflits conjugaux sont donc inévitables.
Si certains foyers connaissent l’harmonie, chez d’autres c’est plutôt «l’enfer», pour paraphraser Sartre. Chacun a besoin que l’autre accepte sa position, mais inévitablement surgissent des désaccords, à cause des différences.
Quel que soit le degré d’amour, de respect, de compatibilité, de rapprochement entre un homme et une femme, il y aura toujours des instants où leurs actes, leurs liaisons, leurs sentiments, s’affronteront. Il est impossible et même pas souhaitable que deux êtres pensent, ressentent ou agissent continuellement de façon identique. On est tenté de croire que, par sa nature même, le couple serait le lieu de la confiance, de l’entente, un havre de paix au milieu d’une société conflictuelle. Que deux êtres qui se sont mis ensemble parce qu’ils s’aiment, aient des désaccords, semble inacceptable. Parce qu’ils pensent qu’ils ne devraient pas en avoir, ils les nient. Ils ont intérêt plutôt à les reconnaître, à accepter le fait que leur couple est soumis aux mêmes problèmes relationnels que tout autre groupe. Ils ne doivent pas vivre dans l’utopie, car cela comporte des dangers.
Rêver une entente continuelle est une utopie.
Nous n’aimons pas les affrontements, nous n’aimerions pas les avoir. Mais, c’est une utopie idéaliste qui témoigne d’une méconnaissance angoissée des faits, de la réalité. Refuser de croire à la réalité des conflits, c’est aussi une attitude pathologique.
A travers nos différences, mon partenaire me révèle comment il me voit, comment je suis réellement. Si je refuse la réalité du désaccord, c’est parce qu’il touche l’image positive de moi-même ou de mes parents que je me suis construite avec tant de peines durant mon enfance.
Il arrive aussi que je fuie l’affrontement perçu comme une compétition avec l’autre que je ne veux pas perdre.
Jean Bosco KABORE, Conseiller conjugal, médiateur familial