HomeA la uneRADIATION DE LAURENT GBAGBO DE LA LISTE ÉLECTORALE : Quelles conséquences ?

RADIATION DE LAURENT GBAGBO DE LA LISTE ÉLECTORALE : Quelles conséquences ?


Depuis la crise post-électorale de 2010-2011 qui a laissé près de 3000 macchabées sur le carreau, l’avènement de tout scrutin suscite de sérieuses appréhensions en Côte d’Ivoire. On se rappelle, en effet, que la dernière présidentielle de 2020 avait, elle aussi, été émaillée de violences qui avaient coûté la vie à 85 personnes. Pour les municipales et régionales du 2 septembre prochain, on croise aussi les doigts ; tant la tension commence à monter et ce, depuis l’annonce de la radiation de l’ex-président Laurent Gbagbo, de la liste électorale. La Commission électorale indépendante (CEI) a beau expliquer que l’ex-président, acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CEI), reste sous le coup d’une condamnation par la Justice ivoirienne dans l’affaire du braquage de l’agence nationale de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BECEAO) et qu’il est, de ce fait, déchu de ses droits civiques et politiques, cela n’y fait rien. Bien au contraire, au sein du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), on dénonce une « décision injuste » susceptible de « remettre en cause la crédibilité du processus électoral et de la CEI ». Mieux, pour le PPA-CI, l’exclusion de Laurent Gbagbo de la liste électorale, n’est ni plus ni moins qu’un « acharnement ». Pour qui connaît la scène politique ivoirienne où la violence a pignon sur rue, il faut craindre que cette escalade verbale ne conduise le pays à une nouvelle crise électorale avec toutes les conséquences qui peuvent en découler. Car, voyant son avenir politique s’assombrir, Laurent Gbagbo, il faut le dire, ne restera sans doute pas les bras croisés. Il n’hésitera probablement pas à faire feu de tout bois pour se faire réhabiliter.

 

Une éventuelle candidature à la présidentielle et l’inscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, peuvent faire l’objet d’un compromis

 

A moins que, dans une logique d’apaisement, le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara ne décide de calmer le jeu. Ce n’est pas impossible pour peu que les uns et les autres, à travers leurs faits et gestes, se montrent républicains en évitant des déclarations aussi enflammées qu’incendiaires. Ne dit-on pas souvent que ce qui ne peut pas être résolu juridiquement, peut l’être politiquement ?  Certes, comparaison n’est pas raison. Mais il est bon de rappeler que si Alassane Dramane Ouattara (ADO) a pu briguer la magistrature suprême au point de présider aujourd’hui aux destinées de la Côte d’Ivoire, c’est parce qu’il y a eu un compromis entre les différents acteurs politiques. Si Laurent Gbagbo est rentré au bercail après son acquittement par la CPI, sans être inquiété en dépit de la condamnation dont il faisait l’objet, c’est grâce à un compromis politique qui lui a valu une grâce présidentielle quoique jugée insuffisante par ses partisans. Cela dit, si un arrangement avec Laurent Gbagbo et son inscription sur la liste électorale, peuvent faire l’objet d’un compromis politique afin de préserver la paix et la cohésion sociales en Côte d’Ivoire, il n’ y a aucun mal à cela. En tout état de cause, le président ADO n’a jamais fait mystère de sa volonté de « passer la main à une nouvelle génération ». A condition que Gbagbo et Bédié acceptent d’en faire autant.

 

Boundi OUOBA    


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