HomeBaromètreRAPPORT 2015 DE L’ASCE/LC : « Pourquoi cette politique du deux poids deux mesures ? »

RAPPORT 2015 DE L’ASCE/LC : « Pourquoi cette politique du deux poids deux mesures ? »


L’auteur du point de vue ci-dessous revient sur le récent rapport d’activités de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC). Il dit ne pas comprendre pourquoi les manquements relevés valent pour les uns et pas pour les autres. Or, dit-il, tous ont travaillé sous la Transition. Lisez plutôt !

L’un des sujets d’actualité qui défraie la chronique, c’est le rapport d’activités de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC). Plus  d’un observateur aura remarqué que ce rapport qui porte sur l’année 2015, a été déposé en ce mois de juin  2017 et crée la confusion sur  la période concernée par ses conclusions. Si le président de l’ASCE/LC,  Luc Marius Ibriga, s’est dépêché de dire lors d’une conférence de presse que le président de la Transition n’était pas concerné par les manquements décrits dans le rapport, ce n’est pas le cas pour certains autres présidents d’institutions pendant la Transition, notamment celle du Conseil supérieur de la communication (CSC), Mme Nathalie Somé. Pourquoi cette politique du deux poids deux mesures ?                        Au demeurant, monsieur Ibriga s’est montré bien prolixe sur les fautes de gestion qui auraient été observées au CSC, comme s’il avait des comptes personnels à régler avec Mme Somé. En disant cela, on est mémoratif des épisodes de la décoration et des nominations querellées au CSC où l’ASCE/LC n’avait pas fait de cadeau à la bonne dame. C’est à croire que M.  Ibriga veut le scalp de Mme Somé. Pourquoi ? Comme trophée de sa prétendue œuvre de salubrité publique ? On attend de voir.

Comme les autres autorités de la Transition, Nathalie Somé a aussi travaillé à restaurer la démocratie

Quand on analyse le travail abattu par Mme Somé et son cabinet depuis leur prise de fonction à la tête du CSC, malgré les quelques insuffisances, il comporte beaucoup d’acquis. Des acquis d’autant plus remarquables qu’ils ont été obtenus en une période difficile de fin d’un régime sclérosé, d’une Transition à pas de charge, d’un coup d’Etat sanglant et d’un début poussif des nouvelles autorités actuellement au pouvoir, dans un contexte d’attaques terroristes. Dans ce contexte général difficile, Mme Somé a  connu une situation particulière encore plus difficile au CSC, marquée par des démêlés avec son ancien vice- président. Démêlés avec cet audit à charge où M. Ibriga outrepasse son rôle pour jouer à la fois au procureur de la république, à l’avocat de la partie civile et au juge anti-corruption. Ça fait beaucoup de casquettes pour un seul homme et il faut avoir le courage d’indexer cette confusion de rôles, preuve d’une fébrilité du président de l’ASCE/LC dans ce dossier ; fébrilité, elle- même symptomatique d’une collusion avec des intérêts étrangers à l’objectif de la bonne  gouvernance qu’il met en avant. A l’évidence, il y a comme un acharnement à couler Mme Somé avec le rejet, par principe, de la contre-expertise demandée  et motivée par le refus des auditeurs de l’ASCE/LC de prendre en compte certains éléments de preuves de la bonne gestion du CSC. Si M. Ibriga et ses alliés de l’ombre parvenaient à leur fin, ce serait une grande injustice à l’encontre de cette battante qui, dans la succession difficile de Blaise Compaoré, le coup d’Etat, la Transition à pas de charge, a contribué par l’abnégation au travail, dans l’urgence et sous pression, à garder l’institution du CSC à flot, participant ainsi  à remettre la démocratie sur les rails. Ce travail collectif de remettre la démocratie sur la bonne voie, le CSC, sous la direction de Mme Nathalie Somé, y a fortement contribué par la régulation de la communication en faveur d’un climat social apaisé  et l’accès équitable aux médias de tous les partis qui ont pris part aux élections post- Transition. A défaut d’éloges de la part des plus hautes autorités, elle ne mérite pas d’être si mal payée en retour. Cette politique du deux poids deux mesures où certaines autorités de la Transition sont absoutes  de leurs manquements éventuels tandis que d’autres sont vouées  à la condamnation pour des fautes imaginaires, est révoltante. « Que vous soyez fort ou faible, le jugement de la cour vous rendra blanc ou noir », a dit la Fontaine dans sa fable. Le faible ici, c’est Mme Nathalie Somé ; le fort, c’est M. Ibriga et ses acolytes de l’ombre ; la cour, ce sont ces auditeurs de l’ASCE/LC, qui, dans la situation présente, n’ont rédigé  leur rapport qu’à charge.

Le président Roch Kaboré ne doit pas jouer le rôle de Ponce Pilate

L’opinion publique ne doit pas être dupe ; le président Roch Marc Christian Kaboré non plus. M. Ibriga, depuis qu’il tient les rênes de l’ASCE/LC, a soif de victimes pour montrer son intrépidité à casser du détourneur de deniers publics. De tous les dossiers qu’il a en main, il a choisi ce qu’il croit être un maillon faible, le Conseil supérieur de la communication et sa présidente, pour en faire un exemple ou plutôt un bouc émissaire. Le président Roch Marc Christian Kaboré ne devrait pas avaliser cette politique spectacle de l’ASCE/LC. Il ne devrait pas jouer le rôle de Ponce Pilate, en ignorant les coupables de détournement de dizaines de milliards de F CFA pour s’en prendre à cette dame qui, visiblement, à travers son plan stratégique 2017-2021, montre de l’ambition.

Jean Boniface KALMOGO,

Professeur des lycées et collèges à la retraite,

Secteur 21, Ouagadougou.

 

 

 

 


Comments
  • Je suis également de cet avis et je peux comprendre que l’ASCE veuille qu’on étende ses pouvoirs jusqu’à lui donner les prérogatives d’auditer l’AN et refuser en même temps que l’on puisse un instant jeter un coup d’œil dans sa méthode. Que cache cette frilosité si ce n’est une fuite en avant… Comme l’alouette qui attire, par des simulacre de blessure, le chasseur loin de ses œufs, c’est la tentative de l’ASCE avec le dossier CSC.
    Ce qui m’exaspère c’est la porosité de cette institution qui est enclin à dire qu’il n’a chargé personne et dans le même temps permet qu’on jette en pâture des citoyens sans aucun souci de leur dignité…

    14 juin 2017
  • Merci pour cet article. Ca permettra de decouvrir la bassesse de l’ASCE dans cette affaire. On veut tout simplement faire tomber dame Some.

    15 juin 2017

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