HomeOmbre et lumièreRAPPORT ANNUEL DE L’ARCOP : Un document qui s’apparente à un tigre en papier

RAPPORT ANNUEL DE L’ARCOP : Un document qui s’apparente à un tigre en papier


Chaque année que Dieu fait, les structures de contrôle produisent des rapports dont les autorités ont la primeur. C’est à ce rituel que vient de sacrifier le président de l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP). Et c’est le Premier ministre qui, en l’absence du président du Faso, a eu l’honneur de recevoir le document. Interrogé par la presse après la cérémonie de remise du rapport, le patron de l’ARCOP, sans entrer dans les détails, a pointé du doigt des irrégularités que sa structure a constatées dans les opérations de commandes publiques. Et l’on peut se risquer à dire qu’il a utilisé un euphémisme pour qualifier les choses. Car, tout le monde sait que le domaine des commandes publiques est une sorte de caverne d’Ali Baba. C’est l’une des raisons pour lesquelles les services chargés de la commande publique font l’objet de convoitise. Le simple fait d’y être affecté, mérite d’être arrosé. Car, il y a de « bonnes affaires » à y faire. Et par ces temps qui courent où «  le mouta-mouta » est en passe de gagner tous les services publics et où l’impunité est en train de s’emparer de la République, l’on peut affirmer, sans grand risque de se tromper, que le rapport de l’ARCOP connaîtra le sort des rapports qui l’ont précédé. Dans le meilleur des cas,  on ne fera que le parcourir en diagonale. Au- delà de ce rapport produit par l’ARCOP, l’on peut avoir l’impression que tous les rapports produits par toutes les structures de contrôle et de régulation, s’apparentent à des tigres en papier. Dans la théorie et apparemment, ils font peur. Mais, dans la réalité, ils ne sont pas de nature à dissuader les agents indélicats mis en cause. L’on peut avoir comme impression que ces structures de contrôle sont de véritables gadgets de la République et dont la vocation première est d’amuser la galerie et de leurrer les partenaires techniques et financiers.

 

Certains Burkinabè considèrent les rapports comme de la poudre aux yeux

 

Et ce qui est de nature à révolter davantage les citoyens, c’est qu’en plus d’être inutiles, ces structures sont, on ne peut plus, budgétivores. En effet, toutes les personnes qui y travaillent, sont non seulement payées à prix d’or, mais aussi les moyens qu’elles utilisent pour leurs investigations, coûtent à l’Etat, des sommes faramineuses. Et tout cela, pour quel résultat ? Rien. Si nous étions dans un pays sérieux où ceux qui sont commis à ce genre de fonctions, ne transigent pas avec leur image et leur honneur, beaucoup de personnalités qui ont en charge ces structures, auraient démissionné pour ne pas se rendre complices d’un système qui encourage, peut-on dire, la prédation des biens de la République. On l’a vu tout récemment en France avec Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique. En effet, ayant fait le constat que les valeurs pour lesquelles il avait accepté d’intégrer le gouvernement du Premier ministre Edouard Phillipe, étaient en train d’être piétinées par ce dernier, Nicolas Hulot a tout simplement démissionné. C’est ce qu’on appelle avoir un comportement digne et conséquent. Mais les Nicolas Hulot, peut-on dire, sont rares comme les larmes d’un chien au Burkina Faso. Bien des cadres qui sont appelés pour garder propre  la République et qui étaient connus dans le passé comme des parangons de la vertu, finissent par avaler des couleuvres, souvent de grosses, juste pour sauver leur poste et les privilèges qui vont avec. Il faut absolument travailler à inverser les tendances, pour autant que l’on cherche véritablement à soustraire notre pays de la liste des « pays de merde ». En tout cas, au rythme où vont les choses, ces structures qui font pleuvoir des rapports annuels sur les bureaux des autorités et qui ne se soucient pas de savoir si une suite est donnée à leurs recommandations, risquent d’être perçues par les Burkinabè comme des institutions de trop. Et personne ne pourrait leur donner tort. Déjà, les Burkinabè qui savent distinguer le bon grain de l’ivraie, considèrent les rapports de bien des structures de contrôle et de régulation comme de la poudre aux yeux.

 

Sidzabda


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