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RCA : Il fallait expérimenter l’accord de Nairobi


Depuis qu’il a été évincé du pouvoir en janvier 2014 et s’est refugié à Cotonou au Bénin, il n’avait jamais, sauf omission de notre part, fait de déclaration publique. Michel Djotodia, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est montré très discret et réservé pour ne pas embarrasser ses hôtes qui, du reste, lui ont accordé un exil doré. Mais dans une interview qu’il a accordée à nos confrères de Radio France internationale (RFI), l’homme qui semble en avoir gros sur le cœur, regrette le rejet de l’accord de Nairobi par la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) que lui et son adversaire François Bozizé ont paraphé sous la houlette du médiateur congolais, Denis Sassou N’Guesso. « J’aimerais que vous jetiez un coup d’œil sur l’accord qui a été rédigé entre les anti-Balaka et l’ex-Séléka.
C’est un accord exceptionnel qui devait, en principe, ramener la paix définitivement en République centrafricaine. Malheureusement, il a été rejeté », a déclaré l’exilé de Cotonou sur un ton visiblement amer. Et d’ajouter : « On se connaît, nous Centrafricains. Aussitôt que les ex-Séléka seront désarmés, ce sera un carnage. Et personne ne viendra à notre secours, nous du Nord ». Pour un langage de vérité, c’en est un. Car jamais, on a vu un patient, de surcroît grabataire, pour ne pas dire à l’article de la mort, refuser de se faire administrer des soins. A moins que celui-ci n’ait fait de son mal un alibi pour pouvoir s’attirer la sympathie des gens, en attendant son dernier souffle.

Il fallait mettre Djotodia et Bozizé devant leurs responsabilités

En effet, la présidente Catherine Samba-Panza voudrait d’un retour de la paix en RCA qu’elle s’y prendrait autrement, en dépassant notamment son ego et son amour-propre. Il fallait considérer le résultat plutôt que de s’intéresser à la démarche ayant abouti à la signature de l’accord de Nairobi. Certes, on comprend bien la frustration qui a été la sienne de n’avoir pas été associée aux pourparlers de Nairobi sur l’avenir de son pays dont elle préside aux destinées ; mais si cela peut permettre de décrisper l’atmosphère, de ramener la paix en RCA, aucun sacrifice n’est de trop. Il fallait expérimenter l’accord de Nairobi dans la mesure où il a été signé par Djotodia et Bozizé, ces deux mousquetaires que l’on accuse à tort ou à raison d’être les parrains respectifs des anti-Balaka et de l’ex-Séléka. Parvenir à les faire asseoir autour d’une table de négociation, relevait déjà de la gageure. Les autorités de Bangui et la CEEAC ont eu tort de n’avoir pas accordé le bénéfice de la bonne foi à Djotodia et à Bozizé. Ce d’autant qu’il s’agissait là de gens qui se combattaient hier et qui se disent désormais disposés à faire la paix. D’ailleurs, comme le dit l’adage, « la meilleure façon de couper l’herbe sous les pieds d’un voleur, c’est de lui confier sa maison ». Car, non seulement, il n’y peut plus rien prendre, mais aussi il se doit de veiller à ce que d’autres gredins n’y pénètrent pas. En clair, il fallait donc mettre Djotodia et Bozizé devant leurs responsabilités, les mettre au cœur du processus de réconciliation en cours en RCA. Cela leur aurait ôté tout argument et aurait eu l’avantage d’accélérer le processus de démobilisation, désarmement et réinsertion (DDR) qui piétine du fait d’un déficit de confiance entre les acteurs. Hélas ! Dame Catherine Samba-Panza en a décidé autrement, en ignorant royalement l’accord de Nairobi. Et c’est de bonne guerre. Car plus la transition dure, plus elle demeurera présidente avec tous les avantages y afférents. Et c’est peu de rappeler qu’elle a déjà dépassé le délai d’un an qui lui était imparti pour sortir le pays de l’ornière.

Boundi OUOBA


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