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RDC : Chronique d’un chaos annoncé  


La RDC est-elle en train d’évoluer doucement et sûrement vers le chaos généralisé ? Cette question, bien des observateurs peuvent se la poser, au regard des faits suivants. Il y a d’abord l’annonce faite par les hommes de Dieu, de mettre fin à leurs bons offices suite au blocage de l’application de l’accord de la Saint-sylvestre. L’Eglise catholique s’étant lavé les mains, comme Ponce Pilate, le risque est grand que le pays soit livré désormais à des hommes et à des femmes qui, dans leur grande majorité, sont disposés à dresser un grand bûcher pour le brûler, s’il le faut, dans le but de préserver leurs intérêts. Malheureusement, des personnes de ce profil, on en trouve à profusion dans toutes les obédiences politiques au pays de Patrice Lumumba. L’Eglise, qui est une des rares institutions à nourrir encore de l’empathie pour ce pauvre pays, a-t-elle pris toute la mesure de la situation en jetant l’éponge, pourrait-on dès lors s’interroger ?

Les miliciens du Kamuina Nsapu, ne cessent de donner du fil à retordre au pouvoir de Joseph Kabila

Le deuxième fait qui peut laisser envisager le chaos pour la RDC, est lié à la situation qui prévaut aujourd’hui dans le Kasaï. Dans cette province, en effet, des miliciens du Kamuina Nsapu, depuis l’exécution peut-on dire de leur chef en août 2016 par les forces de l’ordre, ne cessent de donner du fil à retordre au pouvoir de Joseph Kabila. Et chaque jour que Dieu fait, leur rébellion monte en puissance. Rien que ce vendredi 31 mars, les éléments de cette force mystique se sont rendus maîtres de la localité de Luebo, à 200 kilomètres de Kananga. Dans la foulée, ils se sont attaqués aux édifices publics et aux églises catholiques. Et comme s’ils voulaient apporter de l’eau au moulin de Joseph Kabila, en repoussant aux calendes congolaises l’élection présidentielle, ils ont saccagé les bureaux de la Commission électorale  nationale indépendante (CENI) de la localité. Et quand on se pose la question de savoir à qui profite ce crime, la probabilité est forte que tous les regards se tournent vers celui qui a été propulsé par dévolution monarchique à la tête du pays, et qui joue des pieds et des mains aujourd’hui pour s’accrocher à son trône. Tout le monde aura compris qu’il s’agit de Joseph Kabila. La situation, dans le Kasaï, est d’autant plus préoccupante que les miliciens du Kamuina Nsapu semblent avoir mis un point d’honneur à casser du clergé catholique dans leur localité. Et quand on connaît la contribution de cette institution à l’apaisement des cœurs et à la recherche de la paix en RDC, il y a là matière à inquiétude pour la tournure dramatique que pourront prendre les événements dans cette partie du Congo. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, est que le feu allumé dans le Kasaï par les miliciens du Kamuina Nsapu, a de fortes chances, si on n’arrête pas les choses ici et maintenant, de se transformer en un gigantesque volcan dont les laves vont consumer l’ensemble de la RDC. Et dans ce pays, tout le monde sait que chaque province a pratiquement ses Kamuina Nsapu. Seulement, ils sont en hibernation. Il suffit d’un rien pour qu’ils se réveillent pour faire mal. Or, Joseph Kabila affiche aujourd’hui la posture de quelqu’un qui est en train de leur donner des raisons objectives pour déclencher les hostilités. En effet, en trichant avec la démocratie, en empêchant, de ce fait, toute possibilité d’alternance par les urnes, Kabila ouvre la voie au recours à la violence comme unique mode d’accession au pouvoir. C’est d’ailleurs ce chemin que son géniteur Laurent Désiré avait suivi, pour débarrasser le pays du roi du Zaïre, Mobutu. La suite, on la connaît. Laurent Désiré Kabila a quitté le pouvoir et ce bas- monde du fait de la violence en politique. Avant le père de l’actuel président, c’est le grand-père qui avait été assassiné. Et comme on est en Afrique, où la superstition a pratiquement force de théorème, bien des personnes peuvent se risquer à dire qu’après le grand-père et le père, le destin pourrait s’acharner, cette fois-ci, sur le fils. Et Joseph Kabila, malheureusement, est dans la posture de quelqu’un qui aujourd’hui n’entreprend rien pour vaincre le signe indien qui s’abat sur sa famille biologique.

Les dictateurs sont frileux, à chaque fois que leur pouvoir est menacé

L’on touche du bois, mais tout laisse croire que ce ne sont pas les conciliabules et autres appels à la raison qui peuvent amener Kabila fils à lâcher du lest. La patiente église catholique l’a appris à ses dépens.  Et avant elle, tous ceux qui ont tenté l’exercice, ont mordu la poussière face à l’entêtement digne d’un bourricot, de l’homme, à finir ses jours au palais présidentiel. Et pour arriver à ses fins, il ne recule devant rien, pas même les macchabées de ses compatriotes. Déjà, les Congolais qui ont payé de leur vie cette obstination criminelle de leur président, sont nombreux. C’est pourquoi l’on peut se demander s’il ne va pas en ajouter d’autres, à l’occasion de l’appel à une journée « ville morte » lancé par le président du Rassemblement, Félix Tshisékédi, et qui, en principe, doit avoir lieu aujourd’hui 3 avril 2017. Et ce n’est pas tout. Le fils de feu Etienne Tshisékédi dont la dépouille est en train de moisir en Belgique, a également appelé les Congolais à soutenir la grève générale décidée par les syndicats le 5 avril prochain, et à participer à la marche pacifique du 10 avril annoncée par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) pour exiger l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre. Les jours à venir ont de fortes chances d’être orageux en RDC. Et lorsque l’on ajoute à cela tout ce qui a été dit plus haut, l’on peut titrer ceci à propos de la RDC : Chronique d’un chaos annoncé. En effet, les dictateurs sont frileux, à chaque fois que leur pouvoir est menacé. De ce fait, ils sont disposés à sortir l’artillerie lourde pour tirer sur des manifestants pacifiques. Mais Joseph Kabila peut être sûr d’une chose : il ne viendra jamais à bout de la volonté du peuple congolais à réaliser l’alternance. Le mieux pour lui, sera que cela se fasse par les urnes. S’il pousse les Congolais à le faire partir autrement, ce sera tant pis pour lui.

« Le Pays »


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