HomeA la uneRDC :La guerre permanente de Kabila contre les défenseurs des droits humains

RDC :La guerre permanente de Kabila contre les défenseurs des droits humains


Scott Campbell fait désormais partie de la longue liste des victimes du régime Kabila. Les bourreaux de la RD Congo ont maintenu leur décision d’expulser celui qui était jusque là Directeur du bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme à Kinshasa. La fermeté donc, en réponse au Secrétaire général de l’ONU qui avait demandé au gouvernement congolais de revenir sur sa décision.

Le rejet a été notifié par le porte-parole et ministre des médias qui a invoqué « une décision de souveraineté ». La décision fait suite à la publication d’un rapport jugé « partial et partisan », sur une opération menée contre des bandits urbains en fin 2013 à Kinshasa, par la Police nationale congolaise (PNC). Porte parole d’une mauvaise cause, Lambert Mende Omalanga s’est à nouveau mal illustré sur les antennes de la Radiotélévision Nationale du Congo (RTNC). Il a prétendu que la décision reste « exécutoire », et que «…ce n’est pas Martin Kobler qui va nous faire changer de position ».

 

Les dictateurs africains s’attendent toujours à se voir caressés dans le sens du poil

 

Joseph Kabila et les siens s’engouffrent ainsi dans une voie sans issue. Bien triste, ce rejet de l’offre du Secrétaire général de l’ONU. Au lieu de vociférer et de s’attaquer à des tiers, le régime Kabila aurait dû se saisir de ce rapport pour chercher à se rattraper. Il a plutôt multiplié les gaffes, faisant par exemple un usage à mauvais escient du principe de souveraineté nationale. C’est le propre des régimes sanguinaires dont les Africains ne veulent plus. A Kinshasa, les dirigeants semblent frappés d’amnésie collective. Oublié, le grand travail abattu par les Nations Unies face aux groupes armés et au Rwanda ! Peut-être se sent-on aujourd’hui suffisamment ragaillardi pour opérer seul, en cas de menaces éventuelles futures ? Demain, lorsque les choses iront encore plus mal, quelle forme d’assistance osera-t-on demander aux Nations Unies ?

Le pouvoir congolais se permet des excès, car la voie est ouverte. Le Chef de l’Etat a le dos rond, en l’absence de ses principaux adversaires politiques. L’opposant historique, le Doyen Eugène Tshisékédi, est en exil pour traitement. Le remuant Bemba se trouve entre les mains de la Cour Pénale Internationale (CPI). Il y a aussi que les grandes puissances aiment à fermer les yeux sur les faits et gestes des autocrates qui gèrent l’Afrique. Pour des questions d’intérêt, on se montre trop complaisant à l’égard des dictatures qui foisonnent. Certes, l’ONU n’est pas un pays. Mais, les Nations Unies ne sont rien sans les grandes puissances. Celles-ci vont devoir s’impliquer, le dossier Scott Campbell ayant mis en évidence leur rôle néfaste.

L’Occident en particulier, peine à user de ses énormes pouvoirs moraux et financiers, pour barrer la route aux dictateurs invétérés et à la bande de délinquants à col blanc qui les entoure. Tout en fermant les yeux sur les abus, on aide les autocrates africains à consolider leur pouvoir, au mépris des intérêts des peuples. Les dictateurs africains s’attendent toujours à se voir caressés dans le sens du poil. Or, cette manière de faire tue la démocratie et finit par créer plus de problèmes que de biens. Faute d’encourager les pratiques démocratiques, on a tendance à favoriser la prolifération des rébellions, et par voie de conséquence l’émergence de bandes armées incontrôlables. Les groupes terroristes ont donc beau jeu d’exploiter le mécontentement populaire né de la mal gouvernance. Convaincus que certaines actions ont plus d’effets, ils ne répugnent plus à l’idée de prendre en otage des expatriés. Parce qu’ils savent que les Occidentaux finissent toujours par s’impliquer partout où la vie de leurs ressortissants est en danger.

 

La démocratie est à un tournant décisif en Afrique

 

L’expulsion est un réflexe de dictateur. Dans nos républiques bananières, expulser n’étonne plus. Que cela se passe au pays de feu le dictateur Mobutu, encore moins ! Pour l’opinion africaine, plus rien de ce qui se passe en RDC ne surprend guère ! Ce pays est dirigé de main de maître par un régime dans lequel trônent des sanguinaires et non des démocrates. Voilà pourquoi il est si réfractaire aux questions touchant aux droits humains, à la liberté d’expression et aux libertés démocratiques de façon générale. En RDC, trop d’exactions ont été commises sous le régime Kabila, sans que les parties lésées aient eu droit à un minimum d’égard et d’éclaircissement. Même lorsque l’opinion internationale se montre scandalisée, rares sont les dossiers qui sont traités. Très peu donnent également lieu à des procès aboutissant à un verdict réconfortant pour les ayants droits. Ce pays est vraiment tombé très bas ! En apparence plus bas même que le Zaïre du dictateur Mobutu dans lequel les sbires savaient s’exécuter, en y mettant la manière.

Kabila a donc remis ça ! Sans doute pour effrayer les diplomates occidentaux qui dérangent ! Comme au Burundi, en RDC on prend plaisir à expulser des membres de la communauté internationale, pourtant venus prêter main forte à ce pays en difficulté. A priori, rien de surprenant car, venant d’un pays passé maître dans l’assassinat de journalistes, de défenseurs de droits humains, d’hommes en uniforme et de nombreux anonymes. Dans ce cas-ci, on s’attaque moins au rapport qu’à celui qui est identifié comme étant son auteur.   

Curieux paradoxe de voir les thuriféraires du président Kabila pousser le comble jusqu’à « punir » un représentant de la communauté internationale !   Ceux qui ont présentement le verbe si haut, oseront-ils demander assistance auprès de la communauté internationale pour eux et leurs proches, si la situation se complique un jour ?

Sans conteste, c’est une guerre permanente que le régime Kabila a entrepris de livrer aux défenseurs des droits humains, et à tous ceux qui les soutiennent, y compris les professionnels des médias ! Les dirigeants actuels de la RD Congo ne s’en cachent même plus. Complices de tous les jours, les grandes puissances devraient s’interroger sur les dérives totalitaires dont la communauté internationale vient de faire les frais. La démocratie est à un tournant décisif en Afrique. A défaut de la soutenir, il faut arrêter de feindre d’ignorer ces régimes d’horreur, il faut arrêter de les tolérer. C’est même indécent de continuer à coopérer avec eux !

Gagnés par la boulimie du pouvoir et la mégalomanie, les autocrates et leurs proches empoisonnent un peu partout la vie des peuples sur le continent. Avides de pouvoir, de sang et d’argent, ils ne trouvent plus de limites à la bêtise.  L’histoire montre que tôt ou tard, eux comme ceux qui mangent dans leurs mains, ceux qui s’évertuent à les faire passer pour des gouvernants vertueux, subiront le courroux des peuples assoiffés d’alternance, de liberté démocratique, de transparence et de justice !

 

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment