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RECADRAGE DE AGATHON RWASA PAR LE POUVOIR BURUNDAIS : La rançon de la trahison


 

Faut-il plaindre Agathon Rwasa ? A cette question, nombreux sont ceux qui, notamment les opposants burundais regroupés au sein du CNARED (Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha pour la réconciliation au Burundi et l’Etat de droit), répondront par la négative. La raison, on la connaît. En effet, alors que l’opposition et la société civile burundaises criaient haro sur Pierre Nkurunziza qui tenait à un troisième mandat en violation flagrante de la loi fondamentale burundaise, Agathon Rwasa avait surpris plus d’un en acceptant de composer avec un régime aux abois et ce, à l’issue d’un scrutin très contesté. Nommé premier vice-président de l’Assemblée nationale en récompense, l’homme qui faisait office de chef de file de l’opposition, était devenu le faire-valoir d’un président schizophrène qui aura réussi la prouesse, si c’en est une, de défier la communauté internationale. Mais depuis peu, Agathon Rwasa et son mentor de président ne sont plus en odeur de sainteté. A l’origine de cette mésintelligence, se trouve la récente tournée du vice-président de l’Assemblée nationale dans une région considérée comme le fief du chef de l’Etat où il a été acclamé par des foules. Accusé par le pouvoir de Bujumbura d’être allé à la rencontre de la population sans en avoir informé l’administration locale, Agathon Rwasa a vu ses déplacements désormais limités et contrôlés. Et ce n’est pas tout. Plusieurs militants de son parti, le FNL (Forces nationales de libération), ont été arrêtés dans plusieurs provinces du pays. A bon traître, bon dictateur, est-on tenté de dire. Car, Agathon Rwasa mérite ce qui lui arrive. Et c’est pour dire que ce qui se passe actuellement n’est que le début d’une descente aux enfers annoncée, quand on sait que l’homme est maintenant pris entre le marteau de Nkurunziza et l’enclume du peuple qu’il a trahi. En fait, on ne le sait que trop bien. Ce n’est pas tant la sécurité de Rwasa qui préoccupe le pouvoir burundais que la capacité de celui-ci à mobiliser les foules dans le fief du chef de l’Etat, au moment où ce dernier se fait de plus en plus discret, pour ne pas dire tout simplement qu’il rase les murs.

A l’allure où vont les choses, Agathon Rwasa à tout intérêt à se tenir à carreau

Ainsi donc, Agathon Rwasa peut dire adieu à son rêve, s’il en avait un, de devenir président de la République, ce d’autant plus que le dictateur ne lui laissera aucune marge de manœuvre. Il n’est même pas exclu, au cas où celui-ci voudrait jouer à l’intraitable, que Nkurunziza qui le tient désormais par la barbichette, brandisse contre lui, dans les jours à venir, des dossiers sales, comme c’est d’ailleurs la coutume en Afrique. En tout cas, en décidant, contre toute attente, de voler au secours de Nkurunziza, Agathon Rwasa semble avoir oublié une chose : en politique, le premier ennemi à abattre, c’est celui-là qui trahit ses camarades pour vous aider à accéder au pouvoir. Ne dit-on pas d’ailleurs que quiconque trahit trahira ? Cela dit, même si Rwasa avait tenu informée l’administration de son déplacement, la réaction du gouvernement burundais aurait été la même, pour la simple raison que les populations sont sorties nombreuses pour acclamer un opposant que d’aucuns croyaient politiquement mort. Et à l’allure où vont les choses, Agathon Rwasa à tout intérêt à se tenir à carreau. Car, un crime politique est vite arrivé, surtout que, pour l’heure, le dictateur n’a plus rien à perdre, son fauteuil n’étant plus menacé. Il est le seul maître à bord. A preuve, Nkurunziza va jusqu’à poser des conditions avant même l’entame des pourparlers inter-burundais prévus pour se tenir à Arusha en Tanzanie. Mais que voulez-vous ? Agathon Rwasa ne doit s’en prendre qu’à lui-même.

Boundi OUOBA


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