HomeA la une RECONNAISSANCE DE LA VICTOIRE DE FELIX TSHISEKEDI  EN RDC

 RECONNAISSANCE DE LA VICTOIRE DE FELIX TSHISEKEDI  EN RDC


L ‘hypocrisie de la France et de l’UE

Le 22 janvier 2019, les ministres européens des Affaires étrangères étaient réunis dans la capitale belge en présence d’une délégation des ministres de l’Union africaine (UA). Officiellement, il s’était agi de consulter les pays africains en vue de prendre une position commune dans la crise politique congolaise consécutive aux dernières élections qui ont vu l’arrivée à la présidence du pays, de Félix Tshisekedi. Cette démarche, disait-on du côté de Bruxelles, s’était avérée nécessaire après le revirement de l’UA qui bénéficiait pourtant du soutien de l’Union européenne (UE) poussée en coulisses par la France et la Belgique car, selon un diplomate européen, « si nous sommes les seuls à critiquer, ça n’a pas beaucoup de sens ».  Mais au-delà des subtilités bien connues du langage diplomatique, on sent l’embarras des uns et des autres puisque l’UE elle-même n’a pas fait mieux que de prendre acte de l’élection de Tshisékédi fils. Même la France qui se voulait intraitable a fini par battre en retraite. Elle a changé de ton puisque le président Emmanuel Macron, dans une correspondance adressée au président Tshisékédi salue finalement « la première alternance pacifique » en RDC. Quelle hypocrisie

En temps normal, il faut le dire, les Européens se seraient passés de cette fioriture et l’on aurait assisté à une avalanche de sanctions, allant du refus de reconnaître les nouvelles autorités issues de ces élections aux sanctions économiques les plus sévères. Pour preuve, l’on n’a pas eu besoin de ces messes basses pour bombarder la Libye alors même qu’il s’agissait là aussi de sauver la démocratie. Mais comme on le sait, la République démocratique du Congo n’est pas n’importe laquelle de ces républiques bananières dont les Occidentaux peuvent se passer.

Les Congolais ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes puisqu’ils veulent aller au paradis sans mourir

La RDC, c’est connu, est un pays immensément riche et les Européens qui n’ont d’yeux que pour ses ressources, ne veulent pas prendre le risque de s’attirer sa disgrâce à travers un discours discourtois. Il faut donc trouver la parade pour rattraper le mal déjà fait par les premières déclarations et pour ce faire, il n’a pas fallu aller chercher trop loin : il faut s’inspirer de la volte-face de l’UA qui, pour une fois, sert de modèle à l’Europe. C’était prévisible car des concurrents qui n’en ont cure des questions de démocratie et des droits de l’Homme sont aux aguets s’ils n’ont déjà même pris pied dans le pays. Il faut donc faire vite et bien, et  c’est donc à coup sûr que les Occidentaux, sur les funérailles encore fraîches de la démocratie congolaise, font le choix du coltan.

Et c’est tant pis pour le peuple congolais qui apprend ainsi la leçon qu’il faut d’abord compter sur soi-même. Et tout compte fait, les Congolais ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes puisqu’ils veulent aller au paradis sans mourir. Et c’est tant pis aussi pour le candidat malheureux Martin Fayulu qui n’a que ses yeux pour pleurer tout comme un Jean Ping au Gabon à l’issue de l’élection présidentielle. Il paie ainsi cash sa naïveté politique. En effet, dès l’échec de la Conférence de Genève, il aurait bien pu se douter que Joseph Kabila était passé à la manœuvre et aurait dû prendre les devants en empêchant par tous les moyens, la proclamation des résultats de l’élection  par la CENI. L’on dit en Afrique que c’est Dieu qui donne le pouvoir et les hommes de Dieu, à travers la CENCO, le lui avaient offert mais il n’a pas su le saisir.

L’UA devient contagieuse puisqu’elle exporte, de plus en plus, ses pitreries vers l’UE qui, aujourd’hui, s’en sert pour défendre ses intérêts

En tout cas, le danger pour Félix Tshisékédi pourrait ne pas venir des militants et sympathisants de Martin Fayulu mais des immenses territoires de l’Est du pays et du Centre, exclus des élections et où pullulent toutes sortes de bandes armées. Car il n’est pas évident qu’un pouvoir civil, à la différence du régime militaire déguisé de Kabila, puisse porter la réponse qu’il faut à ce bastion traditionnel des révolutions congolaises.

Cela dit, s’il y a bien quelqu’un qu’il faut titiller dans cette affaire, c’est bien l’UA. Et pour cause. D’abord,  elle a échoué à parler d’une même voix face au hold-up électoral en RDC. En effet, alors que des initiatives au niveau africain étaient en cours, des Etats et non des moindres, se sont désolidarisés en envoyant des messages de félicitations à Félix Tshisékédi. Ensuite, en battant en retraite, l’UA a prouvé qu’elle n’était qu’un ridicule épouvantail dont peuvent se moquer les dictateurs. Il faut d’ailleurs craindre que ce fiasco ne serve de prime d’encouragement à tous les satrapes du continent. Enfin, et le pire, l’UA devient contagieuse puisqu’elle exporte, de plus en plus, ses pitreries vers l’UE qui, aujourd’hui, s’en sert pour défendre ses intérêts.

« Le Pays»


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