HomeA la uneREDDITION DE L’EX-PRESIDENT SUD-AFRICAIN A LA JUSTICE

REDDITION DE L’EX-PRESIDENT SUD-AFRICAIN A LA JUSTICE


Il ne voulait pas aller en prison mais il vient d’y passer sa deuxième nuit. Lui, c’est Jacob Zuma, 79 ans, ex-président de l’Afrique du sud. En effet, condamné, le 29 juin dernier, à 15 mois de prison ferme pour outrage à la Justice après plusieurs refus de comparaître devant la commission anticorruption, l’ex-chef de l’Etat qui avait engagé un bras de fer en refusant de se rendre à la police, a fini par se constituer prisonnier. Sa roublardise devant la Justice pour gagner du temps tout en jouant les durs à cuire dans l’espoir de pouvoir contourner la prison, s’est achevée de façon pathétique : nuitamment et la queue entre les pattes, il s’est finalement résolu à se rendre.  C’était le 7 juillet dernier, peu avant minuit, soit quelques minutes avant l’expiration de l’ultime ultimatum de l’ordre de l’arrêter émis par la Cour constitutionnelle après qu’il a ignoré le premier, dimanche dernier ; toute chose qui ouvrait la voie à une intervention musclée de la police.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on peut se réjouir que l’ancien chef de l’Etat sud-africain  se soit laissé gagné in fine, par la sagesse, en se rendant de lui-même à la police.

 

On peut se demander si Jacob Zuma avait vraiment le choix

 

Car, une opération musclée pour le conduire manu militari derrière les barreaux comme cela était envisagé, aurait certainement contribué davantage à ternir son image.  Sans oublier qu’une telle opération aurait pu dégénérer en affrontements avec les quelques milliers de ses supporters qui faisaient le pied de grue, depuis quelques jours, devant sa résidence, dans l’intention affichée de lui servir, le cas échéant, de bouclier humain contre la police. Mais à y regarder de près, on peut se demander si Jacob Zuma avait vraiment le choix en se rendant. La question est d’autant plus fondée qu’à en croire certaines sources, des caravanes entières de camions policiers étaient déjà positionnées dans les environs de son domicile où il s’était retranché, pour intervenir en cas de soulèvement populaire. C’est dire si les autorités judiciaires sud-africaines n’avaient véritablement pas lésiné sur les moyens pour que force reste à la loi. Ce qui fut fait et il faut s’en réjouir. Car, cette résistance de Jacob Zuma à la Justice de son pays, était  un véritable test pour l’Administration sud-africaine. En effet, le fait est que si l’ex-président  ne se rendait pas, n’importe quel autre citoyen sud-africain serait aussi en droit de refuser de déférer à une convocation de la Justice. Alors que dans un Etat de droit, tous les citoyens sont égaux devant la loi. C’est pourquoi, en tant qu’ancien chef de l’Etat, cette bravade de Jacob Zuma à l’autorité judiciaire était une mauvaise inspiration et il aurait pu le payer cash s’il ne s’était pas ravisé à temps.  Ceci étant, si sa reddition au dernier moment devait finalement s’avérer comme une stratégie de défense de ses avocats, l’on peut se demander si cela pourrait encore produire les effets escomptés.  En attendant, cela a au moins permis au natif de Nkandla de s’éviter l’humiliation d’une arrestation musclée et déshonorante.

 

Après avoir donné le mauvais exemple dans la gestion de l’Etat, Jacob Zuma continue de donner le mauvais exemple en tant que simple citoyen

 

Ce qui permet du coup de sauver les apparences des deux côtés : la Justice sud-africaine garde son honneur, et Jacob Zuma sauve ce qui lui reste encore de dignité. Autrement,  en cas d’assouplissement de sa peine, cela pourrait donner lieu à des interprétations tendancieuses. D’autant que dans cette affaire, l’ex-chef de l’Etat n’a ni manqué de soutiens au sein de son parti, l’ANC, ni du soutien de ses partisans les plus fieffés. Mais son comportement restera tout de même une des taches noires de sa vie, en tant que personnalité politique ayant assumé les plus hautes fonctions de l’Etat. Car, au vu du ramdam qu’il a créé autour d’une affaire qui n’avait pas besoin d’une telle mauvaise publicité, on peut maintenant dire qu’après avoir donné le mauvais exemple dans la gestion scabreuse qui a été la sienne à la tête de l’Etat sud-africain, Jacob Zuma continue de donner le mauvais exemple en tant que simple citoyen se refusant de déférer à une convocation de la Justice. Son attitude est d’autant plus condamnable que s’il avait réussi dans sa bravade contre les instituions de la République, cela aurait été un mauvais signal pour toute la Nation arc-en-ciel. En tout état de cause, si pour une simple comparution devant une juridiction anti corruption, Zuma est prêt à faire dans la résistance au point de s’attirer une sentence de 15 mois de prison, qu’en sera-t-il lorsque viendra, pour lui, le moment de répondre véritablement de ses actes devant la Justice, sachant que le chef d’Etat poussé à la démission,  est englué dans des scandales et accusé d’avoir pillé les ressources de l’Etat durant ses neuf ans de pouvoir ? Et dire qu’en plus, il est mis en cause dans pas moins d’une quarantaine de témoignages devant la commission d’enquête sur la corruption d’Etat créée en 2018.

 

 « Le Pays »

 

 

 


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