HomeA la uneREFERENDUM CONSTITUTIONNEL EN RCI : Un taux de participation qui interpelle  

REFERENDUM CONSTITUTIONNEL EN RCI : Un taux de participation qui interpelle  


 

Il était annoncé pour être le principal adversaire d’Alassane Dramane Ouattara lors de la consultation référendaire du 30 octobre dernier. Et il aura tenu toutes ses promesses.  En effet, le taux de participation, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, véritable enjeu du dernier scrutin en Côte d’Ivoire, à en croire les résultats fournis par la Commission électorale indépendante (CEI), est nettement en deçà de ce qu’avaient espéré ADO et ses partisans. Il aura même réussi le pari de ravir la vedette au « oui » largement majoritaire. Pourquoi les Ivoiriens ont-ils fait la moue au référendum visant à doter le pays d’une Constitution censée tourner la douloureuse page du passé ? On peut, de prime abord, y lire la désaffection des populations pour la chose politique. Car ils sont nombreux en Côte d’Ivoire, à s’être brûlés les doigts en manipulant la flamme politique et à en porter encore les séquelles. A ces Ivoiriens qui ont fini par développer une véritable phobie politique, il convient d’ajouter le peuple des blasés qui ont boudé le scrutin soit parce qu’ils n’espèrent plus rien des élites politiques ou parce qu’ils estiment que  les dés étaient déjà pipés avant même le scrutin. Il y a enfin la masse silencieuse pour qui les questions référendaires ne sont que des bagouts pour intellectuels et qui, par conséquent, n’y porte aucun intérêt. Les tenants du référendum se seraient bien contentés de ces explications pour endormir leur conscience. Mais comme on le dit, « on ne peut cacher le soleil avec un doigt ». Le fort taux d’abstention n’est  pas étranger au mot d’ordre de  boycott du scrutin lancé par l’opposition ivoirienne. Ce serait faire dans le déni que d’ignorer l’écho de cet appel, au regard des incidents ayant émaillé la journée de vote et surtout des bureaux de vote quasi déserts dans les zones réputées être les fiefs de l’opposition comme Yopougon à Abidjan ou Gagnoa.

ADO serait bien inspiré de renoncer à cette Constitution

Quoi qu’il en soit, et quels que soient les mobiles de l’inertie de l’électorat ivoirien face au projet constitutionnel de ADO, elle vient rappeler la profonde fracture sociopolitique latente en Côte d’Ivoire et le risque de réveil des vieux démons qui ne sommeillent que d’un œil dans la lagune Ebrié. En cela au moins,  ce scrutin controversé aura été utile puisqu’il a le mérite de constituer un signal d’alarme pour la classe politique ivoirienne qui doit prendre ses responsabilités pour éviter au pays de replonger dans les heures sombres de son histoire dont les dernières pages ont été écrites en lettres de sang.  ADO qui tient la rame de la barque, est le premier interpellé. Mais entendra-t-il raison ? Comme le recommandent déjà certaines voix, le président doit prendre le courage de rejeter simplement et  purement ce scrutin. Il n’y perdra pas grand-chose. Bien au contraire, il confortera ce qui lui reste de réputation de démocrate et évitera de se faire prendre le gros orteil dans la déchirure du tissu social ivoirien. Car, faut-il le rappeler, le tout n’est pas d’obtenir une nouvelle Constitution, encore faut-il pouvoir l’appliquer et préserver la concorde nationale qu’elle est censée préserver.  Les exemples de Constitutions ayant servi de TNT à la déflagration nationale sont légion. Tout proche de la Cote d’Ivoire, au Burkina Faso, l’Assemblée nationale, sur proposition du Conseil Consultatif pour les réformes politiques (CCRP), avait acté la création du Sénat. Mais non seulement cette deuxième Chambre du Parlement n’a jamais vu le jour, mais la contestation qui en a aussi résulté a lourdement contribué à la chute du régime Compaoré. Non seulement ADO serait bien inspiré de renoncer à cette Constitution, mais il le serait davantage en enclenchant un vrai dialogue national avec toutes les composantes de la nation ivoirienne pour aller à l’impératif de la réconciliation nationale. La RCI ne peut pas se payer le luxe d’une nouvelle crise politique. Ce serait fatal à son économie qui commençait à respirer à pleins poumons et au pire des cas, à l’existence même de la Nation. Mais il faut malheureusement craindre que confortés par les courtisans qui arpentent les arcanes de son palais, l’homme se croit dans son droit d’imposer malgré tout  cette Constitution à son peuple, car comme le dit Adams, “le pouvoir pense toujours qu’il est dans son bon droit et qu’il agit au nom du bon Dieu. Or, il viole toutes les lois divines.”

SAHO  


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