REFUS DE L’IMMUNITE DIPLOMATIQUE A TEODORIN OBIANG : La justice française doit aller jusqu’au bout  

 

Si Teodorin Obiang N’Guema, le fils du président équato-guinéen, pensait pouvoir échapper facilement aux fourches caudines de la Justice française qui l’a mis en examen dans l’affaire dite des « biens mal acquis », il devrait se raviser. En effet, l’immunité diplomatique brandie par ses avocats pour demander l’annulation de la procédure engagée contre lui, a été rejetée par la Cour de cassation, mardi dernier. Les juges estiment que les accusations dont il est l’objet sont « détachables de l’exercice des fonctions étatiques protégées par la coutume internationale ». En d’autres termes, il n’y a pas d’immunité qui vaille dans les faits de détournement de fonds publics qui lui sont reprochés. A ce titre, il a beau être second vice-président de son pays, la Justice française est prête à lui demander des comptes sur l’immense patrimoine immobilier, entre autres, estimé à plusieurs millions d’euros, qu’il s’est bâti en Gaulle. C’est dire qu’avec la validation de cette mise en examen, ce n’est pas demain la veille que les déboires judiciaires du rejeton du maître de Malabo prendront fin dans l’Hexagone. Du moins, il faut l’espérer, en souhaitant qu’après l’affaire du mandat d’amener du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, le politique ne s’invite pas dans cette autre affaire judiciaire pour la faire capoter. Tout comme il faut espérer que la Justice française aille jusqu’au bout de sa logique. Car, ils sont nombreux  ces princes régnants du continent, qui pillent impitoyablement les ressources de leur pays en siphonnant l’économie à leur profit ainsi qu’à celui de leurs proches, tout en maintenant le peuple dans la misère crasse. Et il est rageant de voir comment leurs rejetons ou certains de leurs proches croient se payer une notoriété, à l’extérieur comme à l’intérieur, en dilapidant ces richesses avec une arrogance à nulle autre pareille. Même de petits rebelles arrivistes se croient subitement devenus le nombril de la terre, avec droit de vie et de mort sur certains de leurs concitoyens. Il faut que cela cesse.  L’Afrique a besoin d’un nouveau départ.

Beaucoup de dirigeants africains n’ont aucun respect pour le bien public

En tout cas, avec cette affaire des biens mal acquis, la France a une occasion historique de rendre service aux populations africaines victimes de la gourmandise de certains de leurs dirigeants. Car,  Teodorin Obiang n’est pas seul. Mieux, il ressemble à un alevin, comparativement à certains requins dont les noms sont cités dans cette sale affaire. C’est pourquoi si son cas aboutissait, cela pourrait être un coup dur porté aux dictateurs impénitents du continent qui luttent pour la patrimonialisation du pouvoir, dans une optique de monopolisation des richesses de leur pays. En effet, du Gabon de Omar Bongo au Sénégal d’Abdoulaye Wade en passant par le Togo de Eyadema, le Congo de Sassou Nguesso, l’Angola de Eduardo Dos Santos, le Cameroun de Paul Biya, la Libye de Mouammar Kadhafi, la Tunisie de Ben Ali, le Burkina Faso de Blaise Compaoré, etc., ils sont légion les fils, frères ou autres proches de ces anciennes ou actuelles têtes couronnées du continent qui gravitent autour du pouvoir et dont certains sont passés de l’ombre à la lumière à une vitesse vertigineuse. Malheureusement et plus récemment, le Mali d’Ibrahim Boubacar Kéita, la Guinée d’Alpha Condé, entre autres,  semblent ne pas tirer leçon des expériences de leurs prédécesseurs en ne dérogeant pas  à cette règle. Toute chose qui finit de convaincre qu’en Afrique, les gens viennent généralement en politique pour s’enrichir d’abord. De ce fait, beaucoup de dirigeants africains n’ont aucun respect pour le bien public. Seul compte leur propre intérêt et celui de leur clan. Pourtant, ils n’hésitent pas, pour la plupart, à prétendre agir au nom de ce même peuple et pour ses intérêts.  Si ce n’est pas du cynisme, cela y ressemble fort. Toutefois, il y a lieu de reconnaître le mérite de certains chefs d’Etat  comme feu Félix Houphouët Boigny de la Côte d’Ivoire, et Léopold Sédar Senghor du Sénégal, entre autres, qui ont su habilement et admirablement tenir leur famille à l’écart de la chose politique. Sans toutefois dénier aux proches de présidents le droit de faire de la politique, il est préférable que leur engagement se fasse sur des bases saines et éthiques. C’est en cela qu’ils pourraient être des exemples pour le continent.

En tout état de cause, il serait souhaitable que la Justice française termine ce qu’elle a commencé. Et si la culpabilité des mis en cause est prouvée, il faudrait songer à mettre en place des mécanismes pour restituer aux populations africaines, tous les biens volés par ces dirigeants qui se seraient montrés indignes de la confiance de leur peuple. Ce ne serait que justice.

Outélé KEITA